Une information du Canard Cela faisait longtemps ! On reparle de la vente éventuelle du FC Nantes par Dassault. Seulement cette fois, la source est plus fiable que d'habitude, elle ne provient ni de « L'Equipe » ni d' « Aujourd'hui » mais du « Canard Enchaîné ». Un journal qui a l'habitude de vérifier ses sources de façon plus pointilleuse que le quotidien de sport (rappelez-vous la fameuse fausse arrivée de Laurent Blanc en décembre) ou que le quotidien de Paris qui s'était illustré l'été dernier en annonçant notamment que Luc Dayan avait acheté le Paris Saint-Germain. Quand on essaie de devancer sans cesse l'information, on a vite fait de devenir ridicule aux yeux de ses lecteurs. « Le Canard » ne tire donc pas dans la même catégorie et c'est pourquoi on aurait tendance à considérer avec sérieux son écho paru dans sa livraison de cette semaine où il nous dit qu'Eric Besson, Luc Dayan et Charles Biétry seraient candidats pour s'offrir le FC Nantes. Ils auraient même pris contact avec Dassault en ce sens. Maintenant, rien ne dit que m'sieu Serge ne va pas les envoyer paître. Rien ne certifie non plus qu'ils sont capables de sortir un chèque correspondant aux souhaits de notre marchand d'armes pas préféré du tout. Dassault n'a pas l'habitude de brader.
Besson n'est plus Royal En attendant, il est tout de même amusant qu'Eric Besson, député étiqueté socialiste, se lance dans des tractations avec un homme plutôt proche de l'extrême droite. Vous direz :Jean-Marc Ayrault, qui se présente à gauche, avait bien applaudi des deux mains lorsque le club avait été acheté par la Socpresse, société furieusement à droite. Il avait même poussé à la roue pour que les tractations réussissent. Dans cet obscur monde politico-économique, il ne faut s'étonner de rien. Eric Besson, qui était il y a encore peu « le M. Economie du PS » et à ce titre l'un des conseillers de Ségolène Royal, cherche à se reconvertir. | | | Il a quitté le bateau socialiste avec éclat, à cause justement d'un désaccord avec sa championne, et il envisage de bifurquer dans une autre branche que la politique. Il est député de la Drôme et on lui prête l'intention de ne pas solliciter le renouvellement de son mandat. Mais il lui faudra bien vivre. Alors pourquoi pas le football où les dirigeants sont si grassement payés ? Un président touche un salaire autrement plus conséquent que celui d'un ministre. Besson, en outre, s'intéresse au foot, suffisamment en tout cas pour avoir participé à quelques émissions télé et radio. | Dayan occupe tous les terrains Il envisage donc de faire attelage avec Dayan et Biétry. Deux hommes qui se connaissent bien pour avoir participé à l'achat, en 1991, du Paris SG par Canal Plus. D'accord, il ne s'agit pas de l'opération la plus intelligente menée par la chaîne cryptée, c'est même peut-être celle qui lui a coûté le plus d'argent, d'ennuis et de contre publicité, mais enfin à l'époque tout le monde trouvait ça bien. Dayan a fait fortune plus tard en achetant le Lille OSC pour une bouchée de pain. Il était alors associé à Francis Graille et ils se sont bien moqués de la municipalité de Lille qui, la pauvre, à l'instar de celles de Nantes et de Strasbourg, croyait qu'un club de foot ne valait rien et ne procurait que des ennuis. Ils lui ont prouvé le contraire.
