Anniversaire rime avec contestataire Tandis que la Tribune Loire fête ses 25 ans de fidélité, avant de crier tout le mal qu'elle pense des dirigeants nantais, le stade Louis Fonteneau compte ses absents. Il y a du dégoût dans ces sièges abandonnés et cela fait 20 ans que La Beaujoire n'a pas connu une telle désaffection. « T'as nié, alors pas de poignée ! » Dans le vide et le froid, avant le coup d'envoi, Der Zakarian refuse la poignée de main tendue de son ex-adjoint. Puéril dirons certains. Il faut pourtant se souvenir des accolades du binôme qui faisait front face aux brimades de sa direction. Licenciés après 3 journées fin août 2008 (1), ils se jurèrent sans doute qu'on ne les y reprendrait plus. Pourtant lorsque Der Zakarian avait vidé son sac en pointant « la truffe, le nuisible et l'incompétent » (2) et que quelques mois plus tard Gentili le désavouait « on nous a laissé travaillé… », on comprenait que l'idylle avait cessé. A peine réembauché fin février, Gentili enfonçait le clou : « j e vous le dis entre quatre yeux : le président Kita ne nous a jamais imposé quoi que ce soit dans une composition d'équipe. » (3) Mais oui, mais oui… Carole absent Pour autant, il est certain que les N'Dy Assembe, Sasso, Carole, Négo et Rodelin n'ont effectivement pas été imposés à Gentili. Privés de stage de préparation, Sasso avait même été interdit d'entraînement de reprise avec le groupe professionnel. Quant aux autres ils ont tous devancés les titulaires ou les dernières recrues. Lionel Carole n'a toujours pas signé son premier contrat professionnel. Vendredi il était absent. La veille, à l'issu du dernier entraînement, il faisait pourtant bien parti de la liste retenue et envoyée à la presse. Quelques minutes plus tard, il en avait disparu. La présence de nombreux émissaires de clubs intéressés, dont la venue à la Beaujoire fut fièrement annoncée sur le site vitrine du club (4), n'en était pas la cause. Il était blessé. Après examen, pas de trace de contracture… En finir avec les profils stéréotypés Alors c'est Tixier, recrue décevante et peu rassurante, qui l'a remplacé au pied levé. C'est peut-être, par sécurité, ce qui a incité Gentili à titulariser Vainqueur sur le flanc gauche du milieu nantais, tandis que Lee était remplaçant. L'entraîneur nantais abandonnait enfin son 4-3-3 en titularisant Rodelin et Djordjevic en attaque. Nego jouait lui milieu droit, tandis que Keita et Cheyrou formaient un duo improbable dans l'axe du milieu de terrain. On en avait enfin fini avec les stéréotypes, les « profils » : pas de « sentinelle » et pas de coureur à pied de débordement sur les côtés, mais deux jeunes joueurs formés au club, qui savent combiner et libérer les espaces. Pour tirer pleinement profit du travail entrepris au centre, il faut marcher dans les mêmes traces. Négo, Vainqueur, Rodelin ont bonifié le jeu du FC Nantes. Ils ont profité de l'expérience de Cheyrou et du magnifique travail d'un Djordjevic toujours plus séduisant, tandis que Vivian colmatait tant bien que mal une défense parfois aux abois. La première mi-temps fut par conséquent assez séduisante, surtout si l'on se réfère à la bouillie servie régulièrement depuis plus de trois ans. Rodelin une fois Et c'est surtout sur le côté droit que les mouvements collectifs étaient les plus réussis. C'est à cet endroit que Nantes perfora en un éclair, c'est-à-dire avec un ballon qui roule libre plus vite que lorsqu'il est porté et fatigué. On joue depuis 22 minutes. Les Auvergnats ont le ballon suite à un coup franc renvoyé. Comme une furie Djordjevic quitte la zone défensive et se lance éperdument dans un pressing. Pereira emboîte immédiatement le pas de son camarade. Ce pressing combiné suffit à faire perdre les pédales aux joueurs de Clermont. Le ballon est récupéré. Deux passes plus tard, de Pereira à Djordjevic puis dans la course