Par Litteulced, le 21 juin 2006
La soirée s'annonçait sous les meilleurs auspices. Il y avait d'abord ce bon vieux Papy Serge qui venait d'en sortir (de l'hospice donc), les infirmiers ayant accepté de nous le lâcher pour la soirée. Non pas que Pépé ait manifesté plus que ça l'envie de se mêler à la fange footbalistique mais, comme nous l'indiquèrent ses infirmiers, qui c'est qui va déverser des insanités réactionnaires si c'est pas le Papy ? Hein ? Moi j'aurai bien proposé le croque-mort mais, à la réflexion, ses idées n‘ont rien de réactionnaire, elles sont justes navrantes. Bref, le vieux serait là et ça n'était que le début d'un véritable feu d'artifice de personnalités venues rendre hommage à celui qui allait donc quitter le monde du futchebol pour celui plus rigolo du cirque.
Voici donc, djeust for you lecteur chéri, le récit de cette folle soirée nantaise.
19h55 : Vahid Halilhodzic arrive avec, à son bras, un Jean-Claude Vanneraud tout pimpant. Tandis que, à la demande de ce dernier, je présente mon carton d'invitation en bonne et due forme, je ne peux m'empêcher de baisser les yeux pour admirer le pin's qu'il arbore fièrement et sur lequel on peut lire : “Jém vahyde”.
20h03 : Un brouhaha ponctué de plusieurs hurlements nous fait nous précipiter vers la porte d'entrée. Là, nous découvrons un Mauro Cetto fou furieux saucissonné par le vigile et hurlant : “Ma tou es fou yé né t'ai pas touché !”. Après enquête, il semble que l'argentin a refusé de présenter son carton d'invitation puis a tenté d'asséner un léger coup de boule au mastodonte de l'entrée.
20h06 : Da Roch' lève son verre et prononce un court discours où il est question de moments mémorables, de titres, de penaltys arrêtés et de légende du club.
20h11 : Jean-Luc Gripond est en pleine discussion avec Jean-Denis Coquard :
JDC : Nantes n'arrive plus à la cheville des Rennais aujourd'hui. Les Rennais sont grands, beaux et fors, alors que les nantais sont tout petits petits et drôlement laids, vous ne trouvez pas ?
JLG : Dites-moi : comment diantre faites-vous pour vous répéter dans chacun de vos articles sans que personne ne vous dise rien ?
JDC : Je suis correspondant permanent pour L'Equipe, pourquoi ?
20h19 : Da Roch' lève son verre et prononce un discours un peu plus long où il est question de fraternité, du temps qui passe et de marée basse tavernier.
20h30 : Il est grand temps pour le Président Directeur Général de faire péter son discours :
“Nantaises, Nantais,
Je vous ai compris ! Comme vous le savez, j'ai pour ambition de poursuivre la voie tracée depuis 5 ans par Jean-Luc Gripond, à savoir tout mettre en œuvre pour enfin obtenir ce titre de champion de Ligue 2 qui nous fuit depuis trop longtemps. Oui ! J'affirme haut et fort et sans langue de bois que ce club, pendant 40 ans, ne s'est pas donné les moyens de ses ambitions. Oui ! Je suis fier aujourd'hui de pouvoir dire que nous devons une bonne part de ce rétablissement vers la Ligue 2 à cet homme que je vous demande d'ovationner : JEAN-LUC GRIPOND !!
[ A ce moment précis, seul un léger rototo fort à propos d'Olivier Quint se fit entendre ]. Bien, c'est donc dans ce cadre très précis que le départ de Micka –tout comme celui de Jeremy d'ailleurs- trouve tout naturellement sa place. Ma volonté inflexible ne doit laisser planer aucun doute ! Tout comme le Real Madrid a sa devise “Zidane y Pavon”, clamons haut et fort la nôtre : “Capoue y Viveros” !
Mes chers compatriotes, beaucoup d'efforts ont été consentis depuis 5 ans. Cette saison, Metz, Strasbourg, Ajaccio ou Troyes nous étaient largement supérieurs sur la papier, la lutte était inégale. MAIS ! N'en doutez point, je vous demande de me faire confiance, TOUT est mis en œuvre pour combler ce retard, et ce dès la saison à venir !
Au fait, on va augmenter le prix des abonnements du coup.”
20h40 : Da Roch' lève son verre et prononce un discours à base de légendes qui ont la peau dure bordel et ils ont des chapeaux rond vive les Bretons.
20h50 : C'est sous les acclamations de la foule en délire que Mr Gripond prononce l'éloge maçonnique de Micka :
“ Mon cher Mickaël,
Il pleut sur Nantes et je me souviens… Bien sûr nous eûmes des orages, 5 ans d'amour c'est l'amour fol. Ton manège m'enchantait, tournoyait autour du sentiment de s'y noyer. Le seul homme pour qui mon cœur bat c'est toi Micka, reprend moi dans tes bras velus comme le p'tit gars que je n'suis plus, refaisons sur tes genoux adada comme autrefois.
Quand je pense à toi de drôles de choses se passent. Parfois je m'imagine sur la route des vacances en bon chef de famille au volant d'un monospace.
Tu vois je n'ai rien oublié dans ce bilan triste à pleurer qui constate notre faillite.
Paris te contient et je suis jaloux comme un chien.
Je m'disais souvent : Maman comment tu m'as fait j'suis pas beau, j'suis zinzin ma pomme n'a rien d'esthétique. Au village, sans prétention, j´ai mauvaise réputation, mes faux pas me collent à la peau. Les supporters pleurent mais moi je reste. Et je le dis sans conteste : J'y suis j'y reste
Tu sais bien qu'un jour sur la mer, un jour je te reverrai en photo par un beau matin en lisant le Télégramme de Brest.
Paris te contient et je suis jaloux comme un chien.
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris et déambulerons dans les rues de Paris. Mais la Seine est plus grise que la Tamise, ce ciel de brouillard me fout le cafard.
Et maintenant, tu vas partir, tous les deux, nous allons vieillir. L'heure de la sortie a sonné, encore une pensée pour ce qui aurait pu se passer...
Il est des jours où Cupidon s'en fout…”
21h05 : Da Roch' lève son verre et se contente de se casser la figure.
21h15 : La salle s'est vidée lentement. Mickaël est sorti le dernier, a jeté un dernier regard vers cette photo où on le voit brandir la coupe de France avec Da Roch', puis a fermé la porte.
Fin de l'histoire.
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