Parti le joueur qui devait incarner le renouveau nantais ! Le train Jaune, cette fois, est de nouveau sur les rails. Rudi Roussillon et Jean-Luc Gripond sont passés par la fenêtre, plombés par leur incompétence footballistique et leurs incohérences. Luc Dayan et Xavier Gravelaine ont remis la locomotive en marche.
On a pu croire que tout allait changer, même si le club demeure à vendre, situation qui semble quand même gênante pour tout projet à long ou même à moyen terme. L'ennui est qu'on ne s'est pas encore aperçu que le conducteur du train a changé. Notamment sur le plan sportif. Les deux premières décisions de Xavier Gravelaine ont été strictement les mêmes que celles prises par Rudi Roussillon. Il a d'une part confirmé Michel Der Zakarian à son poste d'entraîneur et d'autre part délivré définitivement son bon de sortie à Dimitri Payet. Le joueur qui devait incarner le renouveau nantais est donc déjà parti. Sans doute était-il difficile de le retenir : il avait reçu des offres de Saint-Etienne dont les ambitions sont autres que celles de Nantes. Sportivement et financièrement, il est assez logique qu'il ait pris la destination du Forez. Der Zakarian avait vexé Payet à Saint-Etienne…. D'autant qu'il n'était pas non plus très chaud, c'est le moins que l'on puisse écrire, pour poursuivre sa carrière en Ligue 2, avec Der Zakarian. On espère que ce dernier aura noté le paradoxe : le 7 avril dernier, il avait cherché à humilier ou à vexer Payet sur la pelouse de Geoffroy-Guichard. Or, aujourd'hui, c'est Saint-Etienne qui, malgré tout, vient embaucher l'un des derniers fleurons de la Maison Jaune et en quelque sorte le désavouer. Le 7 avril, rappelez-vous, nous étions six jours après le désastre face à Sedan. Payet avait donc été exclu alors que Fabien Barthez avait été maintenu, malgré sa bévue et sa désertion du dimanche précédent. Mais il était des suppôts de Calamity Fab pour prétendre que Barthez « était un grand professionnel » et que Payet prenait son métier par dessus la jambe. On aurait plutôt tendance à penser exactement le contraire. Après un peu plus d'une heure de jeu, alors que les Verts menaient 2-1, Der Zakarian avait fini par lancer son attaquant gauche sur la pelouse, faisant alors reculer Fred Da Rocha en milieu de terrain. D'entrée, Payet avait provoqué l'expulsion de Mouhamoudou Dabo, lequel, pour l'arrêter, n'avait pas trouvé de meilleur moyen que de le sécher brutalement. Il avait écopé d'un carton jaune, le deuxième. Mais durant la demi-heure qui restait, Nantes s'était montré incapable d'exploiter sa supériorité numérique et d'égaliser. Et Der Zakarian, à la 80è minute, avait rappelé Payet sur le banc pour faire entrer Keserü. L'entrée en jeu du Roumain avait paru logique, la sortie de Payet un peu moins car on se demande ce que l'entraîneur nantais lui reprochait à cet instant. Il n'était pas étincelant, il n'était pas non plus, loin s'en faut, le plus mauvais et se priver de lui alors qu'il fallait absolument marquer et qu'il était encore frais avait paru quelque peu incongru. C'est peut-être ce soir-là que le ressort des relations entre les deux hommes s'est cassé et que Payet a pensé que son avenir ne s'écrirait pas à Nantes dès lors que Der Zakarian en conserverait les rennes techniques. Au même prix que Roussillon et Gripond En confirmant l'ancien Montpelliérain à son poste, Gravelaine n'a donc pas à priori vraiment chercher à retenir le joueur. De toutes façons, on l'a dit, la mission était peut-être difficile et aujourd'hui, comme hier, le FC Nantes a besoin de faire rentrer de l'argent dans ses caisses. Or, à ce sujet, il nous semble que Gravelaine n'a pas tout à fait rempli le contrat qu'il s'était assigné. Quand il avait évoqué la vente éventuelle de Payet, il s'était exclamé : « peut-être mais pas à trois ou quatre millions d'euros », laissant clairement entendre que les braderies du FC Nantes étaient terminées. Le problème est qu'il n'a pas fait mieux que Roussillon et Gripond ! Fait-on le maximum pour garder Da Rocha ? Der Zakarian demeurant en place, on peut donc s'attendre à la poursuite des opérations engagées précédemment. Place aux combattants et aux guerriers au détriment des techniciens et des créateurs. Dimitrijevic ne va sans doute pas être retenu alors qu'un ou deux éléments aux talents incertains, de préférence défensifs, vont être achetés. Le cas de Frédéric Da Rocha est en suspens. La nouvelle direction qui sait qu'elle va être jugée sur ce dossier avance qu'elle souhaite le conserver. Mais on n'est pas sûr qu'elle accomplisse le maximum pour y parvenir. Il ne faudrait pas qu'elle présente des offres difficilement acceptables à Fred et prétende ensuite que c'est lui qui a décidé de partir ! Da Rocha a suffisamment montré son attachement au maillot nantais pour qu'il ne puisse être suspecté : il n'a rien d'un mercenaire et il ne passera pas dans quinze clubs au cours de sa carrière. Gravelaine, revenons à lui, ne se distingue pas pour l'instant par une grande lucidité. Pour expliquer le maintien de Der Zakarian, il a asséné : « il n'est pas responsable de la descente ! » Ah bon ! C'est qui alors le responsable ? Entendons-nous bien : nous n'accusons pas Derzoum d'avoir précipité Nantes en L2, il est même évident qu'il a hérité d'une situation compromise mais il est tout aussi évident qu'il n'est pas parvenu à la redresser. Il est autant coupable que ses prédécesseurs. Au moment d'annoncer l'arrivée au poste d'adjoint de Baptiste Gentili, le conseiller sportif nantais a d'autre part asséné : « ce sera un vrai adjoint, il sera là pour épauler Michel, pas pour le cisailler ! » Voulait-il dire que dans un passé récent les adjoints de l'entraîneur le cisaillaient ? Qu'il nous rassure : ce n'est quand même pas Michel qu'il visait ? Parmi ses autres maladresses, on notera cette déclaration au bi-hebdomadaire France-Football : « d'après ce que je sais, il y a des clans, que ceux qui les composent aillent créer une association ailleurs et sortent du club. » Euh, mais s'il y a des clans, tout le monde appartient au moins à l'un d'eux. Donc, il ne va plus rester personne… En outre, était-ce si gênant qu'il y ait des clans anti-Gripond ? Le seul reproche qu'on puisse leur adresser est de n'avoir pas été suffisamment garnis et efficaces pour provoquer plus tôt le départ de Croquemort. Et puis, il n'est guère d'exemple où la pensée unique ait contribué à l'amélioration et au bien-être d'une société, sinon à celui de ses dirigeants. Gripond et Roussillon étaient, eux aussi, des adeptes convaincus de la pensée unique : la leur. Rien que pour cela, cette sinistre référence, il serait bon qu'il y ait du changement. Vraiment !
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