Serge Dassault est-il vraiment
un grand patron ? Hum, hum…
Il paraît que Monsieur Dassault, on veut dire Marcel,
n’avait qu’une confiance modérée
dans son fiston, le petit Serge. Il avait comme qui dirait
perçu que les cases qui régissent son intelligence
et sa capacité à diriger une entreprise n’alourdissent
pas vraiment son crâne, certains diront d’obus,
et il retarda le plus longtemps possible le moment où
il fallut lui passer le relais. Le cap de la soixantaine
avait sonné lorsqu’en fin, Dassault, Serge,
réalisa son rêve d’enfant gâté
et monta dans le fauteuil de PDG du groupe auquel son père
a donné son nom et son impulsion.
Longtemps, on s’était peu soucié de
ces histoires de familles et d’industrie lourde. Après
tout, si m’sieu Marcel rechignait tant à lâcher
la bride sur le cou de Serge, c’était peut-être,
pensait-on, tout simplement parce qu’il avait encore
soif de pouvoir et qu’il entendait prolonger le plus
loin possible sa jouissance de régner.
Aujourd’hui, instruit par les événements
qui se précipitent au FC Nantes, on est bien obligé
d’admettre que Monsieur Marcel, finalement, n’avait
pas tort. Il avait même probablement raison. Le petit
Serge, il était bien placé pour l’avoir
deviné, ce n’est pas ça. Il ne sait
pas s’entourer, pas choisir ses collaborateurs. Au
FC Nantes du moins, car on n’entend parler que des
sujets qu’on connaît et qui nous préoccupent.
Qu’est-ce qu’il attend pour nous débarrasser
de ces incompétents ?
Si le petit Serge, qui a légèrement dépassé
les quatre-vingts ans, cap qui laisse peu d‘espoir
d’amélioration, si le vieux petit Serge donc
était le grand patron qu’il aspirait jadis
à être, il aurait depuis longtemps tapé
du pied dans la fourmilière de la Jonelière
et demandé des comptes à ceux qui y gouvernent.
Il ne les laisserait pas démolir, à coups
de hache, le formidable héritage qu’il avait
reçu en acquérant la Socpresse. Il ne le savait
pas forcément, ou du moins il a fait l’ignorant,
ce qui à la réflexion n’est pas un exercice
très difficile pour lui, mais le FC Nantes aurait
pu être l’outil qui lui aurait permis enfin
de s’attirer des sympathies qui ne soient pas qu’intéressées.
Ce club était une mine d’or et monsieur Dassault
n’a pas su l‘exploiter. Il a laissé au
contraire détruire, sans sourciller, sans lever le
petit doigt, un chef d’œuvre que d’autres,
les Arribas, Suaudeau et Denoueix, avaient patiemment mais
brillamment mis quarante saisons à construire. En
prenant soin de ne pas se contredire tous les matins. Il
est vrai qu’ils avaient des idées, de l’intelligence,
de la cohérence, et c’est ce qui manque le
plus, aujourd’hui, dans ce club.
Mais qu’est-ce qu’il attend Dassault pour arrêter
le massacre ? Pour nous débarrasser de Roussillon
et de Gripond ? Qu’ils coulent carrément le
club ? Qu’ils le plongent en 2è division. On
sait bien, il l’a dit assez souvent, que le football
n’intéresse guère m’sieu Serge
mais a-t-il vraiment de l’argent à perdre ?
Ou, à tout le moins, ne veut-il plus en gagner ?
Est-il définitivement usé ? Ou n’a-t-il,
oh Marcel, jamais été capable de prendre la
moindre initiative ?
« Roussillon démission », crie
le public, c’est Le Dizet qui est viré. Puis
Eo…
Car enfin, le vrai problème du FC Nantes, il est
là : les entraîneurs valsent, les joueurs défilent,
mais les deux pantins qui le dirigent restent en place.
Ils licencient les autres pour masquer leurs erreurs de
dirigeants débutants, leurs insuffisances notoires.
Le public de la Beaujoire scande très souvent «
Gripond démission ! » ou « Roussillon
démission ». Et qu’est-ce qui se passe
? Ce sont Serge Le Dizet puis Georges Eo qui sont renvoyés.
Il a des problèmes de sonotone m’sieu Serge
?
Bon, on ne va pas reprocher à Dassault d’avoir
embauché Gripond. Il était là, hélas,
avant lui. Il n’a pas voulu lui verser des indemnités
de licenciement, on peut le comprendre. Mais il aurait pu,
pardon il aurait dû, diminuer sa capacité de
nuire. Le mettre dans un placard, même doré,
et lui demander de ne plus s’occuper de rien de réellement
important. Surtout pas du recrutement , de la façon
de jouer ou de l’évaluation des capacités
d’un entraîneur.
