Les Canaris ont signé leur retour en Ligue 2, après 44 ans parmi l’élite, par une superbe victoire (5-0) face au Stade de Reims. Sans doute l’opposition, minée par des conflits internes et par une préparation perturbée, n’était pas de celle à pouvoir étalonner réellement le FC Nantes avec cette Ligue 2 qu’on nous promet comme terrible. Il n’empêche que dans la manière les Canaris ont montré qu’ils étaient prêts à relever le défi au milieu d’une Beaujoire qui retrouvait enfin le sourire et la joie d’exulter. Et dire que notre pleutre Ligue souhaitait que ce match se déroule à huis-clos ! Le contraste était en tout cas détonnant entre la colère et l’envahissement de la pelouse face à Toulouse en mai dernier et la liesse populaire chaloupant durant cinq minutes dans une vaste hola ininterrompue jusqu’au dernier but du grand bonhomme de la soirée : Mamadou Bagayoko. (F.P.)

Il faisait beau, la Beaujoire était aussi pleine qu'elle le pouvait ( lire le témoignage de supporters qui n'ont pas pu pénétrer dans l'enceinte ) et, la nuit tombée, elle a accompagné son équipe jusqu'au dernier but de Bagayoko par une longue Holà. Il n'y avait plus de bannières hostiles, plus de Gripond, de Roussillon ou de Dassault à vilipender. Une page de l'histoire du club s'est tournée durant cette intersaison, et même s'il a fallu en passer par un intérim improvisé, le FC Nantes a ouvert cette nouvelle page de la plus belle des manières en atomisant de pauvres Rémois, victimes expiatoires embourbées dans de tristes problèmes internes.

Capitaine Da Rocha devant c'est payant
« Maintenant ce qu'on veut c'est gagner ! » avait clamé l'impeccable Da Rocha, dont la fidélité au club a été saluée par La Beaujoire. Il ne pouvait rêver meilleure entame, lui qui aurait du se trouver un nouveau port d'attache de fin de carrière si le triste Gripond avait pu mener jusqu'à son terme son grand ménage paranoïaque. Les partenaires de Da Rocha, dont 5 à 6 nouveaux, avaient même pour certains la larme à l'œil à l'image du jeune arrière gauche Maréval. La Beaujoire, forte de plus de 27.000 spectateurs en liesse, chavirait et fêtait ses nouveaux jaunes tout en oubliant déjà que le FC Nantes n'évoluait plus qu'en Ligue 2. Elle se félicitait elle-même aussi, d'une certaine manière, d'avoir contribué au ménage de ses funestes têtes mal pensantes qui les obligent désormais à chambouler leur emploi du temps familial en se déplaçant au stade le vendredi ou le lundi soir.

Le public avait, on s'en souvient, demandé le maintien de Savinaud et de Da Rocha. Savinaud est désormais le capitaine de l'En-Avant de Guingamp. Da Rocha est celui du FC Nantes. Et ce Da Rocha là est bien plus utile devant que ce soit à droite ou dans l'axe, qu'au poste de milieu défensif. D'une certaine façon le forfait de Moullec a bien servi cette évidence qui ne semblait pas avoir encore effleuré l'esprit de Michel Der Zakarian durant les matchs amicaux.

Der Zak' entre joie et regrets
Le coach nantais dirigeait là, vraisemblablement, son avant dernier match et donc son dernier match à La Beaujoire. Lui non plus ne pouvait pas rêver meilleurs adieux. Il pourra aussi nourrir de réels regrets de ne pas continuer l'aventure avec un groupe qu'il a réfléchi avec Xavier Gravelaine. Car, il faut bien l'admettre, cette éclatante victoire, lui donne entièrement raison. Elle n'est qu'une victoire à confirmer, notamment à l'extérieur dans un environnement moins porteur et face à des adversaires moins perturbés et attentistes. Mais elle constituait l'encourageant point de départ d'une saison, pas celui d'un entraîneur.

Même si nous continuons de penser que Der Zakarian n'a pas le profil de l'emploi, sur le long terme, il reste un amoureux du FC Nantes et nous craignons, à entendre le nom de son remplaçant probable, Jean-Pierre Papin, que le FC Nantes ne se fourvoie encore. La valse des entraîneurs de l'intersaison semble décidément montrer que ce poste n'a plus grande importance dans le football moderne. Et ceux, de la profession, qui jouent avec cette « interchangeabilité » pour remplir leur porte-monnaie ne font qu'accroître ce sentiment.

Par pitié pas Papin ! (*)
A Nantes pourtant, l'entraîneur doit être quelqu'un de central, porteur d'un projet de long terme. Il doit s'inscrire dans une filiation et il a aujourd'hui à participer à un projet global qui passe par la résurrection du centre de formation. Jean-Pierre Papin n'a évidemment pas le profil requis et nous préférons de loin ne pas changer d'entraîneur plutôt que de voir débarquer à Nantes un ex-partenaire de Barthez, débarqué de Strasbourg. Cela nous rappelle surtout l'affaire Laurent Blanc et la détestable influence d'un Jacques Vendroux toujours prompt à placer ses amis en bleus, avec la finesse d'un bulldozer. Blanc à Bordeaux et Papin à Nantes, voilà qui aurait fait jubiler l'ex-salarié des Girondins et des Verts de Saint-Etienne. Le mélange des genres ça le connaît.

