Kita par-ci, Kita par-là. Bilan de fin de saison oblige, les Kita ont squatté les médias locaux en ce lundi, avec pour point d'orgue un petit déjeuner de conférence de presse en dehors de La Jonelière. Sauf erreur de notre part, la dernière grande réunion de ce genre avait eu lieu en décembre, le jour (ou le lendemain) de la révélation du plan social de Noël par Christophe Delacroix dans Ouest-France. Christian Larièpe et Waldemar Kita avaient alors souhaité rencontrer toute la presse pour fixer les règles de fonctionnement pour leur communication sur les transferts. Quelques jours auparavant, ils n'avaient en effet pas du tout apprécié voir le nom de Stefan Babovic publier dans les médias. Le protégé de Kita avait selon leur dire faillit leur filer entre les doigts du fait de cette fuite intempestive. Larièpe désirait donc en toute simplicité pouvoir leur dicter leur conduite à venir en matière de transferts. En résumer les médias devraient désormais attendre le feu vert du directeur technique nantais. Il reçut heureusement une unanime fin de non recevoir salvatrice de la part de l'auditoire. Ouf ! Du « cas Kita » on ne parle pas Samedi, c'est-à-dire deux jours avant le petit déjeuner de conférence de presse, l'Equipe Magazine sortait un article de 5 pages titrés : « le cas Kita ». Lausanne, Corneal, les casseroles judiciaires de Kita, etc. . Le lecteur « profane », pas celui de fcnantais.com, découvrait alors le coté obscur du nouveau président du FC Nantes. Connaissant le grande clémence de Kita à l'égard de tout ce qui entrave sa route, on imagine à quel point celui-ci avait peu goûté la publication de ces révélations. Le dossier de l'Equipe Mag a circulé samedi midi à l'occasion du foot fcnantais hebdomadaire
Interrogé la veille par Ouest-France, Kita avait asséné : « Je trouve ce dossier scandaleux ». Lors du petit déjeuné on en resta donc aux questions de saisons. Compte-rendu. Il rencontrera Henri Michel prochainement Contrairement à ce que nous avions révélé la semaine dernière, Kita a avoué ne pas avoir encore vu Henri Michel. Pascal Praud avait pourtant laissé entendre, auprès d'interlocuteurs qu'il conviait à convaincre l'ex-sélectionneur, que les deux hommes s'étaient rencontrés, que Henri avait charmé Kita, mais que les tractations achoppaient au niveau financier. Henri Michel appréciera. Kita a indiqué hier que Henri Michel était en tête de liste, mais qu'il verrait d'autres profils : « des entraîneurs charismatiques, il n'y en a pas beaucoup ». Il poursuit l'idée qu'il avait déjà énoncée après un piteux match à domicile face à Gueugnon. Kita : « On ne va pas se précipiter pour le recrutement du manager général. Il n'y a pas de raison de se précipiter. Il faut encadrer au mieux l'effectif pour que les joueurs réussissent. On suit les aspects physiques. Il faut que les joueurs se sentent bien aussi dans leur famille. Et puis qu'il soit le plus professionnel possible, qu'il ne se disperse pas en dehors. » « Il faut trouver quelqu'un qui prenne de la hauteur par rapport au vécu des matchs, des entraînements. C'est une hauteur qui se prend aussi dans les tribunes car j'ai remarqué que les entraîneurs, c'est une observation, pas une critique, manquait de réactivité pour analyser ce qui se passe sur le terrain. Ce doit être quelqu'un qui a cet apport technique et qui soit là au quotidien. Cette réflexion, je me la fais par rapport à ce qui se passe et ce que j'entends au niveau des entraîneurs en Ligue 1 essentiellement. Je ne parle même pas de la Ligue 2 là. » « Je n'aurai jamais confiance en un entraîneur » « Je pense que l'entraîneur n'est pas fait pour gérer les hommes. Aujourd'hui ça ne suffit plus d'être un technicien, même si