Nous nous demandons maintenant si ce n'est pas un long chemin de croix qui nous attend au cours des matches à venir. Le FC Nantes a accompli un pas de plus vers la Ligue 2 à Saint-Etienne. Il a perdu un joueur de plus, Kevin Das Neves. Et sans doute s'est-il aussi offert une mini-affaire de plus lorsque, pour des raisons mystérieuses, Michel Derzakarian a sorti Dimitri Payet, qu'il avait fait entrer en jeu 18 minutes plus tôt.
C'est un triste bilan et nous sentons le souffle de la résignation s'insinuer dans les différentes composantes du club. Le problème est toujours le même : gagner au moins quatre rencontres. Mais il n'en reste plus que sept et l'étau se resserre. Et à force de prendre tous les problèmes par le mauvais bout, Nantes se rapproche chaque jour un peu plus du précipice. Le premier non rélégable possède quatre points d'avance, c'est énorme quand on vient de subir trois défaites consécutives et que la dynamique est négative.
Deux buts bêtes
Pourtant les Canaris n'ont pas livré un mauvais match à Geoffroy-Guichard, ils ont même contribué, en seconde période, à rendre le spectacle agréable. Mais ils ont encaissé deux buts assez bêtes, ce qui est beaucoup, et ils n'ont pas su profiter durant la dernière demi-heure de leur supériorité numérique. Ce qui est gênant et constitue quand même un signe évident d'impuissance. Pour dire vrai, on a éprouvé le sentiment que les Verts étaient tout bonnement supérieurs aux Jaunes, sur le plan de la percussion offensive surtout, qu'ils ne sont pas cinquièmes par hasard et que Nantes ne porte pas non plus l'encombrante lanterne rouge par accident.
Nantes se montre plus que jamais conformiste. « Il faut des guerriers », martèlent Derzakarian, Roussillon et Barthez. Non, ce sont des footballeurs qu'il faut : des guerriers, on en trouve à tous les coins de rue, y compris parfois dans les tribunes ou, même, aux commandes des engins de pépé Dassault. Les footballeurs, c'est plus rare. Or, c'est le football qui fait faillite à Nantes.
Le mental ne fait pas tout
« C'est le mental qui fera la différence, » nous serine-t-on aussi, alors que le mental, vous, nous, n'importe qui peut l'avoir. Ce qui fait d'abord la différence, c'est la technique, la qualité du jeu. Or, c'est sur le plan technique que les Nantais sont faibles, c'est sur celui de la construction offensive qu'ils pèchent. Et quand on voit évoluer Luigi Pieroni on se rend bien compte que ce ne sont ni la technique ni l'intelligence du jeu qui ont servi de critère de base dans le recrutement de Roussillon. Bien sûr qu'un joueur doit être volontaire, courageux, accrocheur et en bonne condition physique mais ce ne sont pas là les qualités primordiales. Elles ajoutent à la valeur, elles ne la suppléent pas, ou alors imparfaitement. Car que se passe-t-il quand la valeur n'est pas là, quand les joueurs valsent comme des marionnettes, quand ils sont recrutés en dépit du bon sens, parfois contre l'avis des entraîneurs qu'on ne laisse pas travailler en paix et quand, enfin, certains bénéficient de privilèges extravagants par rapport à d'autres, sans montrer qu'ils en sont dignes ? Eh bien quand tout cela se produit, une équipe coule.
Pas de chance, c'est sûr, mais…
On ajoutera tout de même que Nantes n'a guère de réussite actuellement. Il méritait mieux à Monaco, il a perdu sur une bourde face à Sedan, il aurait pu égaliser en fin de rencontre à Saint-Etienne. Il doit composer sans Faé ni Saidou qui avaient procuré une certaine assise à l'entre-jeu et il sera privé jusqu'à la fin de la saison de Das Neves, touché aux ligaments d'un genou. Mais que fait-il pour provoquer la chance ? Ses entraîneurs laissent Payet et Keserü sur le banc, ils ne font pas entrer Dimitrijevic lorsqu'en seconde période il aurait été judicieux d'apporter de l'intelligence et de la rationalité dans le jeu et non de multiplier les ballons dans le paquet !