| | | Dayan et Graille ont redressé le LOSC, ils l'ont même amené à la deuxième place du championnat en 2001, avec qualification à la Ligue des Champions à la clef. Ensuite ils ont revendu le bébé en s'en mettant plein les poches. On ne peut rien leur reprocher dans cette spectaculaire plus-value, ils ont simplement profité des circonstances. Et puis, ils ont tout de même contribué, avec Coach Vahid, mais oui, à redorer le blason d'un club qui en avait bien besoin. Depuis le nom de Dayan apparaît un peu partout et nulle part. Quand il y a un club à vendre, y compris en basket, il se porte candidat. Il n'a pas forcément les fonds nécessaires mais il en profite pour faire parler de lui. Il a ainsi parfaitement réussi son opération avec le PSG en 2006. Il n'a pas acheté, certes, mais il a occupé le terrain et les colonnes des journaux. Que valaient les fonds qataris dont il parlait ? Quelle était leur couleur ? Nul ne le sait mais ensuite, une fois que Colony Capital a eu enlevé le morceau, il est même allé jusqu'à menacer de faire un procès parce que ce n'était pas lui et ses commanditaires qui avaient été choisis. Très fort. Du moins en paroles. A part ça, faute de mieux, il s'est rabattu sur l'Entente Sannois Saint-Gratien ! | Le rêve de Biétry Charles Biétry pour sa part est un ancien gardien de but, comme Roussillon. Il a fait une carrière assez remarquable de journaliste à l'AFP (où il fut le premier à annoncer l'attentat des Jeux de Munich, en 1972) puis à Canal Plus dont il fut l'un des créateurs-actionnaires en 1984. Canal avait, sous sa conduite, singulièrement dépoussiéré la façon de retransmettre le football et même si le ton, parfois un brin professoral de Biétry, pouvait irriter il changeait tout de même radicalement et surtout agréablement des commentaires beauf de Thierry Roland. Biétry, qui est breton, a toujours rêver de diriger le FC Nantes, ou alors le Stade Rennais. Faute de parvenir à ses fins, il avait dû se rabattre, en 1998, sur le PSG. L'affaire tourna court. Charly qui avait fusillé son ancien copain Michel Denizot pour lui piquer la place se fit flinguer à son tour. Il se lança dans des querelles épuisantes, notamment avec Marco Simone qu'il avait refusé d'augmenter et qui trouva des oreilles complaisantes auprès de journalistes jaloux de Biétry, ou ayant quelque vieux compte à régler avec lui. Moins de six mois après sa prise de pouvoir, Biétry dut rendre les armes. En outre, on lui reprocha d'avoir voulu se mêler d'un peu trop près des affaires du terrain : c'est difficile quand on croit s'y connaître, et même quand on s'y connaît, de ne pas se prendre parfois pour l'entraîneur. En tout cas, son amitié avec Giresse n'y a pas survécu. La suite est une sorte de lent déclin. Parti du PSG puis de Canal, Biétry est passé par France Télévisions, où il a eu beaucoup de mal à échapper à la nullité ambiante, il lui fallait même nous faire croire que les matches de la Coupe de la Ligue étaient mieux que ceux de la Ligue des Champions. Il a par ailleurs « commis » une série de petits ouvrages complaisants sur des footballeurs-stars (alors qu'il avait un beau brin de plume dans les années 1970) et il travaille encore pour quelques chaînes, genre celle consacrée à l'AS Saint-Etienne et au RC Lens. Bref, rien de très passionnant quand on a goûté à la gloire et au pouvoir. Personne ne peut faire pire que Gripond Son nom avait déjà été évoqué, en même temps que celui de Noël Couédel, avant que Dassault ne mette la main sur la Socpresse et n'expédie Roussillon à la Jonelière, depuis il avait un peu disparu du paysage nantais. Le voici donc apparemment prêt à y revenir. Biétry a toujours défendu les valeurs du jeu nantais, celui de Suaudeau qu'il n'hésitait jamais à citer dans ses commentaires et c'est plutôt un bon point. De là à dire qu'il formerait une équipe idéale avec ses deux autres compères, il existe une marge. On demande à voir, même s'il est évident que personne ne peut faire pire que Gripond et qu'il est difficile ne pas faire mieux que Roussillon. Reste tout de même que Dassault reste évidemment le maître du jeu. B.V. le 7 mars 2007
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