Inquiets ? |
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Par Tomsca
le 23/04/2001
Après la défaite enregistrée face
à Strasbourg - actuel dernier du championnat - beaucoup
de monde se demande si les Nantais sauront tenir le rythme
infernal des leaders dans la course au titre. Une question
sur laquelle nous tentons de nous pencher.
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Voilà donc les Canaris sortis de la Coupe de France. Et
ce, juste après avoir été éliminés
de la Coupe de la Ligue. Les espoirs (les rêves ?) de triplé
puis de doublé se sont envolés à Gerland et
à la Meinau ; les supporters et les joueurs nantais ne connaîtront
donc pas en 2001 la joie de retrouver Paris et son Stade de France
Le football de haut niveau est ainsi, sans pitié: ses dures
réalités ont ramené les Canaris sur terre.
Faut-il pour autant se lamenter et sortir les mouchoirs ? Non assurément
car les nantais ont encore la possibilité de remporter le
plus prestigieux des trois trophées nationaux: le titre de
Champion de France. Dautant que les hommes de Raynald Denoueix
disposent dune avance non négligeable sur leurs adversaires
directs à seulement trois journées de la fin. Et les
contre-performances en coupe ne doivent surtout pas remettre en
cause le bel édifice qui sest bâti tout au long
de la saison - si près du but, ce serait très mal
venu ! -
Dire néanmoins que tout va pour le mieux actuellement dans
le jeu ligérien serait faire preuve de mauvaise foi ou dun
manque de lucidité. En effet, les habitués de La Beaujoire
ont pu observer depuis plusieurs semaines que les Canaris navaient
plus leur rendement habituel. Et tous les éléments
qui caractérisent dordinaire le beau jeu nantais semblent
disparaître au fil des rencontres: la capacité daccélération,
la force de percussion, lengagement dans les duels, la récupération
des ballons, le jeu à une touche de balle
Aussi, ce
qui nétait quune vague impression en observant
les matches de championnat face à Strasbourg, Sedan ou Metz
et en coupe face à Auxerre, sest vite transformée
en certitude en assistant aux trois derniers matches face à
Lyon, Bastia et le Racing: non seulement les Canaris ne parviennent
plus à surprendre leurs adversaires, pire ils perdent parfois
leurs moyens
Comment expliquer cela ?
Tout dabord, le FCNA constitue bel et bien léquipe
à battre en cette fin de saison: les journalistes, les observateurs,
les joueurs et les entraîneurs lont dores et déjà
désigné comme le futur Champion de France 2001 ! Nantes
est léquipe référence du
moment; cette reconnaissance est certes flatteuse mais létiquette
qui colle désormais au maillot jaune et vert ne facilite
certainement pas la tâche de R. Denoueix. On comprend mieux
pourquoi le portier nantais M. Landreau préférait,
voilà quelques semaines, voir son équipe rester
en embuscade: les Canaris ne paraissent guère apprécier
le feu des projecteurs ! Et il ne faut donc pas sétonner
de voir des adversaires surmotivés, désireux de briller
et de réaliser une grande performance. Dailleurs, même
les équipes qui nont plus rien à espérer
(comme Bastia) font preuve dune ténacité inhabituelle
! Les canaris sont dans lobligation quasi-systématique
dêtre à leur meilleur niveau physique pour passer
les obstacles. Et lorsque ce nest pas le cas, ils doivent
aller puiser dans les réserves pour remporter les trois points
de la victoire. Force est de reconnaître que les victoires
acquises ces dernières semaines (Bastia, Sedan, Metz
)
lont été aux forceps ! Cette débauche
dénergie commence à se faire sentir, dautant
que le turn over a montré certaines limites (voir
la deuxième mi-temps du match de Coupe de la Ligue contre
Lyon).
Ensuite, les entraîneurs adverses ont peut-être trouvé
la ou les parades pour gêner voire piéger les jaunes.
Lengagement physique déployé par les lyonnais
a vite désarçonné les nantais; le pressing
très haut réalisé par les attaquants auxerrois
ou bastiais a énormément perturbé la défense;
celle-ci narrivant plus à pourvoir le milieu de terrain
en ballons, léquipe nantaise a vite été
asphyxiée. Pour preuve, le nombre de longs ballons qui ne
sont pas arrivés à destination contre Bastia ou Strasbourg
Du reste, cette façon inaccoutumée de privilégier
le jeu long trahit un réel malaise (Nantes nest pas
Liverpool !).
