L'étau se resserre
« Nous, on y croit encore , a certifié Michel Der Zakarian. Oui, oui, j'y crois. Fermement même ! »
« Les autres équipes ont fait le même résultat que nous mais il ne reste plus que six matches et il faut bien admettre que l'étau se resserre », a lâché Japhet N'Doram.
Le FC Nantes est toujours dernier. Toujours à la recherche de quatre victoires. Rudi Roussillon, lui, s'est fendu trois quarts d'heure après le match, devant la porte du vestiaire, d'un discours creux comme un bambou, comme d'habitude. Les joueurs qu'il achète sont peu efficaces et il s'inscrit parfaitement dans leur ton : recordman du parler pour ne rien dire. Débiteur de banalités. « Les joueurs vont se battre jusqu'au bout , a-t-il certifié. A Marseille où ils iront pour se qualifier pour la finale de la Coupe de France et à Paris. Quand je vois tout ce public, il mérite qu'on lui fasse plaisir. »
Quitter la Ligue 1 est une chose, la retrouver en sera une autre
Ça c'est vrai Rudi ! Mais le moins que l'on puisse écrire est que vous vous en apercevez un peu tard. Ce public, vous avez tout fait pour le désespérer. Vous avez multiplié les erreurs, les inepties, vous n'avez songé qu'à vous, jamais au club dont, avec votre complice Gripond, vous avez méprisé l'histoire et les valeurs. Incorrigible m'as-tu vu, vous avez lassé tout le monde. Vous avez coupé trop de têtes, parce qu'elles étaient pensantes (ah ça, ce n'est pas votre copain Barthez qui va vous poser des problèmes !). Vous allez laisser le club dans un état pitoyable, lézardé de toutes parts. Si vous le laissez… Car on se demande si les naïfs qui affirment « une descente en L2 fera du bien, ça permettra de faire le ménage » ne se mettent pas le doigt dans l'œil. Pourquoi, Dassault et vous partiriez-vous en cas d'échec ? Il y a bien encore un peu de notoriété à gagner, non ? Qui vous connaîtrait, à part votre famille et quelques employés de Dassault, si vous n'étiez pas président du FC Nantes ? Quel journal, excepté « L'Express », quelle télé aurait songé à parler de vous ? Et puis qu'on ne se leurre pas : quitter la Ligue 1 est une chose, la retrouver en sera une autre. Mais peut-être avez-vous déjà votre plan ? Des joueurs merveilleux, des Congolais qui jouent au Japon, des titulaires le la troisième équipe du Real Madrid ou des remplaçants du Hertha Berlin, des laissés pour compte de Monaco ? Vous les présenterez comme de grandes stars internationales, tandis qu'ils poseront à vos côtés, pour leur première photo officielle. On en salive déjà.
Match sans but, sans saveur
La Ligue 2, le FC Nantes n'y est pas encore, on est même comme Der Zakarian : on espère toujours qu'il n'y posera pas les pieds. Il s'en est pourtant encore rapproché à la suite du nul concédé face à Lens, au terme d'un match sans but, sans saveur, sans odeur. Aucune des deux équipes n'a été capable de l'emballer et si Nantes a poussé, sur la fin, ce fut en pure perte. Sans pouvoir en tout cas se créer la moindre occasion de but. Dans les assauts des Canaris, sympathiques mais sans imagination, sans talent, sans rationalité, sans phase constructive, il y avait comme une forme d'impuissance.
Alors Croquemort, le jeu c'est toujours du pipeau ?
« Je veux changer ce club, le révolutionner, l'adapter aux techniques modernes », avait dit Gripond en 2001, peu après sa venue, laissant à peine sous-entendre que le foot à la José Arribas ou à la Coco Suaudeau, c'était périmé. Eh bien voilà : Gripond a tout modifié, tout détruit, en toute impunité, il a fait le club qu'il a voulu et Roussillon l'a approuvé puisqu'il ne l'a pas viré. Mais jamais du temps d'Arribas et de Suaudeau, Nantes ne s'était trouvé en aussi mauvaise posture à six étapes de la fin. Jamais il n'avait présenté des spectacles aussi inconsistants. Jamais il n'avait paru aussi résigné. Jamais, surtout, il n'avait été autant désaccordé. Alors, dites-nous Croquemort, le jeu c'est toujours du pipeau ? Et votre suffisance, vos âneries à répétition, c'est quoi ?
