Gripond le « magouilleur », Roussillon le pompier pyromane. Si beaucoup, et notamment les lecteurs de FCNantais.com, ne seront pas surpris par les propos de l'ex-coach des Canaris, on soulignera tout de même la virulence de certaines de ses réponses. Traiter Jean-Luc Gripond de « magouilleur », c'est évidemment culotté. Dire que Roussillon « homme de Dassault mais pas du FC Nantes » n'a fait que se protéger « il m'a gardé comme fusible », « chercher le coup médiatique en permanence, c'est dangereux », c'est prendre le risque de se mettre à dos de futurs employeurs.
N'Doram et son recrutement à l'envers. Eo et sa trahison Serge Le Dizet n'épargne pas non plus Japhet N'Doram, ex-sorcier et attaquant inspiré devenu simple sbire défenseur de la méthode Gripond-Roussillon : « le recrutement a été fait à l'envers », ni son ex-adjoint Georges Eo : « il a vendu son âme, tant pis pour lui ». Pour rappel lorsque Serge Le Dizet, qui a constitué son staff en CFA, est choisi pour sauver le club, il décide de s'adjoindre les services de Georges Eo pour son expérience du poste. Georges Eo n'était alors plus entraîneur puisqu'il avait vu Loïc Amisse lui passer devant lors de la succession d'Angel Marcos, tout en perdant son poste au profit de David Marraud. Georges Eo avait oublié ce « repêchage » lorsqu'il s'était ouvertement porté candidat à la succession de Serge Le Dizet, alors que celui-ci, bien qu'ouvertement menacé, était encore en place. Eo a tenu une moitié de saison et détient à ce titre un record de « non longévité » au FC Nantes. On ne sait d'ailleurs pas à ce jour s'il est toujours salarié du club en attendant la retraite ou s'il a fait valoir ses droits au licenciement… Des objectifs qui ne s'accordent pas Son staff constitué, Serge Le Dizet avait compris très tôt qu'il ne disposait pas d'un groupe susceptible de déplacer des montagnes. Il nous l'avait confié dès le printemps 2005 « les supporters n'arrivent pas à regarder la réalité en face : le FC Nantes est devenu un club moyen ». Oui, tellement moyen que s'il descend « ce sera logique ». Serge Le Dizet a toujours agi en conséquence. Evidemment quand on vient de se sauver miraculeusement et d'assurer son maintien à 6 journées de la fin la saison suivante, la logique impose de continuer à faire profil bas. Mais le « courageux » Roussillon préféra claironner à l'orée de cette saison qu'il fallait viser la sixième place. Nous savions que Serge Le Dizet, clairvoyant, démarrait cette saison 2006 avec la certitude d'être limogé au mois d'août. Il le confirme dans cette interview. Cette conviction était celle d'un technicien, à l'opposée de celle, inconsidérée, des technocrates. Il avait pris la mesure du passé et il savait que le recrutement était aussi disparate qu'inadapté, qu'il devrait donc composer à contrario de son projet initial « J'avais demandé un joueur de couloir à gauche, je voulais jouer en 4-4-2. Avec Boukhari qui n'avançait pas c'était impossible », que ça ne fonctionnerait pas tout de suite et que, par conséquent, les déclarations de son président aidant, il serait rapidement mis sur le sellette en tant que seul responsable d'un début de championnat forcément délicat. Un « fusible » qu'on insulte et qu'on menace A son retour de vacances, avant d'entamer la saison, Serge Le Dizet était aussi bronzé que souriant et décontracté. Il avait pris le parti de la distanciation : à la fois acteur d'une mauvaise mise en scène imposée par des Tartuffes et observateur de sa propre mise à mort. Les supporters encore émoustillés par le discours présidentiel tirèrent de concert les premières salves en scandant des « Le Dizet démission » dès le troisième match face à Troyes, tandis que ceux qui avaient ouvert la saison par un communiqué de défiance scandaient, minoritaires, des « Gripond démission » après un an de « trêve ». L'épisode Portillo comme un signe pour la suite Puis, comme ça avait déjà été le cas un an plus tôt lors de l'épisode Portillo, qu'il cite dans son interview comme pour signifier la logique, aussi tapageuse que dangereuse, du recrutement version Gripond-Roussillon, il reçut à nouveau des lettres de menaces et d'insultes. La déstabilisation était en marche. Dès lors, il ne sut pas se protéger ni protéger son groupe de ses propres turpitudes. Il lança alors quelques critiques, quelques pistes : la planche avait été savamment savonnée avant. Au final, il accueillit son licenciement comme une libération. On mesurait alors ce qu'il avait pu subir pour en arriver à ce constat d'impuissance… « Nantes ne peut pas redevenir Nantes » Nous l'avions écrit en début de saison, mais pour les bas du front qui mouillaient encore pour les Wilhelmsson, Stojkovic et Boukhari, un bon entraîneur doit réussir quel que soit le contexte, comme si l'exemple du Real de Madrid, toutes proportions gardées évidemment, ne suffisait pas… Oui le FC Nantes avait davantage besoin d'une équipe que d'un amas de starlettes attirées par l'argent. Car les disparités de salaires ne pouvaient rien arranger… Pour Gripond et Roussillon, un entraîneur doit être avant tout aux ordres et commander une armada de guerriers en formation commando, comme les robots qui font les machines dans les fabriques de Dassault. Vous ne rêvez pas, on parle bien de ce qu'est devenu le FC Nantes de Fonteneau et Scherrer, d'Arribas, de Suaudeau et de Denoueix… Or Serge Le Dizet n'était qu'un homme finalement fatigué de n'avoir quasiment jamais pu travailler sereinement (« on m'a laissé tranquille 6 mois » - ceux du miracle -) pour, dans la durée, remonter lentement la pente, tandis qu'en 2004 Jean-Luc Gripond avait tout cassé avec l'aval de Yves de Chaisemartin (alors président de la Socpresse). Le coup fatal fut porté par Serge Dassault qui bégaya goguenard : « si l'entraîneur n'est pas bon, qu'on le change ». Après une élimination à domicile face à Toulouse en Coupe de la Ligue, qui fut vécu comme un suicide sportif (Serge Le Dizet qui savait que l'équipe ne fonctionnait pas avec les recrues, les avait toutes alignées), Roussillon donna raison à son patron… C'était le début de la saison. Serge Le Dizet était tellement diminué, son groupe perturbé et éclaté, que c'était sans doute la seule solution. Qui avait raison : Roussillon ou Le Dizet ? Aujourd'hui le pauvre Rudi Roussillon a l'air malin avec son objectif de début de saison (une 6ème place), avec « son beau casting », comme si on gérait une équipe de foot comme on prépare un défilé de mode d'une collection mal assortie. Serge Le Dizet gérait son groupe avec ses certitudes sur la qualité de celui-ci. Il avait eu l'outrecuidance de rappeler à l'humilité en déclarant avant un déplacement à Lorient : « nous sommes les petits ». Aujourd'hui qui avait raison ? Le Dizet ou Roussillon ?
F.P., le 13 avril 2007
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