Et une défaite de plus, une !
La Coupe de la Ligue aurait pu constituer pour les Nantais une bouée
qui leur aurait permis de sauver partiellement une saison mal engagée.
Ils l’ont d’abord saisie et puis, pfitt ! ils l’ont laissée
échapper sur la pelouse grasse du stade d’Auxerre et dans un
environnement qui n’avait vraiment rien d’hostile. Les victoires
sont désormais comme les savonnettes dans la baignoire : elles leur
échappent avec une régularité diabolique au moment où
ils croient qu’ils vont les saisir. Comme à Lille et face à
Sochaux, les Canaris ont ouvert le score à l’Abbé-Deschamps.
Une nouvelle fois, ils se sont montrés incapables de forcer leur destin.
Le scénario est aussi triste que répétitif et pour inverser
un sort sans cesse contraire il faudra plus qu’un joueur du troisième
âge, tel Karembeu. Il faudrait au moins un buteur. Il faudra aussi de
l’inspiration et du talent dans le jeu. Or, c’est ce qui, en cette
fin d’année morose et pluvieuse, manque le plus aux Canaris.
Bien sûr, à 11 minutes de la fin, ils tenaient encore la qualification
et rêvaient à un résultat qui, Loïc Amisse dixit,
aurait relevé de l’exploit. Bien sûr, à la 87è
minute, ils pouvaient encore envisager les prolongations. Bien sûr,
ils n’ont pas eu de chance, encore que leur but n’ait pas été
malheureux. Bien sûr, leur bonne volonté, leur combativité
même, méritaient peut-être mieux. Bien sûr, leurs
adversaires ont bénéficié de réussite à
l’image de Piéroni qui a su trouver le chemin du but malgré
un angle très fermé. Bien sûr, bien sûr…
Mais au bout du compte, tous regrets ressassés et toute amertume bue,
la défaite est là et on ne saurait prétendre qu’elle
a été illogique tant Auxerre a dominé en seconde période.
Et donc tant Nantes a accepté ou a été contraint de subir.
La peur aussi est maintenant bien présente dans les rangs des Canaris,
elle leur colle aux ailes comme de la glu et se propage dans leurs rangs,
les amenant à perdre toute maîtrise et à ne plus rien
oser qui ressemble à de véritables offensives.
Le FCNA aurait pu se qualifier à Auxerre. Parce qu’il a marqué
un but chanceux, dû autant à la vivacité d’Ahamada
qu’à une erreur de Mignot. Parce qu’il a longtemps fait
front face à une domination territoriale écrasante.
Mais Ahamada, quand il eut, en contre, la possibilité de glisser un
ballon de deuxième but à Capoue (31è minute) rata sa
passe.
Mais Bagayoko, lorsqu’il hérita à son tour, à
l’heure de jeu, d’une balle de KO ne parvint pas à résister
au retour de Mignot. « C’est le tournant du match », estima
Amisse qui pense que Claude Colombo aurait pu accorder un penalty.
Mais Bratu manqua d’abord une balle de 2-1 en voulant jouer en finesse
face à Cool qui n’eut qu’à se baisser pour récupérer
un tir de rossignol. Et il loupa encore une (mini) occasion d’égaliser
en toute fin de rencontre.
Dans ces conditions, il était vraiment difficile d’éviter
le retour puis le succès des Auxerrois qui, à y bien regarder,
furent aussi implacables que logiques. Ils se matérialisèrent
pourtant par deux buts assez bêtes, un ballon perdu ici, une faute inutile
là (par Stinat sur le coup franc qui amena le deuxième but des
Bourguignons). Mais Nantes a pris la mauvaise habitude de subir ce genre d’avaries
depuis quelques temps, sa défense est trop souvent paralysée
par la fièvre dès que le danger se fait pressant et même
Mickaël Landreau est désormais en manque de confiance. On l’avait
constaté sur le deuxième but encaissé à la Beaujoire
face à Sochaux, on s’en aperçut encore sur l’égalisation
auxerroise, sa sortie face à Pieroni s’étant avérée
aussi aventureuse qu’infructueuse.
On ajoutera qu’il n’est guère surprenant que ce but, si
important puisqu’il relança la mécanique auxerroise alors
qu’elle semblait commencer à grincer, arriva du côté
d’Aurélien Capoue. L’ancien Romorantinais a vécu
un vrai cauchemar sur le terrain de l’Abbé-Deschamps où
il a erré comme un fantôme à la recherche de son drap,
on veut dire de son vrai rôle. Si c’était celui d’un
cinquième défenseur qui lui était attribué, on
peut penser qu’il existe au sein du club de meilleurs spécialistes
que lui.
L’année 2005 s’est donc achevée de sinistre manière,
à l’issue d’un match qui a confirmé que le Nantes
actuel se situe très en deçà d’un club bourguignon
qui sort les jeunes à jet continu et se trompe rarement dans son recrutement.
L’AJA ne possède pas trente-six directeurs, de ceci ou de cela,
elle a de la compétence. C’est tout. Et ce n’est pas son
président qui s’occupe des transferts. « Je laisse faire
ceux qui s’y connaissent », confie le discret Jean-Claude Hamel
qui ne bondit pas de son siège à chaque fois qu’une caméra
de télé passe dans ses parages. Quelle leçon !
B.V.