Des références douteuses Quand il arriva au FC Nantes, Jean-Luc Gripond se fit fort d'impressionner son monde. A une question qui lui fut posée, quelles sont vos références en matière de football, le fat répondit instantanément : « je connais parfaitement. Pensez : lorsque j'étais enfant, mon père m'emmenait voir les matches de l'Olympique de Marseille, au Vélodrome. »
Le petit Jean-Luc n'avait guère grandi, du moins mentalement. Sinon, il se serait abstenu d'un tel rapprochement, il aurait su qu'en matière de football la culture nantaise se situait aux antipodes de celle de Marseille. Remarquez, Gripond est parvenu à les rapprocher quelque peu. Il a apporté à Nantes le pire de l'OM : des transferts en masse, certains un peu douteux, la valse des techniciens, des effets d'annonce, un petit séjour en Ligue 2… Avant lui, Nantes n'avait jamais versé dans de tels excès. Jamais non plus il n'était redescendu. Pourquoi attendre avant de dire ce qu'on pense ? Waldemar Kita envisage très sérieusement de faire mieux. Aller chercher à Marseille un « spécialiste » des centres de formation ! Quelle référence là encore ! Bon, certains lecteurs vont sans doute nous faire un procès : qu'est-ce que vous avez contre Christian Larièpe ? Faut attendre avant de juger ! Attendre, attendre. Ce sont les mêmes qui assuraient : attendons avant de condamner Gripond, c'est un grand capitaine d'industrie quand même. Attendons avant de condamner Roussillon, c'est le bras droit de Dassault. Attendons, attendons… Eh bien on a vu les résultats… Alors, avec Larièpe, il faudrait faire pareil : attendre qu'il ait coulé le centre de formation ? Le laisser venir sans rien dire et puis ensuite, quand le mal serait fait, jouer les effarouchés : ah oui, on n'aurait pas dû… Un responsable de centre de formation n'est pas un mercenaire La vérité est que le FC Nantes n'a pas besoin de ce technicien qui ne connaît absolument rien à la culture nantaise. Le responsable d'un centre de formation est, quasiment par définition, attaché à son club. Il travaille sur la durée, selon une philosophie qu'il contribue à établir. Larièpe, c'est tout le contraire. Un jour, il est à Lausanne, un autre à Saint-Etienne, un autre à Marseille… Demain à Nantes ? Et après-demain ? N'ira-t-il pas où son ami Kita l'appellera ? En Ecosse, en Ukraine ou en Suisse, selon le vent des affaires. Peut-être dans un autre club français. Vous parlez, si Diouf tient à lui ! En outre il commence par nous raconter n'importe quoi. « Je suis lié par contrat avec l'OM, il faut que je demande la permission de partir à Pape Diouf… » Il nous prend vraiment pour des idiots : qu'est-ce que Pape Diouf en a à faire de Larièpe ? Il sait très bien que s'il le laisse partir, il n'aura ensuite qu'à tapoter légèrement sur son portable et, hop, il y en aura dix de la même veine qui arriveront… Qu'il joue à ne pas être d'accord, histoire d'encaisser un petit chèque est de bon ton, mais ça n'abuse personne. Si Larièpe embêtera quelqu'un en quittant les bords de la Méditerranée, c'est plutôt Lorik Cana avec lequel il a ouvert un magasin à Cassis. Eh oui, s'occuper de la formation à l'OM, ça laisse du temps et puis, faut bien vivre, non ? La liaison Lausanne – Saint-Etienne Kita et Larièpe se connaissent donc bien, ils ne s'en cachent d'ailleurs pas. Ils ont opéré ensemble à Lausanne. Et lorsque Larièpe est allé à Saint-Etienne, il a conservé des contacts avec le club vaudois. Les Verts ont ainsi acheté Baudry, Kuzba, Masudi, Chaveriat et Hellebuyck. A part le dernier, on ne croit pas que ces recrues ont laissé de gros souvenirs dans le Forez. Mais Kita est formel : « Larièpe a fait du bon boulot à Saint-Etienne ». Laurent