Ils croyaient avoir inventé le football De la fameuse bande des quatre qui devaient, assuraient-ils, révolutionner le football nantais, pour ne pas dire le football tout court, alors qu'ils ne connaissaient rien ou pas grand chose aux préceptes de José Arribas et qu'ils n'en avaient en tout cas absolument pas perçu les principes de base et la noblesse, il n'en reste plus qu'un. Larièpe, Robin et Praud ont quitté le navire, laissant en remise les tambours et les trompettes qui avaient accompagné leur arrivée. Mais si les lieutenants sont partis, le capitaine, lui, est toujours là. Monsieur K a même profité de la venue du Havre pour effectuer son retour. Il a pu savourer un succès qui éloigne ses craintes sur le plan sportif, il a dû aussi entendre, une fois encore, les échos de sa persistante impopularité. Les « direction démission » ont de nouveau mis un peu d'ambiance et égayé des tribunes aux deux-tiers vides (11.005 spectateurs). Un résultat positif ne remet pas en cause la critique du système mis en place Monsieur K est donc rétabli, il a même pu constater que si le football nantais est définitivement mort et enterré, sur ce plan sa fine bande a au moins atteint son objectif, son cher (!!) club respire encore. On ignore quel sera son destin mais en battant les Normands et en atteignant ainsi le cap des 41 points le FCK a quasiment assuré son maintien, au moins sur le plan sportif. C'est déjà ça, même si on se doute bien que le futur qui nous attend, nous supporters du jeu à la nantaise, n'a rien de réjouissant ni d'enthousiasmant. Cette triste mais implacable constatation ne saurait être remise en cause par un simple résultat positif. Elle est étayée par beaucoup plus grave : la philosophie, contraire à nos valeurs et à celles ancestrales du FC Nantes, que le FCK a fait sienne. Il n'y a rien à attendre de la politique globale qui a été patiemment mise en place, pas grand chose à espérer du style de jeu. « On joue avec nos moyens », a dit Baptiste Gentili qui a semblé outré par le fait que les Lavallois aient laissé entendre que l'un des leurs avait fait, l'autre semaine, le sujet d'un « contrat ». Il est clair cependant que l'engagement physique outrancier et les armes destructrices qui caractérisent de plus en plus les Canaris, quel crève-coeur pour ceux qui ont tant admiré et louangé autrefois la technique et l'intelligence de leurs prédécesseurs, sont des atouts appelés à perdurer. Pour leurs malheurs, n'en doutons pas, même si dans l'immédiat les deux victoires d'affilée qu'ils viennent de glaner et le surplace d'autres équipes semblent leur offrir quelques perspectives. Il existe parfois un avenir pour une équipe de contres, il est limité et à court terme, mais il existe. Quatre buts sans aucune construction Contre les Normands, le FCK, en prenant l'avantage d'entrée, n'a jamais été placé dans l'obligation de faire le jeu, il ne s'en est pas plaint, et s'il a pu, par ci par là, amorcer quelques mouvements à peu près bien ficelés il ne faut pas oublier qu'il a bénéficié de circonstances extrêmement favorables. Et s'il est vrai qu'il convient de retenir qu'il a, fait exceptionnel, marqué quatre buts, il importe aussi de souligner la manière dont ils furent obtenus. Le premier (2è minute) : un coup franc lointain d'Abdoun que Placide le gardien havrais transforma en cadeau en remettant le ballon dans les pieds de Sambou. Le match était à peine entamé et le HAC devait déjà courir après le score. Le deuxième (23è minute): le penalty accordé par Stéphane Lannoy pour une chute de Lejeune dans la surface de réparation n'avait pas lieu d'être sifflé. En le transformant Bekamenga remit son équipe dans le sens de la marche, il lui redonna les commandes qui lui avaient échappé à la suite d'un penalty nullement aussi imaginaire que celui accordé à Lejeune (l'obstruction de Pierre sur Bonnet était réelle). Le troisième (48è minute) : un nouveau coup franc d'Abdoun qui trouva N'Diaye suffisamment seul devant la cage normande pour lui laisser le temps de fusiller l'infortuné Placide. Le quatrième (56è minute) : une mauvaise remise d'un défenseur normand dans l'axe, pile poil sur Bekamenga qui, de demi-volée et d'une grosse vingtaine de mètres, décocha un boulet qui alla s'encastrer dans la cage. Elle est où la construction dans toutes ces actions ? Eh bien, elle est tout simplement absente. Darcheville n'a pas manqué, Abdoun était en jambes Le FCK a donc su profiter essentiellement de circonstances favorables. C'est déjà bien. Mais il ne faut pas crier à l'exploit pour autant, il convient même d'attendre les prochaines rencontres pour savoir s'il a acquis une confiance qui lui permettrait d'évoluer un peu plus libéré et de ne pas se contenter de provoquer et de gagner les duels. Jouer vraiment au foot en multipliant les passes, les mouvements et les actions techniques serait un meilleur moyen de progresser. Et d'intéresser le public, du moins celui qui ne se contente pas de se laisser aveugler par un résultat, surtout s'il est sans lendemain. Pour le reste, on remarquera que Darcheville n'a pas manqué, qu'Abdoun était en jambes et qu'il a échafaudé plusieurs actions dont la plupart se sont malheureusement écroulées par excès d'individualisme. Cet Abdoun-là, concerné, laissant transparaître sa technique et capable d'éliminer un ou deux adversaires, constitue cependant un réel atout. Il aurait aussi été judicieux de mettre un peu plus d'ordre en milieu de terrain. Mais Vainqueur s'était blessé au dernier moment et De Freitas a encore été écarté.
B.V., le 8 avril 2010
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