Il faudrait ouvrir les yeux Nous avons vu quatre buts, Nantes est parvenu à refaire surface après avoir frôlé le KO et le suspense est demeuré de mise jusqu'à la dernière minute. Les apparences, en quelque sorte, sont sauves. Mais si on consent à regarder au-delà du résultat, si on s'applique à raisonner en fonction de l'avenir et d'une philosophie de jeu, à être « intelligent » oserons-nous écrire, il faut bien reconnaître que ce match entre Nantes et Metz a flirté avec le néant. Les « direction-démission » ne se heurtèrent d'ailleurs pas cette fois à une franche opposition. Ceux qui soutiennent mordicus le FC Kita, refusant d'ouvrir les yeux sous prétexte qu'il occupe les premières loges du classement, mais qui demain seront peut-être les plus virulents pour jouer les loups et pleurnicher sur l'air de « ah on n'aurait pas dû les soutenir, on ne savait pas, faut pas nous en vouloir », se firent moins virulents. Il suffit d'un but pour qu'ils retournent leur veste. Les moutons sont ainsi : ils n'ont guère de suite dans leurs maigres idées. Et les « Résistants » ont raison de ne pas se décourager, les historiens leur diront qu'en d'autres temps et dans des conditions plus dramatiques, il y eut dans ce pays 40 millions de « collabos ». Un auteur bordelais, eh oui, Henri Amouroux, en a même fait le titre de l'un de ses ouvrages. Qui, au sein du club, sait encore qui fut José Arribas ? D'aucuns nous diront sans doute qu'on exagère, surtout s'ils sont enclins, par faiblesse, à applaudir le pouvoir, quel qu'il soit, dès lors qu'il s'étaie sur la puissance de l'argent. Quoi qu'il décide, quelles que soient les méthodes qu'il applique, ils trouvent ça bien, du moment que « ça rapporte ». Le football n'est qu'un sport, argueront-ils, où l'essentiel consiste à vaincre, par n'importe quel moyen. Eh bien justement, ici à Nantes, il est des hommes qui ont su donner à ce jeu une autre dimension. Ils en avaient une idée humaniste, généreuse, constructive. Ils cherchaient à grandir les hommes et à leur permettre d'exprimer ce qu'ils avaient de meilleur en eux. Le plus célèbre d'entre eux, le précurseur, fut bien sûr José Arribas, disparu il y a vingt ans, fin septembre. On remarquera que personne au sein du club n'a songé à commémorer par un quelconque hommage l'anniversaire de cette disparition. Il est vrai que nul maintenant, à l'intérieur du FC Nantes, ne sait au juste qui fut Arribas. Ni les dirigeants ni les techniciens ne respectent par leur philosophie de jeu et de pensée le legs qu'il nous a laissés. Alors, bien sûr, ils ne vont pas lui rendre hommage. Il paraît qu'un commentateur télé, sur Eurosport, s'est hasardé à assurer benoîtement que le foot à la nantaise est suranné. Toutes les opinions sont respectables, même si elles s'appuient sur l'ignorance, toutefois on ne saurait trop conseiller à ce « fin » analyste d'aller sur d'autres stades que celui où s'écrit le roman de la Ligue 2. Il y verrait que le football offensif, constructif, imaginatif, technique, basé sur une unité de jeu, a encore de beaux matches devant lui. Le club qui l'érige actuellement en profession de foi est même, voyez comme ce n'est pas bizarre, le champion d'Europe en titre. Question jeu, le FC Kita prend du retard Nous songions à tout cela lundi tandis que Gernot Rohr s'agitait devant son banc de touche, demandant à Alonzo de dégager loin devant, le plus fort possible. Et le pauvre gardien nantais obéissait, servile, et expédiait consciencieusement ses bombardes au cœur de la défense messine. On se serait cru en 1930, ou sur le bord d'un terrain de Division d'Honneur, encore qu'il existe sans doute à ce niveau des techniciens qui prêchent un autre jeu, d'autres conceptions. Le FC Kita n'est même plus d'une effroyable banalité, il prend du retard. Metz, autre ancien club historique de 1ère division dont il fut longtemps, avec les Canaris, le pensionnaire le plus ancien, ne vaut guère mieux. Si bien, ou plutôt si mal, que la rencontre entre ces deux têtes d'affiche de la Ligue 2 a été d'un niveau affligeant et que le piment apporté par quatre buts s'avéra très insuffisant pour en relever le goût. « J'ai vu un super match... » Il est vrai que ce furent des buts de rapine, dénués de construction, qui tombèrent là presque par hasard, tels des cheveux dans la mauvaise soupe. Il faut être un fieffé ignorant pour prétendre que tous les buts ont la même saveur, la même odeur, la même valeur. C'est