c'est un très bon technicien. Aujourd'hui il faut aller beaucoup plus loin dans la démarche avec les entraîneurs. » « Savoir s'il fera l'équipe ou s'il analysera seulement ? C'est une question qui se décidera en fonction de la personne choisie. Cette personne n'existe peut-être pas et je me trompe peut-être. Mais pour l'instant personne dans mon staff ne m'a dit que je me trompais. » « Moi je suis persuadé qu'on doit travailler sur l'aspect psychologique des joueurs. Dans certains clubs, il y a ce manager et il a des relais sur le terrain pour les matchs et pour les entraînements. Et si on va dans ce sens, si on cherche à prendre ce qu'il y a de bon dans les grands clubs pour l'adapter à Nantes, c'est que je sens des faiblesses actuellement à ce niveau. » Inévitablement, l'assistance se demande pourquoi Der Zakarian et Gentili ont été conservés dans ces conditions, à moins de ne considérer qu'ils ne seront que des « relais » et pas de véritables coachs. Dans ces conditions la question est de savoir si Kita leur fait confiance, s'il considère qu'ils ont du potentiel pour la Ligue 1 Kita : « Je ne veux pas prendre de décisions brutales. Je préfère donner un coup de main. C'est ma réflexion. Le respect de la parole ça existe aussi. » « Je ne suis pas là pour faire leur procès. Ils sont travailleurs et honnêtes et ils ont envie de réussir. Avec cette volonté là, j'ai envie de leur donner les moyens d'y arriver. Maintenant je ne vais pas répéter toujours les mêmes choses. A un moment je ne répète plus. Je décide. Mais il ne faut pas oublier qu'il y a des paliers. Comme à l'école. Donc si ça ne progresse pas, on prend une décision . » « Même s'ils gagnent les 5 premiers matchs, ils ne sont pas à l'abri car rien n'est acquis dans la vie. Ça se jouera sur une plus longue période pour prendre une décision de toute façon . » « Moi quand je suis arrivé on m'a dit, il faut garder Bagayoko et il faut garder Der Zakarian. Moi j'ai promis après j'étais prisonnier. Dans ce milieu il n'y a pas de parole. Moi j'en ai une. » « J'ai décidé de prolonger l'entraîneur qui a fait descendre et remonter le club. Mais je veux l'encadrer. Après ça marchera ou pas. Si ça ne marche pas je prendrai mes responsabilités au moment venu. » « Par exemple à Boulogne, à la mi-temps, Marek Heinz il en a pris plein la gueule. Moi je dis on ne fait jamais ça. Pas avec un international de 30 ans devant des gamins de 20 ans. Après je savais qu'il ne jouerai plus, je l'ai dit. C'est pour ça qu'il faut encadrer le staff technique. » « Si ça ne marche pas avec les entraîneurs durant le stage de préparation, je vais le remarquer, car je serai là-bas. » « Personnellement je n'aurai jamais confiance en un entraîneur. C'est clair. Là on fait un chemin ensemble, moi et Der Zakarian. On verra si on continue ou pas après. Sinon on se sépare. Pourquoi les entraîneurs sont de plus en plus des mercenaires ? Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose qui ne va pas. Posez vous la question. » On eut aimé évidemment que Kita nous donne sa réponse et qu'il ne nous laisse pas sur l'impression de confondre cause et conséquence. Après le manager et les entraîneurs, le président du FC Nantes répondit aux questions concernant l'effectif : « Les garçons ils ont donné le maximum pour faire remonter le club. Après il y a des choses qu'on peut améliorer et puis d'autres c'est impossible, car il y a des limites. Moi j'ai travaillé sur l'encadrement. La priorité c'était la montée. » « Si on monte en Ligue 1, c'est grâce au travail de l'encadrement. Il y avait un contrat avec les joueurs : si t'es pas bon en fin de saison, tu pars. » « Là on a 37 ou 38 joueurs professionnels avec ceux qui vont revenir. Donc