Tout le monde président ? Ah non, pas nous !
Bien sûr, les résultats sur les autres stades ayant été cette fois moins favorables, la situation au classement ne s'améliore pas. Elle reste très préoccupante. Mais nous n'avons pas été, ici, de ceux qui faisaient de ces rendez-vous face au Mans et à Bordeaux des moments décisifs de la saison. Evidemment : il aurait mieux valu gagner et conquérir six points. On respirerait mieux. Nantes n'en a pris que deux et pourtant la vie ne s'est pas arrêtée, sa position ne s'est même pas compliquée. Les rencontres à venir seront tout aussi importantes. On peut même penser que la réception de Nice et le voyage à Troyes, en janvier, présenteront un caractère plus décisif.
Mais on n'en est pas là. Pour l'heure, nous en sommes avec une équipe qui lutte toujours pour le maintien, qui n'a que cet objectif en perspective, et ça, ma foi, nous sommes parmi les premiers à l'avoir perçu en début de saison. Les données étaient simples : Nantes venait de terminer 14è du championnat, il s'était séparé de ses deux meilleurs joueurs, il avait effectué un recrutement hétéroclite et abracadabrant, que fallait-il espérer ? Le président claironne aujourd'hui que tout le monde, y compris la presse, s'était enthousiasmé après ses achats de l'inter saison. Il y a maldonne. Ou alors il ne parle que de la presse conformiste, toujours prompte à claironner « le tout nouveau tout beau » et à pousser aux folies financières et aux changements sous prétexte que ça fait vendre du papier (ça va « L'Equipe»?).
Il y en a marre de ce recrutement d'amateur, d'épicier d'opérette
Ici, nous n'avons jamais confondu recrues et renforts, nous avons même toujours émis des doutes sur le potentiel réel des arrivants, surtout sur leur nombre, de toute évidence excessif. Et si Rudi Roussillon, au lieu de passer son temps à lire des articles qui lui lissent le poil, avait daigné jeter un simple coup d'oeil sur l'étude qui avait été faite sur Boukhari, on doute qu'il aurait enrôlé ce remplaçant de l'Ajax d'Amsterdam. On l'a entendu samedi soir lancer dans un micro qu'il prend des contacts en fonction de ses connaissances, eh bien il vaudrait mieux qu'il change d'amis ou qu'il se renseigne pour savoir si certains d'entre eux ne sont pas intéressés dans les tractations qu'ils lui proposent. La remarque vaut aussi pour Japhet N'Doram. Il y en a marre que ce club, sur le plan du recrutement, se comporte comme un amateur, un épicier d'opérette qui ne prend même pas le temps de s'assurer de la qualité de ses produits et qui donc, fatalement, marche à la faillite. On ne parle là que du côté sportif. Ainsi quand on apprend que Marc Roger, imprésario connu par la justice pour son peu de scrupules et sa spécialité à mélanger les genres, est venu proposer ses services l'autre jour à La Jonelière, on tremble. En somme, il suffit de sortir de prison pour être bien accueilli dans la Maison Jaune ?
Stojkovic a été bon
Mais puisqu'on a parlé du recrutement, on va vous faire une surprise : Vladimir Stojkovic a été très bon face à Bordeaux. Il n'a commis qu'une erreur, au début de la seconde période, en renvoyant de manière incertaine un centre de Darcheville « surélevé » par Mauro Cetto. Or, il l'a gommé illico presto en se relevant suffisamment vite pour repousser la reprise de Wendel (52è). On ne va pas en conclure pour autant que Stojkovic est un bon gardien et que son achat a été judicieux, il reste qu'il s'est montré, enfin, à son avantage. Comme si, bizarrement, la venue de Barthez lui avait fait comprendre qu'il était temps de montrer des qualités. Il a encore un match pour confirmer puisque ce sera lui qui gardera la cage des Canaris à Toulouse. Comme quoi, Elie Baup, quand il assurait samedi dans « L'Equipe » « à lui seul Barthez va remplir le Stadium » déclarait n'importe quoi. C'est d'ailleurs un peu dans ses habitudes. Ami de Barthez et toujours prompt à assurer sa promotion (ça fonctionne bien, dans le foot, ce système de copinage, « passe-moi le poivre, je te donne le sel »), il n'ignorait certainement pas que l'ancien portier des Bleus ne tiendrait pas sa place contre son équipe.
