Le péril CFA est à la mode La dernière « mode » à Nantes consiste à se préoccuper de l'avenir de la réserve des Canaris, tandis que les derniers succès de l'équipe première ont fait taire les inquiétudes prématurées et outrancières. Après le possible limogeage de Michel Der Zakarian, il a même été question de celui de Stéphane Moreau. Il est vrai que pour annihiler à jamais l'espoir d'un renouveau nantais, il ne reste plus qu'à jeter le discrédit sur les techniciens du centre de formation, comme si la formation à la Nantaise était le frein ultime à la nouvelle ère nantaise vantée par l'inénarrable Pascal Praud.
L'affront fait à Praud Bizarrement, les dirigeants nantais se rapprochent de plus en plus des bancs ces derniers temps. On en décela les prémisses à Brest, sans doute pour des raisons d'infrastructures locales, avec Kita, Praud, Robin, Larièpe. Pascal Praud y vécut d'ailleurs un véritable affront en fin de rencontre lorsqu'il alla au devant du parckage nantais pour, futile seigneur, offrir le maillot de Djordjevic à la plèbe supportrice. Le maillot sous sa veste, il arborait un grand sourire béat. Celui-ci se figea lorsque se rapprochant de plus en plus des supporters, il distingua l'adjectif qui accompagnait son nom. Après quelques hésitations et un va et vient du maillot à l'extérieur et à l'intérieur de sa veste, il rebroussa chemin. Certains « méchants supporters » n'étaient sans doute pas près de lui pardonner les quelques lamentables qualificatifs qu'il employa pour les décrire lorsque Kita voulut en découdre avec eux à Guingamp... Attention, ils se rapprochent tous du banc A domicile, face à Bastia, Kita vint offrir l'accolade à son coach. Quelle jolie joie spontanée et dénuée de toute hypocrisie ! Kita, souvent sur le banc à Lausanne au grand dam des hommes en noir, devait parfois être retenu par sa garde rapprochée lorsqu'il s'apprêtait à en découdre avec les arbitres dans leur vestiaire. Qu'on se le dise, Kita se rapproche du banc ou plutôt de ses jolis sièges chauffants, si importants en Ligue 2 puisque seul l'Olympique Lyonnais en avait déjà fait l'acquisition. Larièpe assis à coté de Moreau Larièpe, qu'on n'a jusqu'ici pas vu souvent au chevet de la réserve, tandis que le retraité Budzynski ne rate jamais ce genre de rendez-vous courageux, était assis sur le banc à Lecointre cet après-midi. C'était la conclusion logique d'un grand ramdam fait autour de l'équipe de Stéphane Moreau cette semaine. Le banc de la réserve, il le connaissait à l'OM puisqu'il en fut un coach éphémère. Il avait remplacé Gransart, promu directeur du centre de formation fin 2005, avec pour objectif la remontée de l'équipe B de l'OM en CFA. Un peu moins de deux ans plus tard, l'OM squattait toujours la CFA 2 et Larièpe fut dès lors convié à une autre destinée interne avant de répondre favorablement à l'appel de Kita, lequel n'avait rien trouvé de mieux, dès son arrivée, que de clamer qu'il n'y avait personne pour bien s'occuper du centre de formation nantais. On avait vite compris et dit où le nouveau président voulait en venir… Personne ne jettera la pierre à Larièpe, car on sait combien le rôle d'entraîneur d'une équipe réserve est délicat. Mais on comprend aussi qu'il n'a pas envie, à Nantes, de voir son nom associé à une nouvelle descente (1), tant il a pris des décisions sujettes à caution cet hiver. On connaît ses explications. Nous avons émis dans de précédents articles nos doutes sur leur bien fondé sportif à comparer à des objectifs davantage économiques et marchands. La vie difficile d'une réserve Il y a beaucoup de raisons diverses et variées pour expliquer les difficultés de l'équipe de Stéphane Moreau. En début de saison, il y eut à la fois un retard dans la préparation physique, des blessés, de très nombreuses nouvelles recrues sensées combler un « trou générationnel » recensé de longue date, et des jeunes qui devaient assumer un rôle important à des postes clés. Aurélien Marty ou le nouveau Bottazzini eurent bien du mal au milieu, Traoré et Voavy manquaient les premières rencontres, Sekour ne semblait pas savoir où il habitait, Bocundji Ca fit sa première apparition en même temps que Das Neves qui revenait de blessure, tandis que Vainqueur manquait toujours à l'appel pour les mêmes raisons... Les recrues de l'hiver arriveront cet été… Si bien qu'il fallut attendre le mois de décembre pour assister aux premiers signes d'embellis. Les bons matchs de Vainqueur et Sekour n'y furent pas pour rien, tandis que Ca et Keserü eurent la bonne idée de signer leurs adieux par un but décisif chacun. Avec eux, El Mourabet et le meilleur buteur, Faneva Andriatsima sont partis. Larièpe avait annoncé l'arrivée de « matière première » africaine pour combler les départs. Le problème est que ces deux joueurs n'arriveront que cet été…. Quant au jeune Coureur, à qui on a promis quelques piges en