Le matin, « Aujourd'hui » avait donné le coup d'envoi. « Dassault devrait vendre » annonçait-il, le titre étant pour lui non pas un conseil mais une info. Le problème est que ce quotidien n'est plus à une connerie près : quelques jours plus tôt il avait assuré que Gérard Houllier avait signé au Dynamo de Kiev !
Reste que la nouvelle s'est répandue. Le nom de Luc Dayan s'était glissé dans l'article. Dayan est un spécialiste de ce genre de reprise ou plutôt d'annonce de reprise. Dès qu'un club est ou risque de se retrouver sur le marché, il arrive. L'ennui est que les capitaux qu'il promet ont souvent du mal à suivre. Parfois il dit qu'ils viennent du Qatar ou on ne sait trop de quelle provenance exotique. Il a été écarté, il y a un an, du dossier de vente du Paris SG. Il parlait de porter plainte. Il parle beaucoup Dayan ! Cela ne coûte pas cher. Dayan, ce serait un nouveau Gripond. Ni plus ni moins. Une autre rumeur a enflé, elle dit que c'est Synergie qui va acheter. Voilà qui risque de faire tousser Ayrault. Le maire de Nantes ne serait sans doute pas contre un autre Gripond, c'est tout juste s'il ne l'a pas soutenu l'autre jour dans sa conférence de presse. Mais le patron de Synergie lui donne, paraît-il, des boutons. Les informations, vraies ou fausses, plutôt fausses d'ailleurs, se succèdent ainsi à cadence accélérée et avant même le coup d'envoi, aux abords du stade, on assure « que Rudi Roussillon va parler dès la fin de la rencontre. » « Pour annoncer la vente » certifient les uns. « Pour dire qu'enfin il a viré Gripond, » espèrent les autres. La fin du match, la voici et Roussillon le voilà. Les micros se tendent, certains d'entre eux assurent depuis plus de deux ans que Dassault n'en a rien à faire du FC Nantes, ce qui est peut-être vrai, et qu'il va le céder dans les plus brefs délais, ce qui reste à prouver. Vont-ils enfin avoir raison ce soir ? « La porte n'est pas fermée pour Da Rocha et Savinaud » Eh bien pas du tout ! Rudi Roussillon déclare simplement que la vie du FC Nantes continue, sans changements immédiats, que Gripond reste, le sujet est d'ailleurs à peine évoqué, et qu'on fera un bilan à la fin du mois. « Comme je l'ai toujours dit » confirme-t-il. Bilan sportif et financier, précise-t-il. Le premier est pourtant déjà largement écrit… En fait Rudi Roussillon ne sort pas de scoops, se contentant d'assurer, si, si que l'objectif immédiat est de préparer le prochain match. « Qui ne se déroulera pas chez n'importe qui, rappelle-t-il, mais à Lyon, le club de France le plus en vue, le champion depuis six ans… » En fait, tout le monde se moque de cette rencontre. Concernant l'avenir des joueurs, il assure n'avoir rencontré aucun d'eux, son but étant de commencer des entretiens individuels cette semaine. « La porte n'est donc pas fermée pour Da Rocha et Savinaud lui est-il demandé ». « Absolument pas fermée », répond-il. Il est clair pourtant que le dossier des joueurs en fin de contrat que l'on voudrait conserver presse. Mais voyons, chapitre par chapitre, la teneur des principales déclarations présidentielles. Les incidents de la soirée « Ce qui est arrivé était une possibilité, note Rudi Roussillon. Les services de sécurité y avaient pensé. Mais ils croyaient que l'envahissement du terrain pouvait se produire à la fin du match et non quelques minutes avant cette fin. » On peut donc en déduire que c'est pour cette raison que les stadiers commencèrent à se déployer à cinq-six minutes de la fin. Ce qui amena les supporters à précipiter le mouvement, sachant qu'ensuite ils risquaient d'en être empêchés. De toute façon, l'envahissement de la pelouse devenait bien sûr une opération plus spectaculaire et médiatiquement plus intéressante en cours de match qu'après le coup de sifflet final. Il a été demandé à Roussillon pourquoi il avait quitté sa place avant l'envahissement du terrain, la question sous-entendant qu'il avait peut-être eu peur. Sa réponse : « j'avais des choses à faire, elles concernaient justement la possibilité que la pelouse soit envahie après le coup de sifflet final. » « Mais cette action était connue depuis trois jours ! » affirme un journaliste. « Vous aviez peut-être des informations, les services de sécurité ne prévoyaient pas, eux, une telle opération pendant la rencontre, je le répète. » La vente « Le déroulement de la soirée incite-t-il Dassault à vendre ? » est-il demandé à Rudi Roussillon. Réponse : « j'ai déjà dit plusieurs fois, dès janvier, et je l'ai redit cette semaine : un bilan sera effectué à la fin de la saison. Un bilan complet, total, approfondi. Un bilan sportif et économique, car il faut bien aussi considérer ce deuxième volet. Le bilan sportif n'est pas celui que nous espérions, nous avons gagné seulement quatre fois à la Beaujoire et je comprends la tristesse et la colère des supporters. » Roussillon, en fait, ne dit rien de définitif, sinon qu'il ne se passera aucun événement notable avant la fin du mois. Et il laisse clairement entendre que non, la cession du club n'est pas une priorité. Elle peut se produire, en fonction des offres, lesquelles éventuellement seront étudiées, cela n'engage à rien. Mais en tout état de cause Dassault n'est absolument pas pressé de céder le club, ce n'est pas à l'ordre du jour. La possibilité de démission de Rudi Roussillon « Le public a demandé votre démission ! » lance un journaliste. « C'est quelque chose de compliqué, répond RR. Il y a de la colère, mais je reçois aussi beaucoup, et cela peut vous surprendre, de témoignages de soutien et d'encouragement. Les critiques font partie de la fonction. A la reprise de l'entraînement, l'été dernier, 50 à 60 personnes étaient déjà là pour protester. » « Vous avez une part de responsabilité dans la descente ? » « Bien sûr. La responsabilité est collective, mais en tant que président j'ai aussi ma part. Comme les joueurs, comme tout le monde dans le club. » Rudi Roussillon n'entend donc pas partir, il dit même qu'il est « un gagneur » et que donc ce n'est pas dans ses habitudes de s'en aller sur un échec. Dommage que le cas Gripond n'ait pas été davantage abordé. L'avenir Puisque Dassault ne va pas vendre, puisque Rudi Roussillon va rester, il est logique de parler d'avenir. « Ne pas y penser serait grave, souligne d'ailleurs le président. Il faut déjà, effectivement, se projeter sur la saison prochaine. Sans faire d'effet d'annonce concernant la remontée mais en se préparant sérieusement et en y pensant. Il faut se préparer sur les plans sportif et économique, comme toujours, en sachant qu'évidemment nous aurons un budget de Ligue 2. Je vais rencontrer tous les joueurs individuellement, pour l'instant la porte n'est fermée pour aucun d'eux. » Les finances Sur ce point, Rudi Roussillon s'est montré clair, même si peu l'ont souligné : « s'il y a des problèmes financiers, on les assumera, » a-t-il assuré.
B.V., le 21 mai 2007
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