on cherche à savoir comment se séparer de joueurs. Et puis il y a ceux qu'on veut amener à Nantes. On y travaille toute l'année. Et puis parfois comme pour Liedson, le travail tombe à l'eau car il se blesse gravement. Mais on cherchait aussi ailleurs. Parfois le malheur des uns fait le bonheur des autres. Il y a Metz, il y a Strasbourg. Il ne faut rien négliger. A Lens aussi des choses vont se passer. Pour eux c'est catastrophique. Pour Toulouse aussi. » Kita rentre ensuite dans le détail en évoquant le cas de Vercoutre, et les pistes de recrutement. « Vercoutre il avait envie de venir. On avait besoin d'un autre gardien. Mais avec son salaire de Lyon et les primes, il fallait qu'il fasse un sacré effort financier. Bon il a pas voulu prendre le risque c'est comme ça. Il voulait la même chose qu'à Lyon. Pour un gardien c'est pas possible pour nous. Il parle d'assurance sportive dans la presse mais lui il ne nous parlait que de salaire, il n'y a que ça qui l'intéressait. Je lui propose 45 000 € mais lui il touche 100 000 € à Lyon avec les primes. Moi je me suis déjà fait avoir avec un joueur : après avoir signé il s'est fait arrêter 6 mois » (ndlr : Kita vise Mamadou Bagayoko) « Des pistes il y en a plein. On est sur 15-16 joueurs (ndlr : plus tard dans la conversation Kita parlera d'une piste de 20 à 25 joueurs) . Ils ont tous envie de venir mais ça ne se fera que pour 5 ou 6 on le sait. » « Des joueurs sud-américains font partie de la liste. Savidan n'en fait pas partie. On regardera à Lens. Carrière et Monterrubio sont trop vieux. Les joueurs expérimentés je les cherche dans l'axe. En début de saison Carrière a préféré rester à Lens. Yepes je n'ai jamais voulu le faire venir ( ndlr : un journaliste lui fait remarqué qu'il lui avait pourtant déclaré le contraire en début de saison ). Je l'aime bien comme joueur mais son salaire est imposant. Je ne suis pas pour faire venir les joueurs qui sont déjà passés à Nantes. » « Il n'y aura pas de nouvelles signatures d'ici la fin de la semaine. Il y a les vacances. Par exemple : Abdoun n'a pas encore signé, mais c'est en bonne voie. On a discuté avec N'Daw et Jallet. Moi je suis intéressé avant tout par la colonne vertébrale. C'est vrai que Coliccini ça nous intéresse. Vous voulez une autre piste ? Il y a un défenseur portugais de Boavista de 28 ans aussi. (*). On a 4,5 ou 6 titulaires à trouver. Je m'implique directement dans le recrutement on en discute énormément avec Christian Larièpe. » Le cas des joueurs prêtés est ensuite évoqué, à commencer par l'exemple de Claudiü Keserü « Claudiu revient au club plus fort car il s'est créé une expérience. Mais peut-être qu'il voudra partir. Moi je l'ai prolongé aussi pour le rassurer. Comme ça il a pu s'exprimer au mieux. Et il a marqué plein de buts. » « Les joueurs en prêt je ne souhaite pas les conserver. Si on ne trouve pas de solution, ils reviendront mais il faudra qu'ils bossent dur » « Ces joueurs là nous on a choisi de les prolonger et de les faire jouer, comme ça on peut exister lors de la vente. Même s'il y a le risque de ne pas pouvoir tous les vendre. C'est un risque que je préfère prendre. Il vaut mieux ça que de les laisser partir libre en fin de contrat quand vous ne faites que l'économie des salaires » « Même à moitié prix, il vaut mieux vendre. Même s'il y aura des cas particuliers, comme pour Olivier Thomas par exemple. Pareil pour Cubilier. Metz ne pourra pas assurer le salaire en Ligue 2, donc on va trouver une solution sans transfert si besoin. Il y en aura d'autres peut-être. Ce seront des exceptions. » « Un loft ? C'est totalement exclu. On prêtera s'il le faut mais on ne restera pas avec autant de joueurs, c'est impossible. ( ndlr : un club peut prêter au maximum 7 joueurs ) » Kita est revenu rapidement sur son arrivée au club et sur le travail de ses prédécesseurs. « En fonction de la situation que j'ai trouvée, j'ai amené 3joueurs. Il y a eu pendant trois semaines d'autres personnes avant moi. Ils ont du faire avec ce qu'ils ont trouvé. Ils ont baissé les salaires etc. Moi j'ai des choses à leur reprocher peut-être, mais pas là-dessus. On dit que c'est grâce à eux que Nantes est monté en Ligue 1. C'est culotté de dire ça. » Puis sur les objectifs « Moi je ne mettrais pas 15 ans pour gagner un titre (allusion à Jean-Michel Aulas avec l'OL) , si on ne gagne pas je pars avant. Mais le plus dur commence maintenant. Là on a un mois pour faire quelque chose de correct. L'objectif c'est avant tout de na pas redescendre. Regarder les déficits de Lens, Toulouse et Strasbourg du fait de leur mauvaise saison, c'est grave ! » « Demain si ça marche pas, vous allez me dire qu'il faut que je parte. Mais c'est pas moi qui joue au football ou qui entraîne. Les joueurs c'est pas comme les administratifs (ndlr : allusion aux critiques suite au plan social et aux licenciements) . C'est la matière première, c'est pas pareil. Il faut les payer cher pour qu'ils jouent pour vous. Ils ne font pas de cadeau » . les abonnements « On nous reproche d'augmenter les abonnements, mais il faut savoir si on veut ou pas de bons joueurs. Il faut bien que l'argent rentre. Il ne peut pas que sortir. Et ça ne représente pas grand chose les abonnements. On est passé de 6,6 € il y a une saison à 8 € pour la saison prochaine. C'est pas tant que ça. Là on donne un maillot de 60 €. C'est pas rien. On récompense les fidèles. Ils sont 9 000. C'était un sujet auquel on avait déjà réfléchi avant. » . les rapports avec la mairie, au sujet des investissements pour le stade notamment « j'ai vu la mairie la semaine dernière et j'ai expliqué mon projet sur 3 et 5 ans, voilà. Je comprends qu'ils s'inquiètent sur le long terme. Après on verra. Moi au delà je ne sais pas ce qui se passera. C'est impossible de prévoir au-delà. Après on a discuté du projet de stade. Moi j'ai un projet qui est bon pour la ville. A la mairie il n'y a que le Maire qui m'intéresse, le reste. ça parle trop. La ville elle a toujours été innovante par rapport au football à Nantes. Maintenant on ne peut pas rester dans ces conditions par rapport à de futurs grands évènements sportifs. On m'a dit en face que j'avais raison. Mais moi je ne vais pas m'engager pour 20 ans. Moi je ne suis pas un politique. Je n'ai pas de mandat » . et enfin la formation, l'avenir de l'équipe réserve et les récentes signatures de jeunes joueurs « Les centres de formation à l'étranger c'est en projet mais pas encore entrepris. On va aller à Madagascar dans un ou deux mois. Pour les partenariats avec des clubs de National, c'est en cours. On veut aller plus loin que le partenariat. Il faut maîtriser le partenariat . » « La survie de la réserve en CFA. J'ai une obligation familiale donc je ne pourrai pas assister au match. Je suis ça de près. C'est pas nouveau. Ça dure depuis plusieurs années. On reprend tout à 0. On n'a pas d'équipe réserve. C'est pas sérieux. Et pourtant avec ça on est monté en Ligue 1. Il y a du boulot croyez-moi. Il faut bien comprendre que c'était très difficile cette année. Heureusement l'équipe a été bien solidaire et c'est pourquoi on est reconnaissant envers certains. » « On a signé des jeunes pros du club, mais ça ne veut pas dire qu'ils joueront en pro. Il faut qu'ils travaillent. En les signant, on prépare simplement l'avenir. » F.P., le 20 mai 2008 Dans la presse :
(*) à propos de Boavista :
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