équipe fanion, le moins que l'on puisse dire est que pour l'instant, il est loin, très loin du compte. Il faudra donc être patient. Mais puisqu'il vient de National, on ne peut s'empêcher d'avoir une pensée pour Frédéric Sammaritano qui brille à Vannes et est l'actuel meilleur buteur de ce championnat. Ouf ! Voavy n'avait pas joué en équipe première Il est un autre petit gabarit, Paulin Voavy, qui brille avec la réserve. On se dit qu'il est heureux qu'il n'ait pas fait, comme son ami Andriatsima, quelques piges avec Der Zakarian, car, on peut en émettre l'idée, Larièpe lui aurait trouvé une autre équipe où son talent s'exprimerait mieux. Les « lofteurs », sauf Heinz, rejouent Quant à Norbert, Diop et Thicot, on se demandait où ils étaient passés ces dernières semaines et qui prenaient la responsabilité de ne pas les faire jouer avec la réserve. Il aura donc fallu que Larièpe sonne la charge pour les voir réapparaître sur une pelouse le week-end. On n'ose émettre l'idée que Larièpe avait demandé quelques semaines plus tôt que ces mêmes joueurs ne jouent plus... Nous n'en savons rien, c'est juste une éventualité qui nous titille le mauvais esprit. Dans ce retour des « lofteurs sans loft », il manque malgré tout le premier protégé de Kita, Marek Heinz. Le Tchèque dont le salaire doit couvrir à lui-seul celui d'une vingtaine d'administratifs, serait officiellement blessé du fait d'une pubalgie. A son retour de blessure devra-t-il jouer avec la réserve comme les jeunes pousses nantaises, Das Neves et Vainqueur ? Ce serait dans la logique du discours rassembleur de Larièpe, pas dans celle de Kita : « on n'achète pas des joueurs pour les mettre sur le banc… » Le spleen Vainqueur Avant d'affronter trois autres mal classés (Moissy, Aurillac, Les Sables), les Nantais renforcés espéraient donc gagner enfin à domicile face à Fontenay. Les pros étaient-ils motivés ? Le discours rassembleur avait-il été entendu ? Les joueurs sur la pelouse n'avaient-ils pas plutôt l'impression d'être les dindons de la farce ? A dire vrai la motivation ne transparaissait pas réellement lorsque les 11 canaris prirent position avant le coup d'envoi. Vainqueur ne donnait pas l'impression d'être heureux de son sort. Il est difficile de lui en vouloir, lui qui n'a eu le droit qu'au banc de Der Zakarian, avant de « redescendre ». On se plaint du manque de jeu en équipe première, mais on lui préfère un Shereni ou un Capoue… Associer Vainqueur, Faty et De Freitas dans l'entrejeu ne nous paraît pourtant pas comme un incongruité sans avenir… Vainqueur a donc joué « boudeur ». Il n'a pas donné sa pleine mesure, mais le peu qu'il a concédé a suffit à démontrer encore une fois qu'il a sa place au-dessus. Lorsque à la 40 ème minute il dégagea un ballon après le coup de sifflet de l'arbitre, il eut droit à un avertissement. Son geste trahissait sa mauvaise humeur. La preuve que lorsque le recruteur en chef appelle à la mobilisation, il n'amuse et n'abuse personne… Les Vendéens avaient exécuté le même geste que celui de Vainqueur quelques minutes plus tôt sans être sanctionnés. Arquin avait reçu lui aussi un carton pour une faute de mauvaise humeur. Il ne bénéficia pas, comme deux Vendéens auparavant, des gentils avertissements verbaux de l'arbitre. Vainqueur était donc sous la menace. Ce qu'on pressentait arriva à l'heure de jeu. Il fut expulsé pour une faute sur un adversaire qui en profita pour rester longtemps au sol… Vainqueur qui devra purger son expulsion, savait dès lors qu'il ne serait pas appelé plus haut le prochain match. C'est souvent comme ça… Davantage d'envie au retour des vestiaires C'était d'autant plus dommageable que les Nantais étaient revenus sur la pelouse après le repos avec d'autres intentions. Il y avait enfin du pressing et du rythme. Fontenay n'avait rien d'un ogre, malgré une belle frappe sur la transversale en première période (39') qui répondait à une tête de Thomas bien captée par le gardien vendéen (3'). Bref Nantes semblait pouvoir enfin l'emporter. Mais réduits à 10, avec pour conséquence l'entrée en jeu de Bottazzini à la place de Norbert, ils furent contraints de davantage calculer. C'était dommage. On regrettait la sortie de Vainqueur et le manque de percussion et d'adresse devant. On ne pouvait s'empêcher de penser qu'avec Andriatsima, Nantes l'aurait emporté…. Le sauvetage de la CFA est donc remis à plus tard. L'artificielle opération de rapprochement avec le groupe professionnel n'a pas fonctionné et ce sont le jeune gardien Bovary, l'arrière gauche de circonstance Lusinga et le virevoltant Voavy qui se seront au final montrés les plus convaincants… Quant aux 18 ans, la veille, ils ont gagné sans trop forcer, mais avec talent et cohérence, face au Stade Brestois. Seule ombre au tableau, la blessure du très talentueux surclassé Sasso qui souffrirait d'une fracture du métatarse du pied droit. |