Gentili respire mieux La défaite n'est jamais une denrée recommandée pour un entraîneur. Il est certains soirs où elle l'est encore moins, elle peut même devenir carrément poison. Ainsi Baptiste Gentili avait sans doute entendu rebondir jusqu'à ses oreilles la rumeur avançant qu'un nouveau revers face à Grenoble risquait de le placer déjà sur le gril. Peut-être est-ce la raison pour laquelle il a commenté la victoire avec une satisfaction un brin excessive, se laissant à dire qu'il avait vu de bonnes choses et que Nantes est à seulement six points du leader. C'est vrai que cet handicap n'est pas énorme, vu de loin. Au soir de seulement huit matches, il s'agit tout de même d'un écart conséquent. Il faudra que l'une des deux équipes change sa cadence, soit Tours d'un côté, soit Nantes de l'autre, sinon les deux d'ailleurs, pour qu'il ne devienne pas rapidement un gouffre. Il est dans la lignée de ses prédécesseurs, pas plus mauvais, pas meilleur hélas Cela dit, on ne va pas jouer aux hypocrites et avancer que le limogeage de cet entraîneur constituerait une catastrophe. Il est gentil Gentili mais pourquoi pleurerait-on un technicien ultra conformiste, qui s'inscrit tout à fait dans la lignée de ceux embauchés par Waldemar Kita depuis son arrivée (et encore, on a échappé de peu à Jean-Pierre Papin) ? Le sang du football nantais ne coule visiblement pas dans ses veines, pas plus que dans celles de ses prédécesseurs. Il n'est pas plus mauvais, pas meilleur non plus hélas, que la majorité des entraîneurs de la triste « école française », laquelle s'est inspirée de l'obscurantisme italien et prêche un réalisme à tout crin, prétendant bêtement que l'engagement athlétique, le défi physique et une défense cadenassée peuvent compenser le défaut d'imagination offensive, les limites techniques et le manque d'ambition tactique. Un bon départ Il reste que Gentili a pour l'instant sauvé sa peau et évité à son expéditif patron de sortir la hache avec laquelle il a l'habitude de couper le tête de ses entraîneurs. Il le doit à un match qui fut assurément moins mauvais que celui livré par sa troupe à Reims. En première période, on put par exemple noter quelques bonnes intentions, avec un ballon qui circulait plus souvent à terre qu'il ne volait dans les airs. Trois-quatre passes de suite, on avait l'impression que c'était à la portée des Canaris et très vite un tir de Carole (2è) et une tête de Vivian (sur corner, 11è) mirent Viviani en alerte. Nantes qui évoluait en 4-2-3-1 avec Bruno Cheyrou et Papa Malick Ba à la récupération laissait toutefois Djordjevic trop isolé aux avant-postes et on pouvait se demander pour quelle raison Vincent Sasso, qui s'était montré à son avantage en Champagne, avait été invité à laisser le poste d'arrière droit à Jonathan Martins Pereira. Le retour de Darbion qui s'était positionné entre Deblé et Capoue ne faisait en revanche pas de mal. Nantes exploite les cadeaux Les intentions étaient intéressantes, il fallait toutefois les concrétiser et on avait compris que ce ne serait pas le plus aisé. Heureusement, Grenoble sut y mettre du sien en offrant pratiquement deux buts sur un plateau. Le premier survint à la 20è minute à la suite d'un contre de Deblé sur un dégagement dauphinois. Le ballon parvint à Darbion qui s'offrit un face à face gagnant avec Viviani dont, contrairement à N'Dy Assembé, la sérénité et les prises de balle ne constituent pas les points forts. Cinq minutes après, Paillot commit sur Darbion une faute, alors que son équipe ne se trouvait pourtant pas en état d'urgence. Darbion botta lui-même le coup franc et déposa le ballon sur la tête de Jean-Jacques Pierre dont la reprise alla se ficher sous la transversale. Zerka absent, Vainqueur décevant, Deblé actif A 2-0, le match aurait pu être plié tant les attaques dauphinoises étaient insignifiantes puisque N'Dy Assembé n'eut aucune intervention à effectuer durant la première période. L'ennui est que Nantes ne possède pas une très grande maîtrise et que son jeu se dilua progressivement dans l'à peu près, devenant sans liant ni idée directrice, sinon celle d'essayer de vivre chichement sur son avance. Dès le début de la seconde période, Vivian en renvoyant un ballon sur Dieuze donna à ce dernier une occasion qu'il ne sut pas exploiter (tir au-dessus) mais on eut l'impression qu'il venait d'amorcer la pompe d'un regrettable manque de sérénité. Nantes ne joua plus que par à coups. Vainqueur qui, dès la reprise, avait succédé à Ba, légèrement blessé, n'apportait pas l'assise qu'on est en droit d'attendre d'un joueur de sa qualité et l'entrée en jeu de Zerka (64è, à la place de Capoue) s'apparenta à une opération à perte, l'ancien Nancéien affichant nettement moins d'entrain que le jeune Deblé, lequel confirma les promesses qu'il avait laissées entrevoir à Reims. Faillite populaire Lorsque Darbion évita la sortie de Viviani mais ne put empêcher Paillot de dégager (70è), il rata l'occasion d'offrir à ses coéquipiers une fin de partie tranquille. Peu après en effet (76è), Bourabia réduisit le score. Il reprit de la tête un centre de Ravet puis récupéra le ballon renvoyé par N'Dy Assembé et le poussa dans la cage. Le souffle de l'inquiétude fit alors vaciller les Nantais que le carton rouge décerné au Grenoblois Marque, à la 87è minute, pour un tacle sur Djordjevic, furent loin de contrarier. Le coup de sifflet final fut accueilli avec soulagement tant par les joueurs que par le public, parmi lesquels on n'entendit pas de chants de contestation à l'encontre de la direction. Il est vrai que la barre des 10.000 spectateurs avait été franchie, en sens inverse. On en comptait 9.827 ce vendredi soir. Encore un effort et tout courant protestataire aura disparu, du moins dans le stade : on n'a encore jamais entendu crier des tribunes vides. On peut appeler ça une faillite populaire.
B.V., le 27 septembre 2010
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