Nous connaissons suffisamment l'histoire et les caprices de la Coupe, et Nantes en a été trop souvent victime, pour qu'on se sente véritablement l'envie d'accabler les Canaris, alors qu'ils ont finalement acquis la qualification. Issue qui, fut-elle de secours, demeure tout de même l'essentiel dans ce genre de match à la fois piège et couperet, où on sent à chaque instant que tout peut survenir, surtout le pire.
Il n'empêche : excepté ce ticket pour les 16è de finale, que les coéquipiers de Mickaël Landreau sont parvenus à arracher juste avant la fermeture du guichet, on a peine à trouver des motifs de satisfaction dans le contenu d'une rencontre aussi vide qu'une coquille de noix rongée par les vers.
Capoue, pas zéro : Zorro !
Bien sûr, on pourrait prendre l'histoire à la légère et ne vouloir retenir que l'entame, ce but de Mauro Cetto qui, obtenu dès la 2è minute, aurait dû ouvrir une autre voie, et la conclusion, la reprise victorieuse de Capoue, alors que les arrêts de jeu étaient déjà en cours. On pourrait même ajouter, en souriant, que notre Aurélien-Zorro, a paradoxalement frappé du pied droit, lequel reste son plus mauvais, et qu'il ne faudra plus jamais l'appeler Zéro. Oui, on pourrait. L'ennui est qu'on ne se sent pas trop le cœur à plaisanter après avoir vécu tant de souffrances et notamment une première période qui fut celle de tous les dangers. Les Nantais jouaient alors si mal que les Valenciennois les dominaient dans pratiquement tous les domaines à commencer par celui du football pur. On sentait que les sifflets étaient au bord des lèvres d'un bon nombre de spectateurs, lesquels n'étaient d'ailleurs guère plus de dix mille, une « affluence » vraiment « riquiqui » et à laquelle on n'est plus habitué.
Nantes bégaie
On a plusieurs fois écrit que le public nantais se montre souvent excessivement sévère avec sa jeune et laborieuse équipe et que son intransigeance ne contribue pas à la mettre en confiance, surtout quand elle peine. Il fallait cependant bien admettre qu'en la circonstance il était difficile de retenir son dépit, fut-il d'essence amoureuse.
Tout avait bien commencé pourtant, on l'a dit. Dès la 2è minute, à la suite d'un coup franc, la confusion s'était déclarée devant la cage de Valenciennes, Da Rocha avait tiré de la droite et Mauro Cetto s'était précipité pour, du bout de la chaussure, reprendre le ballon mal dégagé et le glisser dans les filets. On ne pouvait rêver meilleure entame. La suite, toutefois, tint du cauchemar. Serge Le Dizet avait aligné une équipe en 4-1-3-2 dans laquelle Nicolas Savinaud avait hérité en quelque sorte du costume de meneur de jeu et force est de reconnaître qu'il se révélait trop grand pour lui. Sur les côtés, Fred Da Rocha manquait encore de jambes et Aurélien Capoue n'avait guère d'idées, tous deux jouaient en outre très bas, si bien, ou plutôt si mal, que Nantes bégayait. Les relances de la défense se révélaient en outre des plus approximatives et ni Bamogo, ni Keserü ne recevaient des ballons vraiment négociables.
Grondin se tourne les pouces
C'est clairement de talent que les Canaris manquaient alors et on se disait que ce n'est pas une haridelle comme le Marseillais Demetrius Ferreira, ses 32 ans, ses vieilles jambes et son mauvais esprit, qui seront en mesure de le leur procurer. S'il doit y avoir renforts, pas recrues, mais RENFORTS, c'est ailleurs qu'il faut chercher.
Nantes peu à peu s'enlisait donc dans un football sans fil conducteur et multipliait les longs ballons en profondeur qui n'apportaient rien. Les Valenciennois en profitèrent pour refaire surface et plus les minutes passaient, davantage ils prenaient le pas sur des rivaux outrageusement empruntés. C'est bien simple : durant toute la première période, Willy Grondin n'eut pas un seul arrêt à effectuer. La seule action véritablement notable avait été amorcée par Guillon qui avait servi Bamago sur la gauche. Ce dernier avait le choix entre Keserü, au centre, et Capoue en retrait. Il avait opté pour la seconde solution et ce n'était visiblement pas la bonne. L'ancien Romorantinais avait piteusement tiré au-dessus.