Certains Canaris semblent aussi marquer le coup physiquement en
cette fin de saison. Ceci na rien détonnant,
ni de honteux; cest même presque rassurant: les canaris
ne sont pas des machines ! Ainsi, des joueurs cadres
comme É. Carrière ou S. Ziani ont pratiquement disputé
toutes les rencontres depuis début août (soit près
de cinquante matches toutes compétitions confondues !). Ces
joueurs, qui donnent le tempo à toute léquipe,
sont très certainement émoussés et ne parviennent
plus à accélérer le jeu comme ils savaient
si bien le faire il y a quelques mois encore
et le rendement
nantais sen ressent terriblement. Il était donc dommage
de ne pas titulariser dentrée de jeu un garçon
comme S. Olembé lors du dernier match de championnat face
à Bastia. En effet, celui-ci joue très peu en ce moment
et paraît pourtant très en forme; il pouvait apporter
son punch et sa vitesse phénoménale, qualités
qui ont tant fait défaut aux nantais dans ce match
Cela aurait permis en plus, de mettre au repos lun des milieux
de terrain cités plus haut (surtout que S. Olembé
ne pouvait pas jouer la semaine suivante contre Strasbourg en Coupe
pour cause de sélection avec léquipe nationale
du Cameroun !). Pourquoi ne pas titulariser M. Vahirua et H. Ahamada
? Ils sont doués et ont très envie de jouer. Ils ont
souvent répondu présent dans des matches capitaux.
M. Vahirua très en réussite en ce moment, est craint
par toutes les défenses
Quant à V. Moldovan,
il nest plus dans le coup depuis son retour de Roumanie; O.
Monterrubio qui a beaucoup donné lors des derniers matches
paraît légitimement fatigué
Autrement
dit, il paraît essentiel dintroduire du sang neuf dans
le onze nantais en titularisant les joueurs en forme: les dernières
prestations montrent que la notion déquipe type
na plus de sens à ce stade de la compétition
!
Enfin, les réactions de panique qui se sont manifestées
contre Bastia sont difficiles à expliquer. Est-ce parce que
léchéance approche ? En tout cas, les Canaris
donnent parfois limpression de jouer la peur au ventre
ou de jouer petits bras; ceci est plutôt nouveau,
le public nayant pas été habitué à
cette fébrilité soudaine
Cela se traduit sur
le terrain par un repli de léquipe sur le but de M.
Landreau, laissant linitiative à ladversaire.
Si cela sest finalement bien passé à Metz, la
victoire contre les corses tient du miracle ! On pense alors à
Aimé Jacquet face à ses joueurs lors de la mi-temps
de France-Croatie en 1998: Vous avez peur ? Vous allez perdre
les gars !. Il est donc important de chasser cette peur car
il ne faut pas se tromper: cette année, Nantes a la chance
de jouer le titre, pas la relégation ! La peur de descendre
était légitime lan passé (souvenons-nous
des matches crispants Nancy-Nantes, Nantes-Sedan et Le Havre-Nantes
!); cette peur na aucune raison dexister aujourdhui:
les Canaris ont tout à gagner en réalisant lexploit.
Dailleurs, en début de saison, personne ne les avait
placé favori pour ce championnat. Qui après le cinglant
5-0 encaissé en septembre contre Bordeaux, pouvait alors
imaginer que Nantes se battrait pour la place de leader ? En revanche,
léquipe qui doit avoir la pression, cest bien
lOlympique Lyonnais: le club na jamais caché
ses ambitions et passer à côté dun premier
titre serait une cruelle désillusion pour J.M Aulas et ses
hommes. Celui-ci le sait dailleurs très bien: lan
prochain, lOM, le PSG ou lASM ne joueront pas pour faire
de la figuration ! Et Lyon sera probablement de nouveau très
occupé par la Ligue des Champions
Autrement dit, du
côté de Gerland, on accepte très mal de laisser
le titre à une modeste équipe nantaise
(les récents propos du président lyonnais sur l'arbitrage
le prouvent !).
Une semaine difficile sannonce donc pour R. Denoueix et tout
son staff technique afin de préparer le groupe au match crucial
contre Troyes. Il faudra remotiver les joueurs (si besoin est) après
les déceptions engendrées par les coupes; trouver
les mots pour gommer la fébrilité apparue; retrouver
une certaine fraîcheur physique
Il faudra aussi que
tous les joueurs nantais fassent preuve de solidarité et
de cohésion pour retrouver cette esprit déquipe
qui jusque là a été irréprochable. On
le voit la tâche qui attend les Canaris est ardue. Mais remporter
un titre de Champion de France nest pas facile -surtout depuis
que lécart entre les équipes de division 1 sest
resserrée !-. Cette génération a toujours su
bien réagir lors des situations difficiles et a toujours
fait montre de tempérament. Dans quel état desprit
seront les troyens lors du prochain match ? Impossible de le prévoir.
Lélimination en demi-finale de Coupe de France face
à une équipe de nationale (!) aura certainement laissé
des traces. Voilà en effet les hommes dA. Perrin privé
de leur objectif principal de fin de saison.
Seront-ils pour autant démobilisés ? Mystère
Les Canaris auront en tout cas besoin de tous leurs supporters pour
ce déplacement dans lAube. Il leur reste désormais
trois journées, trois matches durant lesquels ils devront
tout donner pour faire briller cette huitième étoile
dans le ciel nantais
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