C'est le corps du club qui s'est noyé, pas son âme Vous lirez peut-être, au hasard des clichés éculés dont se construisent parfois les articles, que le FC Nantes a sombré corps et âme au Havre. Ne les croyez pas. C'est le corps du club, le FCK, qui s'est noyé sur le terrain gras de la Normandie. Ce sont les joueurs, mercenaires pour l'essentiel, les techniciens, visiblement peu inspirés, et les dirigeants clamant qu'ils sont propriétaires de l'équipe qui joue à la Beaujoire et s'entraîne à la Jonelière, ce sont ceux-là qui ont fait faillite par une soirée automnale appelée à figurer dans l'histoire des désastres. Oui, c'est le corps qui a sombré. Mais le corps seulement. Cette philosophie-là n'est pas la nôtre L'âme du FC Nantes, du vrai FC Nantes, est toujours vivante. Elle est là, en nous, car nous savons bien que ce club-là, cette équipe-là, telle qu'elle joue, ne sont pas représentatifs de l'héritage qui nous a été légué par les hommes qui ont fait la grandeur et la noblesse de la Maison jaune. Ce football-là, primaire, cette philosophie là, basée sur le profit, le commerce, l'argent, ces idées-là, trop courtes lorsqu'il s'agit de parler du centre de formation, ne sont pas les nôtres. Nous sommes en Résistance et nous le resterons tant que le FC Nantes ne redeviendra pas le FC Nantes. Nous savons que ce sera long et difficile, que nombreux seront ceux qui feront allégeance, par intérêt, par crainte, par goût, par inculture ou tout simplement par bêtise. Et que les soirs de victoire, car il y en aura, les invités des tribunes feront entendre leur reconnaissance du ventre. Et que même, en s'associant aux aveugles prêts à supporter n'importe quoi, n'importe qui, du moment que ça gagne, ils feront l'insulte à ceux qui militent pour les valeurs du club de les siffler. Et qu'ainsi, grâce à eux, la direction pourra prétendre qu'elle est soutenue. Et qu'elle essaiera de nous isoler, de nous minimiser, de nous clouer au pilori. Une première période ennuyeuse Nous savons tout cela. Mais nous savons aussi que le jeu pratiqué par le FC Kita n'est pas, surtout pas, le football à la nantaise et qu'il ne mène pas loin. A la Ligue 1, peut-être, mais ce sera sans doute pour la même suite qu'en 2008. Il peut en attendant provoquer de cruelles sorties de route, comme celle de lundi soir. Longtemps pourtant, pendant près d'une heure, la catastrophe n'eut rien d'annoncé. Nantes jouait mal mais Le Havre ne se montrait guère plus inspiré, même s'il affichait une meilleure maîtrise collective. La première période fut ainsi particulièrement fastidieuse. On n'y vit qu'une seule action notable, elle fut à inscrire à l'actif des Normands. Mamadou Diallo, seul face au but à la suite d'un centre de Noro, ne sut pas l'exploiter (28è). On notait déjà la faiblesse des défenseurs latéraux nantais, celle de Tall constituait une confirmation, celle d'Akouassaga, encore plus criarde, émargeait au rayon des vraies découvertes à ce niveau. Il convenait de souligner l'impuissance des Canaris à remonter correctement le ballon, le recentrage excessif d'Abdoun et de Darbion qui ne sont pourtant pas les plus mauvais footballeurs du groupe, au contraire. Curieux conciliabule à l'entame du second acte Nantes au bout d'une demi-heure ne « touchait vraiment plus une canette », Darcheville était isolé, N'Diaye se demandait quel était son rôle, Vainqueur et Ba ne fonctionnaient pas ensemble et il fallut des coups francs de Darbion pour, en fin de première période, provoquer des situations « cafouilleuses » devant la cage de Placide et jeter un peu de poudre aux yeux. Au moment