Un match « sérieux »
Nantes a fait un match « sérieux », comme la plupart de ses joueurs se sont appliqués à le souligner, et ce fut suffisant pour ne pas trembler face à Saran. Hormis de froid car le thermomètre du stade de la Source, fief habituel de l'US Orléans, affichait moins deux degrés au coup d'envoi. Autant dire que la pelouse n'était pas dans un état favorisant le football technique.
Mais les Canaris ont su ne pas s'en soucier : ils étaient les plus forts et ils l'ont montré, de façon autrement plus convaincante que devant Vertou, au tour précédent. Cette fois, excepté les vingt minutes laborieuses qui suivirent la reprise ils n'ont pas vraiment été bousculés. Ils n'ont pas non plus effectué un festival, surtout si on veut bien retenir que les deuxième et troisième buts résultèrent d'erreurs du gardien adverse. Il a beau s'appeler Pardessus, il s'enrhuma sur des centres de Norbert puis de Moullec. On n 'accablera toutefois pas le gardien saranais : auparavant il avait réalisé deux ou trois interventions décisives.
Sur la barre
Notamment dès la 2è minute où il s'était opposé à une double action Da Rocha – Andriatsima. Il faut dire que les Nantais avaient empoigné la partie par le bon bout, en se portant résolument dans le camp de Saran. Michel Der Zakarian avait aligné une équipe new look, avec Vincent Briant dans la cage et une ligne défensive composée de Thomas, El Mourabet, Poulard et Mareval. Ce dernier peina en début de rencontre, notamment sur le plan de ses relances. Thomas, lui, vécut des moments difficiles en seconde période, lorsque les locaux se mirent en tête d'aller résolument jouer de son côté, comme s'ils avaient subodoré qu'il s'agit du maillon faible. El Mourabet en revanche, dopé par l'air du pays, a réalisé un bon match, s'imposant notamment dans les batailles aériennes. Défensivement mais aussi offensivement puisque c'est lui qui alla placer une reprise de la tête sur la barre à la 12è minute. Moullec avait alors, sur coup franc, allumé le feu dans la défense de Pardessus.
Le retour de Das Neves
Le milieu de terrain était tenu par Shereni et Das Neves dans un rôle défensif, Da Rocha et Moullec sur les côtés. Enfin, en attaque, Der Zakarian avait reconduit le duo Andriatsima – Sekour, comme durant la deuxième période du match du vendredi précédent contre Amiens (Sekour était alors entré à la 53è minute). L'ancien Girondin, cette fois encore, n'eut aucune peine à montrer qu'il vaut mieux que Heinz, du moins tant que ce dernier sera en hibernation. Le Malgache, de son côté, paraît prendre de plus en plus confiance et il se pose en réel concurrent de Dossevi.
Evidemment, le retour de Kevin Das Neves, même si ce n'était pas dans son rôle habituel, constitue l'une des informations de la soirée. Il n'avait plus joué en équipe première depuis le 7 avril.
Ce jour-là, à Saint-Etienne, sa carrière s'était brutalement interrompue, à la suite d'un choc avec, rappelez-vous, Marek Heinz. On en était à la 43è minute, Das Neves était revenu sur le terrain, en boîtant. Ce n'était qu'un sursis : à l'entame des arrêts de jeu, un genou en compote, il avait cédé sa place à Nicolas Savinaud.
Heinz s'en était sorti sans dommage, ce qui n'avait pas empêché son entraîneur de le prier de débarrasser le gazon en seconde période, estimant sa prestation insuffisante (tiens, tiens). Das Neves, lui, était entré dans une longue période de souffrances et d'incertitudes. Il s'en est extrait, enfin, sur le stade de La Source et c'est une renaissance dont il convient de se réjouir. Il fait partie des rares joueurs de l'effectif qui possèdent le niveau Ligue 1.
Andriatsima ouvre le score
Das Neves évolua donc dans un registre inhabituel, mais finalement il y fut davantage sollicité que s'il avait joué en défense. Il fallut attendre en effet la 26è minute pour que Briant soit amené à toucher son premier « vrai » ballon, encore convient-il de préciser que ce fut sur un service en retrait de Poulard. La main-mise des Nantais sur le match était donc quasi-totale et c'est en toute logique qu'ils ouvrirent le score une minute plus tard. Shereni lança Andriatsima dans le trou et le Malgache ne laissa aucune chance à Pardessus.
Forts de cet avantage, les Canaris contrôlèrent les débats assez aisément jusqu'à la pause. Ils se montrèrent encore dangereux, la plupart de temps à la suite de coups de pied arrêtés (tête de Sekour au-dessus, 38è; reprise d'Andriatasima au deuxième poteau, à côté, 43è) mais aussi au terme d'une offensive plutôt bien ficelée menée par Moullec, Maréval et Andriatsima.
Début de seconde période difficile
Tout allait donc bien à cet instant. Le problème est que le début du second acte s'avéra délicat. Les Nantais ne parvenaient plus à conserver le ballon en milieu de terrain et le 4-2-2-2 se transformait de plus en plus en 4-4-2, tout le milieu de terrain étant requis aux missions défensives. Briant n'inspirait pas une confiance illimitée sur les ballons aériens et Shereni collectionnait les mauvaises passes. On était vraiment loin du joueur rayonnant de septembre, alors qu'il imposait sa puissance, sa fougue et sa force de frappe.
Der Zakarian le sortit d'ailleurs juste avant l'heure de jeu au profit de Norbert qui effectua son entrée sur le flanc droit, Da Rocha reculant d'un cran. Dans le même temps, Saran durcissait un peu le jeu, à l'image de Marchal auteur d'une semelle sur Da Rocha (67è) et il fallait bien se résoudre à admettre que Nantes n'était pas encore à l'abri. Il s'y plaça, fort heureusement, à un quart d'heure de la fin, lorsque sur un centre de Norbert, auteur d'un match satisfaisant, le gardien local Pardessus relâcha le ballon. Moullec était à l'affût, il exploita l'aubaine. C'était un peu chanceux certes, il n'en reste pas moins que l'action avait été amorcée de façon judicieuse, sur la droite, par Andriatsima et Norbert.
Sekour marque encore, El Mourabet rate de peu
A 2-0, il n'y eut plus de match, le ressort était cassé chez les Orléanais et, à la 83è minute, Sekour leur asséna le coup de grâce. Un corner joué à deux, entre Da Rocha et Moullec (comme face à Amiens, Moullec se substituant à De Freitas), permit à l'ancien Lorientais de décocher un centre sur lequel le gardien ne se montra pas impérial. Sekour en profita.
C'était fini. Pour le suspense, oui, mais pas tout à fait pour le spectacle. Durant les arrêts de jeu en effet, El Mourabet, décidément en verve, effectua une montée qui lui permit de se retrouver pratiquement en face à face avec Pardessus. Il tenta sa chance d'un tir croisé, le gardien de Saran arrêta le ballon. L'Orléanais de naissance venait de rater un but qui aurait encore ajouté à son plaisir.
B.V., le 16 décembre 2007.