Incompréhension entre Der Zakarian et Payet
Payet et Keserü ne figuraient donc dans l'équipe de départ, ils étaient les deux principales victimes de la défaite contre Sedan contre lequel, c'est vrai, ils n'avaient pas fait merveille. Barthez, lui, était sur la pelouse. Il a d'ailleurs réalisé un match très honnête, avec notamment une belle envolée sur un shoot de Dernis. Les deux buts ne lui sont pas imputables, même s'il n'a pu être décisif. Et lorsqu'il a été surpris par une frappe lointaine de Guarin il a eu la bonne fortune d'entendre le ballon se fracasser derrière lui, sur la transversale. Rien à dire donc cette fois à son sujet. Surtout pas de mal. Zaïri et Piéroni ont bénéficié pour leur part de la disgrâce de Payet et de Keserü. Le premier a réalisé des feintes, des dribbles et même des centres intéressants, à commencer par celui qui a amené le but. Il a aussi perdu quelques ballons, dont l'un fut fatal. L'ancien Auxerrois, de son côté, a joué toute la première période aux attaquants invisibles, sauf sur le but de Diallo. Ensuite, il s'est montré personnel et maladroit, et, à dix minutes de la fin, c'est probablement lui plutôt que Payet qui méritait de rejoindre le banc. Mais Der Zakarian, à cet instant de la partie, ne possédait plus forcément toute la lucidité nécessaire, il s'était déjà fait rappeler à l'ordre plusieurs fois par les arbitres et, plus tard, au coup de sifflet final il s'offrit une altercation avec Feindouno dont il aurait pu nous faire l'économie. Il paraît que Payet n'est pas assez combatif à son goût. Suffisamment « guerrier », on y revient
Saint-Etienne ouvre le score
Au terme du premier quart d'heure, le co-entraîneur nantais était encore bien dans son match et on le vit s'adresser en termes peu amènes à Cubilier. Il n'avait pas forcément tort tant son arrière droit semblait à côté du sujet. Mais aucun de ses camarades de la défense ne se montrait à son affaire. Feindouno mettait Guillon sur des charbons ardents tandis que Cetto et Das Neves souffraient face à Gomis. Une faute de l'international espoir provoqua d'ailleurs un coup franc sur lequel Sablé alluma le feu dans la défense nantaise (13è). Heinz se montrait également pressant et même si Diallo avait mené quelques contres intéressants c'est assez logiquement que Saint-Etienne ouvrit le score à la 27è minute. Au départ, il y eut un corner, Da Rocha repoussa de la tête sur le côté, en l'occurrence sur Feindouno qui s'était positionné sur la gauche. L'ancien Bordelais contrôla puis adressa un centre sur lequel Hognon, de la tête, prit l'avantage sur Mauro Cetto. Barthez ne put que constater la casse.
Diallo réplique illico presto
Les Canaris eurent alors le mérite de réagir rapidement. Deux minutes plus tard, Zaïri partit en slalom sur la droite et centra sur Piéroni, enfin entré dans le match. La reprise de la tête de l'ex-Auxerrois s'écrasa sur la barre et rebondit vers Diallo qui se montra plus prompt que Camara pour glisser le ballon au fond des filets.
Le match se trouvait ainsi relancé et tour à tour Dernis (tir arrêté par Barthez, 31è) et Da Rocha (reprise manquée d'un centre de Diallo, 32è) eurent l'occasion de changer son cours. Les Stéphanois dominaient toutefois et un ballon égaré par Zaïri dans l'axe central leur permit de reprendre l'avantage. Heinz adressa une passe en profondeur à Gomis qui mystifia Cetto, esquiva Barthez en se déportant sur sa gauche et parvint à placer un tir dont ni Barthez, ni Das Neves ni Cetto revenus à toutes pompes, ne purent entraver la trajectoire. Laquelle s'acheva dans le but (34è). Nantes n'était pas au bout de ses malheurs puisque juste avant la pause il perdit Kevin Das Neves.
Les Stéphanois à dix
Nicolas Savinaud le remplaça sur le flanc droit de la défense, Cubilier passant alors au centre, côté droit, Mauro Cetto se décalant dans l'axe gauche. Mamadou Diallo, suite à un coup franc tiré justement par Savinaud, hérita d'un ballon d'égalisation peu après la reprise. Son tir fut dévié en corner (47è). Saint-Etienne conserva cependant la main-mise sur la partie durant encore au moins un quart d'heure qui vit notamment un tir de Guarin, effleuré par Barthez, percuter la transversale (54è). L'ancien gardien international repoussa dans la foulée une tentative de l'intenable Gomis (56è). Et puis, peu à peu, le match qui s'était totalement débridé changea de tournure. Après que Piéroni eut gâché deux occasions (échec sur Janot, 60è, shoot trop mou, 61è), Nantes sortit même résolument de sa coquille et empoigna les commandes.
Ce renversement de tendance coïncida d'une part avec… l'entrée en jeu de Payet, laquelle amena Da Rocha à passer milieu de terrain à la place de Vainqueur et d'autre part à la sortie de Dabo, expulsé pour avoir commis sur Payet une intervention litigieuse, synonyme de deuxième carton jaune (65è). Réduits ainsi à dix, les Stéphanois pensèrent essentiellement à vivre sur leur acquis et plus les minutes passèrent mieux les Nantais s'installèrent dans leur camp.
Joli mais improductif baroud d'honneur
Ce fut un joli mais hélas improductif baroud d'honneur. Piéroni fit preuve de trop d'individualisme, préférant par exemple décocher un tir de moineau alors que Zaïri était démarqué sur la gauche (70è) et Janot s'interposa sur un tir de Diallo (76è). Nantes se jeta un peu plus à l'attaque. La volonté était là, la lucidité un peu moins. Et puis Janot veillait. Il repoussa un shoot de Keserü (84è) et surtout une reprise de la tête de Mauro Cetto (90è).
Nantes lutta ainsi jusqu'au bout, courageusement, ardemment, mais sans succès. Japhet N'Doram veut voir dans ce final des motifs d'espoir. « Le positif, c'est l'état d'esprit qu'on a montré en seconde période, dit-il, les joueurs y croient encore. »
On ne demande qu'à être convaincu. Mais on pressent que ce sera vraiment très, très dur et quand durant les arrêts de jeu, Mauro Cetto, monté encore à l'attaque, ne put contrôler un dernier ballon, lequel alla s'égarer dans les décors, on sentit le froid du désespoir nous parcourir l'échine.
B.V.. le 9 avril 2007