d'entamer le second acte, les joueurs nantais se livrèrent à une scène insolite, entamant sur le terrain une discussion où visiblement, Darcheville et Pierre en tête, ils parlaient tactique. Il y avait matière à se poser des questions. Semblable dialogue ne doit-il pas s'effectuer dans le vestiaire ? L'entraîneur n'avait-il pas été capable d'exposer un plan de jeu ? N'en possédait-il pas à part des exhortations « allez, allez ! » ? Ou les joueurs estimaient-ils que la tactique qu'il préconisait était mauvaise et qu'il fallait procéder autrement ? Ou n'avaient-ils pas compris ? Etaient-ils en désaccord les uns entre les autres ? Beaucoup d'interprétations étaient permises. Le Havre appuie sur le maillon faible Mais le fruit de ce colloque impromptu fut d'autant moins savoureux que le passage au vestiaire sembla au contraire avoir fait du bien au Havre. Les Normands s'étaient persuadés que leur salut viendrait de leur aile droite, comprenez le flanc gauche de la défense nantaise, et ils appuyèrent avec de plus en plus d'insistance sur ce maillon faible. Freddy Fautrel faillit leur donner un coup pouce lorsqu'ayant sanctionné Pierre pour une faute, il mit la main à sa poche à cartons (51è). Le défenseur central nantais s'arrêta normalement de jouer, les Havrais, eux, exécutèrent rapidement le coup franc. Le plus fort est que Fautrel les laissa faire et permit ainsi à Lesage de se présenter face à Kamenar. Heureusement, l'attaquant havrais rata cette occasion, ce qui n'empêcha d'ailleurs pas Fautrel d'attribuer ensuite, à retardement, à Jean-Jacques Pierre l'avertissement qu'il lui avait promis. Un, deux, trois, zéro C'était un peu fort de café. Il était dit pourtant que Nantes sombrerait à la régulière, sans circonstances atténuantes, sans possibilité de s'en prendre à l'arbitre. A la 58è minute, une action Henin-Bonnet qui s'était développée sur la droite, évidemment, aboutit à un centre de l'autre côté. Tall resta bloqué dans ses starting-blocks et Noro prit l'avantage sur lui, de la tête. C'était le premier but (58è). Les Havrais, libérés, commençaient à jouer réellement au ballon. Les Nantais, débordés, ne savaient plus où donner de la tête, sachant que défendre ne suffisait plus. Bonnet faisait joujou aux dépens d'Akouassaga mais Kamenar sauvait (61è). Ce n'était que partie remise : une action collective Bonnet-Diallo-Bonnet permit bientôt à Noro de se retrouver à bout portant face à Kamenar. 2-0, à la 63è minute ! Puis 3-0 quelques instants plus tard (65è) quand Diallo servit en retrait Aït Ben Idir dont la frappe trompa de nouveau le gardien nantais. Faire du jeu, c'est impossible ? Keserü avait remplacé N'Diaye (59è), Djordjevic avait pris le relais d'Abdoun (66è) mais il n'y avait plus rien à espérer, simplement des dégâts à déplorer. Lesage porta l'addition à quatre buts, en reprenant de la tête un centre de Mamadou Diallo, décidément en verve (70è) et on eut l'impression qu'il s'agissait d'un minimum tant les Nantais erraient les uns à côté des autres. Une faute de Pierre aurait pu amener le cinquième but mais Baseya expédia le ballon du penalty à côté de la cible. Il va falloir se remettre de cette avarie, d'autant qu'au classement la situation, avec un seul point en deux matches s'est fragilisée. Il n'y a pas péril dans la demeure du FCK mais Gernot Rohr va peut-être pouvoir ressortir la fameuse banderole, il en a le droit, lui : « laissez-nous bosser ». Et s'il pensait aussi, surtout, à JOUER ? Faire du JEU, c'est au-dessus de ses forces ?
B.V., le 4 novembre 2009
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