A travers ce témoignage transparaît une plaie béante, une grande tristesse et évidemment le constat d'un énorme gâchis prévisible, car le FC Nantes s'est perdu à vouloir suivre une autre politique. Laquelle fut initiée par Jean-Luc Gripond et prolongée par le duo qu'il forme depuis bientôt deux saisons avec Rudi Roussillon.
Puisque nous pensons que ça en vaut la peine, c'est exceptionnel, nous prenons la liberté de mettre en ligne l'extrait de l'émission « Les Spécialistes ».
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Nantes va mal mais il accumule les titres Raynald Denoueix a été limogé par Jean-Luc Gripond lors de la trêve hivernale 2001-2002. Le FC Nantes cultivait alors les paradoxes. Dirigé par Raynald Denoueix, il venait d'enchaîner 3 titres (deux coupes de France et un 8ème titre de champion, tout en ayant évité de justesse la relégation lors de la saison précédente), mais se trouvait à nouveau en situation très délicate en championnat. Dans le même temps il avait pourtant assuré superbement sa qualification pour le deuxième tour de la Ligue des Champions. Angel Marcos succéda à Raynald Denoueix. Il privilégia le championnat et réalisa à la tête d'une équipe renforcée par l'arrivée de Mario Yepes, une superbe deuxième partie de saison. Après la Real, Denoueix refuse toutes les sollicitations Raynald Denoueix trouva refuge la saison suivante en Espagne à la Real Sociedad, qui faillit devenir champion dès sa première saison. Depuis l'ex-coach des Canaris a refusé toutes les sollicitations. Fidèle à ce qu'il a toujours défendu, il souhaitait ne s'engager dans un club qu'à la seule condition de disposer à la fois d'un bon outil de travail et de la promesse de pouvoir travailler sur le long terme sans ingérence extérieure dans son domaine réservé. Dont celle de Roussillon Il fut sollicité par Rudi Roussillon en juin 2005 puis par le Stade Rennais cet été. Il n'a jamais indiqué publiquement les raisons de son refus de revenir à Nantes. En privé, on sait qu'il ne reviendra pas tant que Jean-Luc Gripond sera en place. On sait aussi qu'il n'a pas davantage confiance en Rudi Roussillon. On le comprend… A la faveur de ce qui est arrivé à Serge Le Dizet et Georges Eo, s'il avait accepté le poste en 2005, il se serait certainement vu limogé à nouveau… Il semble que Raynald Denoueix n'ait jamais pardonné à Jean-Luc Gripond de l'avoir écarté de son FC Nantes. On prête au coach des Canaris de reprocher à l'ex-numéro 1 du club de ne pas avoir tenu une parole donnée. Le livre-tiroir de Jean-Luc Gripond J'ai rencontré par deux fois Jean-Luc Gripond en septembre 2006. A l'origine, après un premier entretien avec les deux Présidents du club au mois de juin (menaces de poursuites judiciaires à la suite de la parution sur le site de clichés des stickers collés un peu partout en ville en début de saison), il s'agissait de lui proposer une interview « droit de réponse » sur le site FCNantais.com. Lors de notre premier rendez-vous dans son bureau de La Jonelière, en pleine crise de « huis-clos journalistique », Jean-Luc Gripond m'indiqua qu'il ne pouvait répondre favorablement à ma demande d'interview (il y a un « organe officiel » pour ça). Il me proposa alors, à mon grand étonnement, de réaliser un livre d'entretiens sur ses 5 années passées au club, avec la condition expresse que le livre qui en résulterait pourrait ne pas sortir à la vente s'il portait préjudice au club. La « ficelle » était pour le moins étonnante, mais elle me permit au moins de le revoir à nouveau une semaine plus tard et d'être par conséquent un témoin-confident privilégié de sa « méthode ». Sa version des causes du limogeage Au total plus de trois heures d'entretiens préliminaires donc durant lesquelles nous parlâmes à la fois des conditions de son projet de « livre-entretien qui pourrait rester dans un tiroir » et de certains « secrets » de la maison jaune, selon sa version. Il revint dès lors sur le limogeage de Raynald Denoueix. En préambule, il tint à préciser qu'il entretenait toujours de très bonnes relations avec lui (or nous savons que du côté du coach nantais le son de cloche était tout autre, même si on le sait « gentleman »), avant de me faire partager ce qui le décida à le limoger. 