Ramé a été excellent
Stojkovic a donc, cette fois, effectué plusieurs interventions efficaces. On a évoqué son renvoi face à Wendel. On pourrait parler aussi d'une sortie décidée, des poings, en première période. Ou de sa déviation, du bout des gants, sur un shoot lobé de Mavuba en fin de première période (43è). Et encore de son arrêt à ras-de-terre face à une tentative de Chamakh. Mais si le gardien nantais se mit en évidence, ce ne fut rien par rapport à son vis-à-vis. Ulrich Ramé eut en effet beaucoup plus de travail à effectuer et, malheureusement pour les Canaris, il ne se laissa jamais prendre en défaut. S'il lui fallut briller, c'est évidemment parce que Nantes se créa des occasions. En fait, après un départ un peu timide, marqué aussi par des interventions-limite, les Canaris prirent résolument la direction des manœuvres.
Keserü fait se lever le stade
Dimitri Payet se révélait un poison sur son aile gauche, Milos Dimitrijevic, une fois encore, jouait juste et composait avec Faé et Saidou un trio qui se veut à la fois de plus en plus efficace et séduisant. Claudio Keserü, lui, se livrait sans compter, il manquait toutefois de précision à la 27è minute, lorsque lancé par Payet, il expédia un bolide sur le petit filet. C'était si bien joué que les trois quarts du stade, croyant au but puisque les ficelles de Ramé avaient tremblé, était debout. Nantes sur sa lancée se procurait une mini-collection de corners puis Dimitrijevic se prenait la tête entre les mains en voyant que son shoot avait été contré (38è). Nantes était donc combatif, plein de bonnes intentions, inventif même. Mais il restait sur le fil du rasoir, car à la merci d'un contre bordelais. Il le demeura au début du second acte.
Et puis, après l'heure de jeu il sembla s'être mis à l'abri de toute menace tant sa domination était devenue nette, tant les Girondins étaient surtout préoccupés à ne pas rompre. Bien sûr qu'il manqua un buteur. Mais comment ne pas applaudir quand Faé s'enfonça sur le flanc gauche et donna en retrait au jeune Roumain. Trop en retrait certes, mais l'intention n'était-elle pas bonne ? Et cette action Payet – Dimitrijevic conclue par un shoot (encore détourné en corner) de la 64è minute, n'était-elle pas nantaise ?
Nantes a rivalisé avec Bordeaux, comme avec Le Mans
Oui, on a perçu des motifs d'espoir durant ce second acte. Et Nantes qui une semaine plus tôt avait montré qu'il n'a rien à envier, sinon l'humilité de ses dirigeants, au Mans, lequel est pourtant 9è a prouvé qu'il ne se situe pas très loin de Bordeaux, solide pensionnaire de la première moitié du tableau. Sur le plan de la qualité du jeu, il lui est même plutôt supérieur. Reste celui de l'efficacité offensive…
On ne la déplorerait pas autant si une aile de pigeon de Da Rocha, servi par Faé, n'avait pas été détournée par Ramé (75è). Ou si Diallo, dont l'entrée en jeu fut moins tonitruante que la semaine précédente, avait mieux négocié sa reprise de la tête d'un centre de Faé (83è). Ou si enfin, comme on vous le disait au début, Dimitri Payet avait fait mouche à la 89è minute. Son tir du gauche aurait vraiment pu être celui d'un succès mérité.
Toujours des « Roussillon démission »
Entre temps, Wilhelmsson avait remplacé Da Rocha (80è) et était passé assez inaperçu et Aurélien Capoue avait succédé à Dimitrijevic (88è). Il avait eu droit aux sifflets, réaction qui une fois encore nous a paru un brin déplacée. Un joueur qui entre mérite un autre accueil.
A part ça, le public a plutôt communié avec les Jaunes, en seconde période notamment quand il sentit qu'il suffisait de presque rien pour forcer le destin. Ce qui n'a pas empêché les « Roussillon démission » de retentir. Le président nantais paie sa communication catastrophique, ses erreurs de casting, ses promesses inconséquentes. Peut-être va-t-il comprendre que changer d'entraîneur pour embaucher l'inexpérimenté Laurent Blanc ne serait qu'une bêtise de plus. C'est pourtant ce qu'attend le journal « L'Equipe » dont les attaques, ce dimanche, à l'encontre de Georges Eo sont aussi putrides que déplacées. On en reparlera.
B.V. le 17 décembre 2006