parfaite de Rodelin, il est dans les filets de Fabre. Rodelin deux fois C'est à nouveau sur ce côté droit que le deuxième but a pris sa source 23 minutes après le retour des vestiaires. Lee vient de remplacer Nego et Vainqueur est passé à droite. Il aimante le ballon autant que les adversaires. Alors que la tribune Océane s'impatiente et scande « lâche ton ballon », il le conserve encore, juste ce qu'il faut au grand dam de ceux qui vitupèrent, histoire de libérer au mieux l'espace pour Pereira. Servi, ce dernier a en effet tout le temps de voir l'appel en retrait de Rodelin et d'ajuster son centre. La suite est superbe puisque Rodelin place une volée de toute beauté hors de portée de Fabre. Nantes est à l'abri et le score n'évoluera pas malgré une nouvelle frappe de Rodelin de peu à côté (72'). Lors de la première période (42'), Rodelin, libéré par Vainqueur, avait déjà offert une balle de but à Négo, mais la reprise du jeune Nantais était passée au-dessus. Il nous faut malgré tout insister sur la qualité des deux buts du jeune Nantais, car ils sont assurément la marque d'un futur grand. Il faut rappeler aussi qu'une fois encore, les dirigeants toujours aussi clairvoyants ne savaient pas, n'avaient pas senti et souhaitaient à nouveau prêter l'ex-joueur de Rodez (5) à un club de National. Il est vrai que l'obtention du prêt de Nimani est dors et déjà marqué par le sceau d'une grande compétence. Clermont pas verni Sur son banc Der Zakarian ne décolère pas. Dans cette enceinte vide ses éclats de voix ne passent pas inaperçus. Il vitupère et l'arbitre vient le rappeler à l'ordre. Clermont a raté le coche et pour l'ex-coach nantais, l'homme en noir ne pas fait son boulot. C'est peut-être le cas dès la 6 ème minute de jeu lorsqu'un centre au cordeau n'est pas repris dans l'axe alors que le Clermontois avait semble-t-il devancé l'axe central nantais. Le joueur dira qu'il a été retenu au moment de tendre son pied. De même juste avant la pause lorsqu'à la suite d'un corner, une frappe au second poteau est repoussée par le bras de Tixier (45'). Plus sûrement, lorsque des joueurs avertis en première période (Keita, Pereira, Tixier) n'écopent pas d'une sanction similaire après le repos, ou lorsque Djilobodji découpe un adversaire sans être averti. Outre l'arbitrage il y a la déveine ou la maladresse comme cette reprise de la tête qui passe au-dessus de la transversale de N'Dy Assembe (50') ou une autre qui termine sa course sur le poteau. Cela fait beaucoup d'occasions concédées pour les Nantais. Si Nantes a marqué deux buts, sa défense n'est pas apparue aussi sereine qu'à l'accoutumée. Les absences combinées de Pierre et de Carole ajoutées à la partie contrastée de Pereira n'y sont sans doute pas pour rien, tandis que le milieu formé par Cheyrou et Keita n'est pas spécialement complémentaire quand il s'agit de récupérer le ballon. Ismaël Keita bon mais on n'oublie pas Bonnes Ismaël Keita bénéficie de nombreux passes-droits depuis qu'il a été recruté en début de saison dernière. Il a effectué le stage de préparation, les matchs amicaux et quelques apparitions en championnat sans jamais convaincre. Contre Clermont il livra assurément son match le plus encourageant. On pense en particulier à cette frappe instantanée qui tutoie le haut de la transversale et à cette percée plein axe qui se termine, à gauche dans la surface, par une passe en retrait parfaite pour Djordjevic qui dévissera malheureusement sa reprise (39'). On ne peut malgré tout que regretter que les dirigeants nantais, un en particulier, aient délibérément cassé la carrière à Nantes d'un joueur bien plus talentueux que Keita. On pense évidemment à l'ex-capitaine des finalistes de la Gambardella et de l'équipe réserve : Olivier Bonnes. On y reviendra assurément. F.P., le 30 novembre 2010
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