raisonner comme un type qui aurait deux verres pleins devant lui, l'un de vin fin, l'autre de vinaigre, et que les absorbant coup sur coup il lancerait, bravement : « c'est pareil, l'essentiel c'est de boire, pas vrai ? » Avouez qu'il ferait rire. Dans cet ordre d'idées, Gernot Rohr a fait très fort lorsqu'à l'heure des commentaires il a asséné : « j'ai vu un super match ». Si le football pratiqué n'avait été aussi triste, il y aurait eu de quoi déclenché l'hilarité générale. On peut vouloir faire de la communication, mais il existe des limites. Les quatre buts furent on l'a dit de petite veine et ils constituèrent à peu près les seules actions notables d'une pâle et froide soirée. Le premier tomba sur le râble des Nantais dès la 7è minute. Il fut la conséquence de la coupable distraction de Tall qui traîna suffisamment en route, au mépris de toute considération tactique, pour laisser en jeu, sur un contre, pas moins de trois adversaires. L'un d'eux, Jérémy Pied, s'empara résolument du ballon et il s'en fut mystifier Alonzo, sans façon. Metz a mené 2-0 Quatre minutes plus tard, Tall, toujours lui, l'une des « merveilles », rappelons-le, du recruteur qui officiait il y a un an, concéda un corner. Sur celui-ci, Jarjat prolongea de la tête et Ba, au deuxième poteau, remit le ballon devant la cage. Borbiconi était monté pour essayer de mettre sa tête, il tendit le pied et malgré l'opposition de deux Canaris il plaça le ballon au fond des filets. Nantes était alors dans de sales draps. Il sut toutefois réagir, à sa manière, en essayant d'imposer sa puissance athlétique plutôt que ses arguments techniques. Ses efforts, pour méritoires qu'ils soient, étaient dépourvus de talent, de technique, d'inspiration et à part les coups de pied arrêtés on ne voyait pas grand chose venir. Les Lorrains ne se montraient pas plus convaincants, même si par séquences ils parvenaient à aligner trois (!) passes de suite. Nantes évoluait en 4-4-2 avec Darbion et Abdoun sur les côtés, Darcheville en pointe et Zerka légèrement en retrait. Vainqueur et Ba s'activaient à la récupération, le premier avec talent mais en présentant quelques déchets (dont trop de fautes), le second plus laborieusement car il donnait l'impression de peiner à digérer son rôle dans le second but lorrain. La défense, elle, donnait de la bande, Shereni et Tall en tête, et pourtant elle n'était guère sollicitée. Abdoun se promenait un peu partout, permutant avec Darbion et même avec Zerka. Celui-ci se retrouva en position d'ailier gauche lorsque les Messins perdirent bêtement le ballon. Il centra et surprit Borbiconi, trop court. Darcheville se tenait à l'affût, il réduisit le score (2-1, 25è minute). Sambou égalise Il ne se passa pratiquement plus rien jusqu'à la pause. La seconde période faillit débuter par un coup de théâtre lorsque sur un long centre-tir de Mutsch, Alonzo resta dans ses starting-blocks. Le ballon ricocha sur le dessus de la transversale (48è). Rohr fit ensuite sortir Abdoun au profit de N'Diaye (58è) puis Nantes hérita d'un énième coup franc. Darbion le botta, Marichez sortit en retard et ne trouva que les courants d'air. Le ballon, lui, était au fond de sa cage, là où venait de le propulser le crâne de Sambou (62è). Le gardien lorrain était maladroit, il était aussi malchanceux puisque sur l'action il avait même trouvé le moyen de se blesser à un genou. Quelques instants plus tard, il laissa sa place à Oumar Sissoko (73è). Premier arrêt d'Alonzo, ultime occase de Darcheville Ce dernier réalisa une entrée remarquée. Il sortit ainsi à son avantage d'un double face à face avec Zerka (76è) puis il repoussa une tentative de Darcheville qui, à la suite d'un contre, s'était présenté seul face à lui. On disputait alors les arrêts de jeu et on en resta là, à ce 2-2 qui ne fait guère les affaires du FC Kita mais lui permet tout de même de conserver ses distances (trois points) avec le quatrième, Laval. Cette ultime tentative nantaise peut laisser des regrets. Il ne faut toutefois pas oublier qu'on avait assisté précédemment à une sacrée panique à bord au sein de la défense canari et qu'Alonzo, sollicité pour la quatrième fois de la soirée, avait enfin répondu présent en repoussant la reprise de Pied (72è). On notera pour terminer que Claudiu Keserü, applaudi, effectua son retour à la 79è minute, en succédant à Zerka.
B.V., le 21 octobre 2009
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