Deux bonnes pioches ? Assemblage hétéroclite de joueurs venus d'un peu partout, parfois de nulle part, bâtie sans véritable idée directrice, sinon celle de multiplier les achats, prêts et ventes de joueurs, autant d'opérations qui sont rarement vaines pour tout le monde, l'équipe que l'on appelle encore le FC Nantes mais qui ressemble de plus en plus au FC Kita, est capable de tout. Et même, et même de réaliser 45 minutes de bon football. Bon, on ne va pas s'enflammer. En face ce n'était que Strasbourg et sa défense passoire et les Canaris lui ont infligé seulement deux buts. Il n'en reste pas moins que pendant toute la première période ils ont fourni un jeu agréable et trouvé en Darcheville et Zerka, deux attaquants qui semblent déjà accorder parfaitement leurs violons. Le premier a montré qu'il conserve des jambes, une disponibilité, un état d'esprit, un coup de reins, une justesse de passes que Klasnic n'avait plus. Le second a également fait bonne impression, en marquant un but et en provoquant un penalty. Pour un premier match ensemble ils pouvaient difficilement faire mieux et la question suivante mérite d'être posée : pour une fois, les recruteurs nantais auraient-ils réalisé une bonne pioche ? En attendant confirmation, on soulignera que le fruit de la mauvaise politique menée depuis de trop longues années a explosé à la figure des observateurs : le FC Kita a réussi la gageure d'entamer le match sans aucun joueur issu de la Jonelière. C'est le genre de constat qui fait mal. Strasbourg tire le premier En vérité, Nantes domina si largement et si allègrement les débats en première période qu'il aurait dû se trouver définitivement à l'abri à la pause. Il avait marqué deux fois, il avait expédié un ballon sur la barre et un autre sur un montant. Il aurait mérité de se situer déjà suffisamment haut pour ne plus rien redouter. Il en avait d'autant plus de mérite que la partie avait on ne peut plus mal commencer. La première incursion alsacienne à proximité de Kamenar, à la 4è minute, s'était en effet soldée par un but. Khiter avait débordé sur la droite et décoché un centre que Ledy avait repris sans façon. Les défenseurs étaient tous plus ou moins inscrits aux abonnés absents, Maréval en tête, et l'action avait été promptement ficelée. Nantes à l'aise en première période Les Canaris ne se laissèrent cependant pas abattre et sous l'impulsion de Darcheville et de Zerka mais aussi d'Abdoun, encore très à l'aise, ils affichèrent leurs intentions de ne pas en rester là. On approchait du terme du premier quart d'heure lorsque leur équipe, composée en 4-4-2, posa son empreinte sur la rencontre. Darcheville était en pointe, Zerka légèrement en soutien, Darbion (à droite) et Abdoun occupaient les couloirs tandis que Shereni et Ba s'activaient à la récupération. Il y avait du mouvement, avec des recentrages d'Abdoun et des déplacements de Darcheville et les Alsaciens ne surent bientôt plus où donner de la tête. Encore Darcheville-Zerka Darbion se créa la première occasion sur un centre d'Abdoun (13è) puis Darcheville, lancé par Maréval, s'enfuit sur l'aile gauche, laissant Abadie scotché sur place. Son centre du gauche parvint à Zerka dont la reprise, toujours du gauche, trompa irrémédiablement Cassard. Le contre était aussi parfait qu'assassin. On en était à la 22è minute et les Canaris s'étaient remis à flots. Shereni, sur une tête, puis Darcheville sur un centre d'Abdoun eurent tous deux une balle d'avantage. Ils l'expédièrent sur la barre (30è) et sur un poteau (37è, Cassard archi-battu voyant alors le cuir revenir dans les pieds de Pelé qui le dégagea). C'était mal payé mais ce n'était que partie remise puisque peu avant la pause Darcheville effectua une nouvelle fugue sur le côté gauche et centra encore en retrait, pile sur Zerka. La complicité entre les deux hommes faisait vraiment plaisir à voir, pour la rompre Pelé n'eut d'autre ressource que de commettre une faute synonyme de penalty. Darbion, prenant Cassard à contre-pied, se chargea de transformer la sanction en but, permettant ainsi à Nantes d'atteindre la mi-parcours avec une longueur d'avance (2-1). Un second acte laborieux Au moment d'entamer le second acte, Pascal Janin le coach strasbourgeois changea deux de ses acteurs, laissant Fauvergue et Khiter dans leur vestiaire, Rodrigo et Kébé entrant à leur place. C'était une façon claire d'afficher son mécontentement. En revanche, côté nantais, tout avait donc tourné dans l'huile et Darcheville faillit creuser l'écart de façon définitive. Son tir passa au-dessus (48è). Pourtant, peu à peu, Nantes perdit le contrôle des opérations, ses lignes s'étirèrent et son jeu se délita. Strasbourg se montra trop faible pour en profiter mais il faudra méditer sur cette mauvaise habitude de présenter plusieurs visages durant le même match. Les occasions et les actions offensives devinrent rares, seule une tête de Shereni, sur corner, mettant en danger Cassard (67è) qui parvint malgré tout à se placer en péril sur des sorties hasardeuses. Les Alsaciens n'étaient pas dangereux, c'est heureux, car la défense locale n'était pas impériale. Elle se montrait même plutôt faiblarde sur ses flancs où Tall était emprunté et, dans l'axe, Sambou, apparemment pas un monstre de technique, commettait quelques fautes. La sortie de Darcheville et de Zerka, remplacés respectivement par Dossevi (69è) et Rodelin (73è) compliquèrent un peu plus la situation mais Gernot Rohr précisa après coup qu'il n'avait pas voulu jouer avec la condition physique encore incertaine de ses deux attaquants. Après leur départ, Nantes joua n'importe comment et devint pratiquement inoffensif. Si bien qu'il termina assez laborieusement une rencontre où il avait su auparavant briller. Kamenar ne fut toutefois pas réellement inquiété, c'était peut-être aussi bien comme ça, car sur la seule intervention qu'il eut à réaliser il laissa le ballon lui échapper et ricocher sur la transversale (73è). Une banderole vite enlevée Tout autre résultat qu'un succès nantais eut cependant été illogique et injuste. Le FC Kita a montré qu'il est taillé pour faire son chemin dans le haut du tableau, de là à s'attirer les bonnes grâces des amoureux du club, il existe toutefois une marge. Le cap des 20.000 spectateurs n'a de nouveau pas été atteint (17.504) malgré les cadeaux des dirigeants aux abonnés n'ayant pas renouvelé leur contrat. Des places leur avaient été offertes. Ils ne sont pas tous venus et la méthode paraît un peu cavalière par rapport à ceux qui sont restés fidèles. Une banderole de contestation apparut au sommet d'une tribune, mais les stadiers intervinrent si rapidement qu'on n'eut guère le temps de la lire. Vous avez dit liberté d'expression ?
B.V., le 15 septembre 2009
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