Accusé Gripond
Dans ces conditions, l'égalisation valenciennoise releva de la simple logique. Guillaume Rippert tint une large part dans son élaboration et on en profitera pour retenir que ce jeune arrière gauche de 20 ans, s'il n'est pas forcément un foudre de guerre, n'a cependant rien à envier au fantomatique Viveros. Comment peut-on aller chercher à Boavista, club de bourrins patentés, un Colombien très cher alors que l'on possède au moins l'équivalent en magasin, dans son centre de formation ? Accusé Gripond, spécialiste es-déficit, répondez !
Mais revenons à Rippert, en l'occurrence à son centre de la 21è minute sur lequel Thomas Dossevi se montra plus prompt que tous les défenseurs nantais et décocha une reprise fatale à Landreau. Toulalan demanda certes une faute pour un pied haut évident, commise juste avant le long de la touche, mais ses doléances laissèrent l'arbitre, Pascal Viléo, sans réaction et l'affaire, d'un coup s'était rudement compliquée pour les Nantais.
Valenciennes rate le KO à la 46è minute
Soyons juste : elle eut pu tourner carrément à l'aigre si le Nordiste Steve Savidan avait fait preuve d'un minimum d'adresse. Il gaspilla une première situation favorable à la 36è minute, en expédiant directement le ballon dans les bras de Landreau. Mais ce n'était rien par rapport à son gâchis du tout début de la seconde période (46è). Mis sur orbite par un lointain dégagement de Grondin, il prit Delhommeau de vitesse et il se présenta seul devant le gardien nantais, sorti à sa rencontre. Le stade retint son souffle et les cœurs nantais hoquetèrent dans les poitrines. Savidan plaça le ballon quelques centimètres à côté de l'objectif. Ouf !
On ne saura bien sûr jamais quels événements seraient arrivés si le Valenciennois avait fait mouche, on se permettra d'ajouter que cela vaut sans doute mieux.
Nantes archi-domine enfin
Les Nantais, qui s'étaient fait remonter les bretelles par Serge Le Dizet durant la pause, montrèrent en tout cas par la suite un meilleur visage. Leur domination devint même de plus en plus pressante au fil des minutes. Mais, Rennes le leur avait cruellement rappelé trois jours plus tôt, dominer n'est pas synonyme de gagner. Keserü tira à côté (48è). Bamogo botta au-dessus (56è). Grondin, enfin sollicité, détourna en corner une tentative de Keserü (57è). L'entrée en jeu de Dimitrijevic à la place de Da Rocha apporta un peu plus d'assise, de technique et de clairvoyance aux attaques nantaises. Savinaud qui avait alors glissé à droite et laissé à Milos les baguettes du jeu, quitta à son tour la pelouse peu après, au profit de Bouguerra. Ce dernier alla planter son athlétique carcasse aux avant-postes, aux côtés de Keserü, alors que Bamogo avait hérité du couloir droit.
Nantes cette fois se trouvait donc dans une configuration ultra-offensive et Valenciennes ne franchissait plus guère la ligne médiane. Restait à résoudre l'équation du but : qui allait marquer ? Une action Leray-Bamogo se termina par un centre que Bouguerra reprit de la tête (80è). C'était l'offensive la plus limpide depuis le coup d'envoi mais le ballon passa au-dessus de la transversale. Les coups francs s'accumulaient, les corners aussi. Ils demeuraient, comme trop souvent, sans effet et Grondin déviait une tête de Cetto (86è).
Qui allait marquer ?
Oui, qui pouvait marquer ? La question se posait toujours, lancinante, obsédante. Personne sans doute n'eut répondu Capoue, alors que l'arbitre avait décrété deux petites minutes d'arrêts de jeu et que les prolongations se profilaient au proche et froid horizon. Et pourtant !
A la 91è minute, Dimitrijevic s'arracha sur l'aile droite et adressa un dernier centre. Keserü ne le reprit pas. Mais derrière Capoue surgit. A cinq mètres de la ligne, il catapulta son pied droit, le ballon heurta le dessous de la barre et rebondit dans les filets.
Allez, oublions ce match, gardons simplement ce dernier coup au chaud dans un coin de notre mémoire et attendons le tirage au sort des 16è de finale. La Coupe de France, on l'a rappelé d'entrée, n'est pas une compétition où il est de bon ton de trop faire la fine bouche.
B.V., le 8 janvier 2006)