A l’Auxerroise ? La formule n’était pas bonne
!
« On a joué à l’Auxerroise, a dit Emerse Faé
à la fin de la rencontre. Défense et contre-attaques. »
« Est-ce une option définitive ? » lui a-t-on demandé
« Non, une question de circonstance. On peut jouer autrement »
a-t-il répondu.
Eh bien Nantes aurait probablement mieux fait de jouer à la nantaise,
s’il en possède encore les moyens et les idées. Le résultat
n’aurait pas été pire. En tout cas, en voulant copier
les inimitables Bourguignons, lesquels apprennent à jouer le contre
dès leur berceau, il a échoué.
Cela précisé, Loïc Amisse sait par expérience de
joueur que même le football à la nantaise a souvent connu des
déboires à l’Abbé-Deschamps. A part, peut-être,
un beau soir d’août 1994, à l’orée d’une
saison qui allait être triomphale, il a rarement trouvé à
Auxerre un terrain et surtout des adversaires favorables à son expression.
Ces amers souvenirs, conjugués aux difficultés actuelles, ont
sans doute pesé dans le choix de l’entraîneur canari d’essayer
d’abord de bâtir une forteresse devant Landreau. Une sorte de
toile d’araignée. Nantes entama la partie dans une formule de
3-4-1-1-1. C’est à dire en défense : Cetto, Guillon, Stinat.
En milieux défensifs : Leray, Toulalan, Fae, Capoue. En milieu libre
: Savinaud. En premier contre-attaquant, côté droit : Ahamada.
En attaquant de pointe : Bagayoko. Encore convient-il de préciser que
Savinaud était davantage préoccupé par le souci de prêter
main-forte à son milieu de terrain pour les missions défensives
que par un hypothétique rôle de meneur de jeu. Ahamada essayait
de partir de loin pour tenter de surprendre la défense adverse. Il
y parvint car sa vitesse posa des problèmes au lourd Grichting mais,
sauf une fois, il termina mal ses actions. Bagayoko, lui, attendait les ballons
aériens expédiés de l’arrière. Ce qui face
à des défenseurs habiles dans la bataille des airs ne s’apparenta
jamais à une partie de plaisir.
C’était donc prudence, prudence. Au fil du match, et encore
plus bien sûr quand les Nantais se mirent en tête de protéger
le butin acquis par Ahamada, Leray et Capoue reculèrent pratiquement
d’un cran. Dans le même temps, Savinaud se positionna lui aussi
davantage en retrait, si bien que l’on s’orienta vers une configuration
en 5-3-1-1. Qui tourna plus ou moins après la pause en un 5-4-1, Ahamada
ayant à son tour tendance à se replier. Bagayoko demeurait donc
seul aux avant-postes. Mais plus les Nantais reculaient, plus bien sûr
les Auxerrois pouvaient dominer et se faire dangereux. Le trio Savinaud-Fae-Toulalan
parvint toutefois, aux alentours de l’heure de jeu à mieux faire
tourner le ballon, en le posant à terre, et la pression bourguignonne
devint moins incisive, l’entrée en jeu de Dimitrijevic s’étant
elle aussi révélée bénéfique. Milos possède
de la technique, il sait se servir d’un ballon. Il est juste cependant
de préciser qu’on s’attendait davantage à voir sortir
Capoue qu’Ahamada. Ce dernier constituait en effet toujours une éventuelle
menace pour la défense bourguignonne alors que Dimitrijevic aurait
pu venir calmer le jeu du côté gauche où les Auxerrois
profitaient de plus en plus du repli trop appuyé de l’ancien
Romorantinais et de son manque de maîtrise. « Hassan avait reçu
une semelle, » expliqua l’entraîneur nantais.
La sortie de Bagayoko ne fut pas non plus une affaire très bénéfique.
Le Roumain sembla peu motivé alors qu’on entamait le dernier
quart d’heure et qu’il convenait au contraire de faire preuve
de cran, de courage et de se battre sur tous les ballons. Ce que faisait Bagayoko,
quitte parfois à trop se replier, comme en première période
où son mauvais positionnement, devant Landreau, faillit être
fatal à ses partenaires défenseurs qui étaient remontés
pour tendre le piège du hors-jeu. Contre Sochaux déjà,
Bagayoko avait parfois été surpris en position exagérément
défensive, on se rappelle notamment qu’il avait gêné
Landreau sur le deuxième but. Pour argumenter son retrait à
la 75è minute, Amisse évoqua « une douleur au mollet ».
L’ancien Ajaccien ne parut cependant pas quitter la pelouse de cœur-joie.
Et pour en revenir à son successeur, l’énigmatique Bratu,
il semble vraiment souffrir d’un complexe de supériorité.
Sans doute faudrait-il lui expliquer qu’avoir été remplaçant
à Galatasaray ne constitue pas une garantie suffisante pour se prétendre
star dans le championnat de France.
Voyant son équipe menée, Guy Roux se décida pour sa
part à jouer son va-tout et à associer, fait exceptionnel, Pieroni
et Benjani. Vous connaissez la suite : l’un et l’autre firent
mouche, le second suffisamment tard pour que ce soit sans rémission
pour Nantes. Keseru ne fit son apparition, à la 91è minute,
que pour la forme.
B.V.