Guyot en a réalisé du aussi bon et même sans doute déjà du meilleur à Nantes, comme l'a indiqué FCNantais dans un précédent article. Et pourtant Kita veut enrôler quelqu'un d'autre, de moins compétent probablement et qui en tout cas ne sait pas grand chose de la maison jaune. « Il faut changer et s'adapter au football moderne » lance Kita, formule qui ne signifie strictement rien. Comme si le mot moderne était magique. Comme si Gripond ne nous l'avait pas déjà resservi à toutes les sauces, y compris les plus avariées. Au lieu de continuer à changer sans cesse, comme c'et la cas depuis 2001, il vaudrait mieux revenir à nos valeurs. Une équipe fanion qui joue au foot et les autres, des plus petites au CFA, qui évoluent toutes de la même manière. Il fut un temps où deux clubs seulement en France procédaient ainsi, oeuvrant en profondeur à partir d'une même philosophie, d'ailleurs opposée. C'était Nantes et Auxerre. Nantes a commencé à changer quand Gripond est arrivé. Il est descendu. Auxerre change depuis que Roux est parti et même si nous n'éprouvons pas une admiration démesurée pour l'ancien sachem de Bourgogne, notamment au niveau de ses conceptions tactiques, ce n'est guère s'avancer que de pronostiquer la prochaine plongée de l'AJA. Les rares satisfactions, c'est encore le centre Au lieu de remettre des recettes qui ont fait leurs preuves au goût du jour, de faire preuve de rationalisme, d'intelligence, Kita veut continuer la politique du n'importe quoi . Pourvu que ça mousse ! Quand il dit : « personne aujourd'hui dans le club n'est capable de prendre la formation en mains, il n'y a personne dans la région qui le soit… » , il se montre insultant. Qu'en sait-il ? Il connaît tout le monde ? Il sait où habite un dénommé Raynald Denoueix ? Il est allé le consulter ? Lorsqu'il parle de garderie à propos du centre de formation, il semble aussi exagérer quelque peu. Et quand il interroge, mettant en cause la fait que peu de joueurs aient percé : « à qui incombe la faute ? A ceux qui les ont fait venir ? Aux parents ? Aux éducateurs ? Aux jeunes ? », il oublie les dirigeants. Eh oui, ceux qui préfèrent acheter des mercenaires plutôt que de donner leur chance à des jeunes. Qu'on nous comprenne bien : nous n'avons rien contre les joueurs venus de l'extérieur, mais à condition qu'ils aient de la valeur, qu'ils soient des renforts et non des recrues, qu'ils sachent jouer, qu'on les fasse venir d'abord par intérêt footballistique et non pour tenter des opérations commerciales (qui se révèlent souvent désastreuses). Si on y regarde bien, la plupart des joueurs qui ont donné satisfaction au cours des six années de plomb que nous venons de vivre provenaient du centre de formation. Et, financièrement parlant, ce sont encore deux d'entre eux, Dimitri Payet et Emerse Faé, qui ont le plus contribué à renflouer les caisses cet été. Au lieu de critiquer, de détruire, Kita aurait dû mieux se renseigner. Plutôt que vouloir réduire le budget du centre de formation (en embauchant un technicien-ami qui sera payé !) il ferait mieux de le gonfler un peu. Faire venir de bons jeunes, leur enseigner le jeu à la nantaise (et non à la suisse ou à la marseillaise), leur donner leur chance, créer ou entretenir une véritable osmose entre les entraîneurs de l'équipe fanion, lesquels, par les temps qui courent, ne respectent guère l'héritage d'Arribas, et les techniciens du centre, c'est si dur que ça ? A moins que Larièpe aidant, le but ne consiste à aligner le jeu des équipes du centre sur celui prôné par Derzakarian ? Dans ce cas autant jumeler le centre José Arribas avec le SNUC. Au moins ce sera tendance…
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