Des débuts en fanfare
Les coulisses de La Beaujoire ont en tout cas été oubliées durant plus de 90 minutes pour cette première rencontre de Ligue 2. Et le moins qu'on puisse dire est que les choses n'ont pas traîné. Ainsi, la fébrilité rémoise donnait le ton de l'opposition dès la première minute quand un ballon perdu dans l'axe parvint sur la gauche. Capoue ne put malheureusement pas en profiter pleinement puisque son centre ne fut pas repris. Les Rémois réagirent immédiatement sur un coup franc de Fauré qui ne trouva pas le cadre du but d'Heurtebis (2').

Goussé se régale
Après deux ballons à nouveau perdus dans l'axe par l'arrière garde rémoise, les Nantais trouvèrent enfin la faille. Dans la surface, Bagayoko fixa la défense avant de tirer, ou centrer. Goussé avait senti le coup et devancé son adversaire pour tromper l'infortuné Liebus (8'). C'était déjà logique. Reims ne parvenait pas à « sortir » et était « mangé » dans l'entrejeu. Da Rocha était le plus souvent à l'origine des enchaînements et de la « désorganisation offensive » si chère à Raynald Denoueix. A gauche, Capoue et Bagayoko croisaient les courses, tandis que Goussé profitait des espaces et harcelait les timides relances adverses. Là était le secret de cette bonne entame.

Baga met sa tête
Peu après le but Capoue bénéficiait d'une bonne déviation de la tête de Bagayoko, mais ne cadrait pas sa frappe. Ça n'était que partie remise puisqu'à la suite d'une action construite Da Rocha pouvait centrer au second poteau pour une reprise lobée de la tête de Bagayoko. Le premier quart d'heure se terminait et Liébus allait chercher le ballon pour la deuxième fois au fond de ses filets (16'). Les centres allaient d'ailleurs être la signature des autres occasions nantaises jusqu'au repos : Capoue pour la tête de Goussé (19'), De Freitas sur coup franc pour la tête de Bagayoko (27'), combinaison Thomas, Da Rocha pour en centre en retrait repris par Goussé et stoppé par Liébus (35'), enfin dernier centre repoussé de Maréval (38'). Le même Maréval qui dû endiguer en dernier ressort la seule opportunité des Rémois en cette première mi-temps (32')

Reims à l'agonie
Thierry Forger décidait à la mi-temps de changer de schéma offensif avec l'entrée en jeu de Shiva N'Zigou et de Cuviller à la place de Tourenne et de Yachir. L'entrée du jeune espoir nantais devenu rémois eut pour effet de forcer Heurtebis a tester sa nouvelle paire de gants pour la première et unique fois de la partie à la suite d'un centre initié par un bon décalage trouvé par N'Zigou.

Et de trois pour Goussé
Voilà, c'était tout pour le stade de Reims puisque les Nantais eurent la bonne idée de creuser définitivement l'écart rapidement et en quelques minutes sur le modèle de la première mi-temps. Goussé en profitait même pour signer ses deux et troisièmes buts avant de sortir, ovationné, pour laisser la place à Keserü qui devait alors se dire qu'il y avait de quoi se faire plaisir en cette belle soirée.

Lorsque le Roumain entrait sur la pelouse, peu avant l'heure de jeu, les beaux panneaux d'affichages de La Beaujoire affichaient déjà fièrement un étonnant 4-0. Goussé avait en effet transformé un penalty généreusement accordé à Mamadou Bagayoko par monsieur Fraise (52'). Quatre minutes plus tard, une splendide ouverture de Guillon parvenait à l'homme du match, Bagayoko, qui fixait l'adversaire de quelques grigris avant de centrer pour Goussé dont la tête, une fois encore lobée, trompait Liébus (56').

Les Canaris ne faiblissent pas
Dès lors, forts de ce net avantage, les Nantais auraient pu tranquillement gérer la fin de la rencontre en pensant à leur prochain match contre Châteauroux vendredi, dans un calendrier made in LFP-TV auquel il faudra s'habituer. Il n'en fut rien et c'est sans doute ce qui contribua à la communion finale avec La Beaujoire. Pas de relâchement, à l'image de l'infatigable Shereni au milieu, et pas de tentations personnelles non plus. Tandis que Keserü, puis Norbert, puis Bocundji Ca firent leur entrée en jeu, les Nantais continuaient d'harceler les premières relances adverses. Il n'y eut certes pas beaucoup d'occasions nettes à se mettre sous la dent, si ce n'est les tentatives pleines d'appétit de Keserü, mais l'application nantaise faisait réellement plaisir à observer.

Et, alors que la hola durait depuis quelques minutes déjà, Bagayoko clôtura cette belle soirée d'une facile percée coté gauche avant d'achever Liébus d'un tir croisé qui finit dans le petit filet opposé. La Beaujoire pouvait se laisser aller et fêter ses nouveaux héros déclassés, lesquels méritaient amplement cette première communion de l'année, tout en espérant en connaître d'autres, même avec d'autres chefs.