On ne se fait pas d'argent dans le foot ? Le FC Nantes moribond, déclassé en seconde zone et accusant un déficit de près de 12 millions d'euros, selon Presse Océan du jour, intéresserait donc beaucoup de monde. Et dire qu'il y en a qui crient sur les toits qu'on ne se fait pas d'argent en investissant dans le football ! Les « intéressés » n'ont pourtant pas un CV de mécènes amoureux du « beau jeu ». Entre enjeux politiques (Augereau) ou économiques (les contrats : les vrais, les faux), le FC Nantes ne cesse pourtant, si l'on en croit les rumeurs, d'attiser les convoitises en tout genre.
C'est combien le FC Nantes ? Combien vaut ce FC Nantes rendu exsangue tant au point de vue sportif qu'économique par une direction d'incapables ? Entre la valeur réelle (pas grand chose) et la valorisation coup de cœur (en baisse), il est bien difficile de se prononcer. Une chose est certaine, il ne vaut plus , loin s'en faut, les 25 millions d'euros qu'avait « déboursés » la Socpresse en 2000. DNCG comme une lettre (d'intention) à la poste ? Vaut-il seulement le montant annoncé de la perte de l'exercice écoulé ? Pas sûr. Peut-être faudra-t-il attendre la décision de la DNCG pour savoir si ce FC Nantes méconnaissable n'est pas dans une situation financière plus grave encore que celle annoncée par la presse. Rudi Roussillon, Jean-Luc Gripond et Bernard Blanchet (celui de la Socpresse) défendront aujourd'hui l'indéfendable devant les instances (fantoches ?) du football professionnel hexagonal. Le montant de la perte d'exercice s'approcherait de celui qui avait valu une rétrogradation administrative en 1992. Mais encore une fois, Serge Dassault devrait rassurer tout son monde en sortant une lettre d'intention garantissant les pertes générées par son bras droit dispendieux et sensible aux paillettes. Une rumeur de reprise par jour Malgré la situation pour le moins catastrophique du FC Nantes, il ne se passe quasiment plus une journée sans qu'un nouvel acheteur frappe à la porte. Dans la presse cela assure généralement 2 ou 3 papiers. Le jour J : je divulge le scoop, J+1 : je confirme et détaille, J+2 j'infirme la rumeur avec force de démentis, auxquels on ne porte finalement pas beaucoup de « crédit ». Et pourtant nul n'est convaincu que Dassault veuille vraiment lâcher, entièrement ou partiellement, le rejeton renié. Kita se renseigne auprès de Pascal Praud Il est pourtant un nom qui n'a pas encore été évoqué, si ce n'est par FCNantais.com dans un article précédent. Un nom pas vraiment inconnu d'ailleurs puisque le nouveau postulant avait déjà tenté de reprendre le club avant que la Socpresse n'emporte l'âme du FC Nantes, avec la bénédiction de Jean-Marc Ayrault. Il se dit qu'entre le maire de Nantes et Waldemar Kita ça n'était déjà pas le grand amour. De retour en coulisse, l'investisseur Franco-polonais fut déjà poliment éconduit par la mairie il y a quelques jours. Un premier échec qui ne l'a manifestement pas arrêté, puisque Waldemar Kita aurait dîner vendredi dernier avec Pascal Praud (journaliste à LCI), afin d'obtenir de précieux renseignements sur l'état du FC Nantes. D'aucuns trouveront qu'il y a de meilleurs conseillés. Le journaliste lui aurait aussi parlé d'un concurrent à la reprise, l'ex-arbitre Jean-Marc Gonon, tandis que Waldemar Kita aurait fait valoir de puissants financiers à la remorque de son projet de reprise. La réussite de Kita Qui est donc ce Waldemar Kita ? Dans le milieu de l'entreprise où il fut plusieurs fois distingués pour ses bons résultats, on le surnomme le « visionnaire de l'ophtalmologie ». Ce franco-polonais arrivé en France à l'âge de 16 ans, en 1970, a en effet « réussi » avec sa société Cornéal, crée en 1987, à devenir le n°1 français et le quatrième groupe européen pour la conception et la fabrication de lentilles intraoculaires destinées à la chirurgie de la cataracte. D'aucuns y verrait un signe pour soigner l'aveuglement de nos dirigeants actuels… Ancien joueur de football au niveau amateur, il a aussi diversifié son activité en s'orientant vers l'esthétique et la cosmétologie. Une bonne pioche