13 + 13 = 26 Lorsque Jean-Luc Gripond convoque Raynald Denoueix dans son bureau, le FC Nantes ne compte que 13 petits points au classement. Le président du FC Nantes demande alors à son entraîneur ce qu'il compte faire pour inverser la tendance. Il attend évidemment un changement de méthodes (sans doute « une rupture » à la Roussillon…). Il semble vouloir être rassuré. Raynald Denoueix lui apporte une réponse qui lui ressemble : les méthodes resteront les mêmes, elles sont celles qui lui ont permis de remporter le titre de champion la saison précédente. Jean-Luc Gripond lui demande alors : « Nous avons 13 points actuellement. Vous êtes en train de me dire donc qu'on pourrait ne prendre à nouveau que 13 autres points jusqu'à la fin de saison ? » Avant que Jean-Luc Gripond ne me donne la réponse de Denoueix, je me dis « Denoueix lui a évidemment répondu : oui ». C'est le cas. Il peut prendre 13 points comme il peut en prendre 40… Jean-Luc Gripond ne me dira pas s'il fait alors une promesse ou pas à Denoueix de le conserver malgré tout. Il me dit par contre que, responsable d'une entreprise qui emploie de nombreuses personnes, il ne peut prendre ce risque… Comment a-t-il pu ! Cet épisode, cette version donnée par Jean-Luc Gripond, montre bien le cœur du problème. Un club de football ne se gère pas comme n'importe quelle entreprise. S'il est légitime de vouloir minimiser les risques, on ne peut demander des assurances que la nature même de la compétition sportive ne peut garantir. Au-delà, qui est Jean-Luc Gripond, quelles compétences, quelle expérience, a-t-il pour limoger un entraîneur qui est parvenu à apporter de nouveaux titres au club sans bénéficier d'une génération exceptionnelle comme celle de 1992 ? Regardez les noms couchés sur les feuilles de match en 2001. Ils semblent bien moins « impressionnants » que ceux de ce début de saison… et pourtant… On vous laisse mesurer où se situent les différences et il faut évidemment ne pas s'attacher uniquement aux noms des joueurs. Que reste-t-il de l'héritage ? Deux saisons plus tard, alors que Loïc Amisse a succédé à Angel Marcos, Jean-Luc Gripond cassera une équipe, expérimentée mais encore en devenir, qui termine 6ème du championnat et est finaliste de la Coupe de la Ligue. Au terme de cette saison 2004-2005, Serge Le Dizet, qui a succédé à la mi-saison à Loïc Amisse, après l'épisode Landreau, sauvera miraculeusement le club lors de la dernière journée. Aujourd'hui, alors que les dirigeants ont continué d'échouer dans leur domaine (gestion des finances, recrutement, communication) et d'aller à contre-courant de ce qui a toujours fait la force de ce club, le FC Nantes est à nouveau promis à la relégation. Que reste-t-il de l'héritage de José Arribas, de Jean-Claude Suaudeau et Raynald Denoueix ? Denoueix, Amisse, Budzynski, Le Dizet et Eo sont partis ! A la formation c'est heureusement encore une équipe estampillée Le Dizet-Guyot qui est chargée d'assurer la relève. La descente : un chance sous condition Si le FC Nantes venait à descendre, comme nous le pensons, nous demandons que ceux qui l'ont précipité en L2 quittent le club et nous espérons que la reconstruction passera enfin par un retour aux vraies valeurs du club et à l'investissement de ceux qui s'inscriront dans cette volonté. Dans ce malheur historique, cette descente ne sera une chance pour le club qu'à cette seule condition. F.P. le 21 février 2007
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