Cubilier et Piéroni déçoivent
Sur le plan du jeu justement, la première période fut très quelconque, chacun s'observait et semblait avoir peur de l'autre, si ce n'est de lui-même, c'est à dire de son ombre. Franck Signorino, qui effectuait sa rentrée, avait beau se multiplier, il ne trouvait pas grand monde pour lui emboîter les crampons. Son brio rendait encore plus évidente la médiocrité de son alter ego du flanc droit, Eric Cubilier dont la saison aura été strictement conforme à ce que nous redoutions au départ, lors de son recrutement. Le très joli but qu'il a marqué contre Saint-Etienne, le 11 novembre, ne peut faire oublier toutes les lacunes qu'il a présentées dans les autres matches, quand il a pu jouer, et on devine l'amertume de Nicolas Savinaud qui se trouve réduit à lui servir de doublure.
Dans la série « les renforts qui n'en sont pas », Luigi Piéroni continue également de faire très fort. L'ancien remplaçant d'Auxerre est vraiment faible sur le plan technique et sa meilleure action fut finalement défensive, lorsqu'à la suite d'un coup franc de Monterrubio, il vint dégager un ballon chaud devant la cage de Barthez (34è). Avant de venir à Nantes, Piéroni marquait en moyenne un but tous les quatre matches, ce n'était pas terrible, mais depuis qu'il a enfilé la tunique jaune il se situe en deçà de ce tableau de marche et c'est sous les sifflets qu'il est sorti, à l'heure de jeu, pour laisser sa place à Claudio Keserü.
Signorino et Diallo en évidence
Les occasions de but furent rares, on l'a dit. Dimitri Payet, revenu en grâce, c'est quand même heureux, en eut une, dès la 3è minute, sur un centre à ras de terre de Diallo. Mais son tir fut contré en corner par Bisevac. Le match traîna ensuite en langueur monotone et il fallut patienter jusqu'à la 42è minute pour que, sur un centre de Saidou, Zaïri décoche une reprise de la tête, trop molle pour inquiéter Itandje. Zaïri n'a d'ailleurs pas accompli un mauvais match, il dispose d'une panoplie de feintes intéressante, mais on a l'impression qu'il joue davantage pour lui-même que pour l'équipe.
Ce n'est certes pas le cas de Mamadou Diallo qui s'est battu comme un diable, parfois dans des conditions délicates puisque Nantes semble avoir fait des grands ballons en avant une nouvelle tactique, ni de Da Rocha qui après un début hésitant dans l'entre jeu trouva ses marques et se rendit lui aussi très utile.
Tiens, une action nantaise
Il n'en reste pas moins que la fin de la première période avait été plutôt lensoise, avec des corners amenant Barthez à jouer des poings. L'entrée en jeu de Carrière à l'entame du second acte n'arrangea pas les Nantais. Les Artésiens faillirent même ouvrir la marque sur une action typiquement … nantaise : passe acrobatique de Monterrubio pour Carrière, passe de ce dernier à Seydou Keita, tir au-dessus (57è). L'ennui, évidemment, est que Carrière et Monterrubio ont quitté le FC Nantes il y a six ans…
Après l'entrée de Keserü, et même si le jeune Roumain ne fut pas très heureux, les Canaris se réveillèrent. Mais leurs poussées furent trop aveugles, d'autant qu'au fil des minutes Diallo baissait logiquement de pied. Payet obligea Coulibaly à concéder un corner (66è) et ni Diallo ni Cetto ne purent mettre à profit un coup-franc de Keserü (85è). C'était peu. Pourtant, Julio Rossi, sorti soudainement des oubliettes (il succéda à Zaïri à la 71è minute) se battait et Dimitrijevic, que nous réclamons souvent pour amener la lumière, était entré en jeu à son tour (77è). Mais il ne fut pas décisif. Itandje passa donc malgré tout une fin de match assez paisible. D'autant que même si Lens a subi durant les dernières minutes, il sut faire passer quelques frissons dans le dos des supporters nantais, notamment sur une action Carrière-Dindane (86è).
0-0, la flamme de l'espoir vacille de plus en plus.
B.V., le 15 avril 2007