puisque, avec sa nouvelle molécule anti-ride, il s'est ouvert le marché européen avant d'être racheté par le groupe américain Allergan, fabricant du Botox, pour la modique somme de 170 millions d'euros. La faillite du Lausanne Sport Voilà pour la présentation élogieuse du sieur Kita. Pour ce qui concerne le football, la réussite est toute autre. Pourtant durant sa présidence au Lausanne Sports (en première division suisse à l'époque), le club helvète, fréquenté par Javier Mazonni ou l'ex-vert David Hellebuyck, avait à nouveau conquis des titres (deux coupes de Suisse, dont la première sous une présidence partagée avec son prédécessseur) et fréquenté la scène européenne (on se souvient d'une élimination face au FC Nantes). C'est lorsque Kita s'en alla que les choses se gâtèrent. Lausanne Sports, encore en première division pour une année, ne put jamais rembourser une dette de 2 millions de francs suisse. La dette augmenta et le club qui durant toute son histoire n'était jamais descendu en division inférieure fut rétrogradé bien plus bas encore. Aujourd'hui, bien que le désormais FC Lausanne Sport soit parvenu à remonter en L2 suisse, la faillite menace à nouveau le club, malgré un récent partenariat avec Sport Investments SCA, groupement financier ayant pour ambassadeur l'emblématique ex-joueur brésilien Pelé. Lausanne et Kita ou quand ta Katie t'a quitté Pour rembourser la dette, il aurait pu vendre des joueurs. Certains le font tout près de chez nous. Seulement Monsieur Kita, qui se déclarait volontiers en avance sur son époque, avait profité d'une structure étonnante (autorisée par Ligue suisse) scindée en deux, entre une SA, dont il était propriétaire, et l'association sportive. Ainsi il détenait les droits sur les transferts des joueurs, tandis que l'association honorait les salaires et ne pouvait réclamer son dû sur les mouvements de joueurs. De ce fait, lorsqu'il partit en laissant derrière lui un trou de 2 millions, et bien qu'il laissa, grand seigneur, plusieurs joueurs jouer encore un an pour le LS, l'association se trouvait sans moyens de rembourser la dette… Kita s'était aussi déjà intéressé au FC Nantes et à l'OGC Nice A l'époque de son retrait de Lausanne, Waldemar Kita indiquait qu'il souhaitait prendre du recul par rapport au football professionnel. Il est vrai qu'on n'a guère entendu parler de lui depuis. On le rappelle, il avait essayer d'investir au FC Nantes en 99, alors qu'il était l'actionnaire majoritaire du Lausanne Sports. Deux ans plus tard, il s'était tourné vers l'OGC Nice qui s'apprêtait à remonter en Ligue 1. On se souvient des décisions plus que discutables de la DNCG qui rétrogradait les Aiglons un jour et les réintégrait le lendemain. Les supporters du FC Metz, qui du coup faisait du yo-yo en sens inverse, s'en souviennent encore très bien. Florès, l'AS Rome, Dayan et Bietry, Kita, l'OGC Nice, le soufre marseillais, … L'OGC Nice était à l'époque entre les mains de l'AS Rome. Ce sont ces même investisseurs romains que le Directeur Général du FC Nantes, Alain Florès, avait essayé de faire entrer au FC Nantes en 1998, en tant que partenaires financiers. Après cet échec, Alain Florès eut d'ailleurs la possibilité de rejoindre l'OGC Nice. Mais un rapide état des lieux : investisseurs romains, BTP local, filiation de quelques personnages du milieu marseillais, lui firent préférer le calme des bords de l'Erdre à la promenade des Anglais. Ce genre de considération, pour une autre perspective il est vrai, ne dérangeait pas Waldemar Kita. Mais, en 2001, comme Dayan et Bietry sur le coup eux aussi, comme on se retrouve, le projet de reprise du franco-polonais ne fut pas retenu. On privilégia la « filière marseillaise ». Ce qui fit tant tergiverser (pour la forme ?) la DNCG. Du coup WK décida de quitter le milieu du football professionnel. Il revient aujourd'hui rôder du coté du FC Nantes, avec une solution de repli vers l'AS Cannes en cas de nouvel échec. On peut en tout cas remarquer que le monde des repreneurs est petit…
F.P., le 5 juin 2007
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