Gripond ne s’est jamais gêné pour critiquer
Raynald Denoueix (il l’a même honteusement viré),
Serge Le Dizet ou Georges Eo. On aimerait bien savoir de
quel droit, sinon celui de droit divin qu’il s’attribue
sous prétexte qu’il est le patron. Ou le sous
patron. Ou le sous-sous patron puisqu’en principe
le grand patron c’est tout de même le petit
Serge de Monsieur Marcel. On serait aussi curieux de voir
la réaction de Gripond, le sinistre, si les trois
entraîneurs susnommés se mettaient en tête
de raconter ce qu’ils pensent de ses facultés
à régenter un club. Ou une entreprise, genre
Prost Grand Prix. A part la couler, et laisser croire que
c’est la faute des autres, il sait faire quoi, au
juste, notre Jean-Luc ?
Pour Roussillon, réfléchir c’est
difficile, virer un entraîneur c’est facile
Le raisonnement vaut aussi pour Roussillon, le m’as-tu-vu.
En ce qui le concerne, Dassault est complètement
responsable. Et donc coupable puisque rien ne marche. Au
début, on l’a regardé faire le Rudi,
sans trop le critiquer. Il était après tout
normal de lui accorder un état de grâce. Mais
plus il a pris de responsabilité, plus il s’est
investi, plus il s’est montré, et ça
il sait faire, mieux il a affiché ses lacunes. Elles
sont si brillantes qu’elles l’aveuglent lui-même.
Ce n’est pas un président de foot, c’est
un commerçant. Le défaut ne serait pas rédhibitoire,
il y a après tout d’autres clubs qui fonctionnent
plus ou moins mal en ayant des camelots à leur tête,
s’il ne se gourait pas dans toutes ses transactions.
Le pire pour Roussillon est qu’il est assez stupide
pour s’entêter. On lui propose un soi-disant
veau d’or, il l’achète. Ce n’est
que lorsqu’il le met sur la pelouse qu’il s’aperçoit
qu’un soi-disant veau d’or, finalement, ça
ne joue pas très bien au foot. Pour dribbler, marquer
des buts ou les arrêter, ce n’est pas l’idéal.
Et quand on a six ou sept soi-disant veaux d’or, le
jeu collectif n’est pas très brillant. Alors
Roussillon revend, ou prête, ces soi-disant veaux
d’or au prix du plomb. Il fait des pertes mais qu’importe
: les droits télés et les spectateurs paieront.
Du moment que ce n’est pas son argent qui est en jeu,
il s’en moque. Et il recommence de plus belle. Un
jour, il va acheter Diego Armando Maradona sans s’apercevoir
qu’il a dépassé les quarante-cinq ans.
Il posera fièrement à côté du
Pibe del oro, lequel se fendra la pêche, il promettra
la Coupe d’Europe dans deux ans et il s’étonnera
que l’objectif ne soit pas atteint. Et comme ce ne
sera pas sa faute, ce n’est jamais sa faute, voyons,
au lieu de se remettre un minimum en cause, il virera son
entraîneur. Réfléchir, c’est difficile,
limoger un technicien c’est facile.
Quel numéro d’hypocrisie, quels mensonges
!
Roussillon est donc très limité dans sa capacité
à gérer un club. C’est lui qu’il
faudrait changer et, sauf s’il est bête, mais
son papa n’était pas allé jusque proférer
une telle affirmation, il l’avait seulement laissé
sous-entendre, m’sieur Serge doit maintenant agir
très vite. Nommer quelqu’un d’autre à
sa place. Sinon, il va perdre de l’argent, alors qu’il
y en a tout de même à gagner. Et il va commencer
à dilapider l’héritage de Monsieur Marcel.
Ce serait de l’indignité !
En attendant, il faut bien admettre que le FC Nantes est
dirigé par un menteur. Samedi soir, Rudi Roussillon,
nous l’avions dit, n’avait pas franchement répondu
aux questions concernant un possible changement d’entraîneur.
On l’avait signalé : ce n’était
pas un bon présage pour Eo. Dimanche soir en revanche,
l’Agence France Presse l’a écrit, le
président nantais s’était montré
ferme : « je ne me posais pas la question du départ
d’Eo avant que vous me la posiez, avait-il affirmé.
J’ai envie que Georges continue à travailler
dans les meilleures conditions possibles et je ne veux pas
que quiconque renonce aujourd’hui. »
Quel numéro d’hypocrisie ! Quels mensonges
! Mais comment les sponsors, les collectivités, qui
discutent des contrats avec le club peuvent-ils ensuite
accorder un semblant de crédit à quelqu’un
qui est capable de retourner ainsi sa veste à vingt-quatre
heures d’intervalle ? De faire le contraire de ce
qu’il a dit ?
Ce n’est pas en abusant l’opinion
qu’on se montre digne de diriger le FC Nantes
Tenez, on parcourait le dernier « Jaunes de Cœur
», magazine officiel du club, et on y lisait que le
président de la Chambre de Commerce et d’Industrie
de Nantes se félicite de son alliance avec le FCN.
Et donc avec son président. Se doute-t-il qu’il
risque, comme Eo, d’être berné, cocufié
demain ? A-t-il bien perçu à quel personnage
il a affaire ? On nous dira peut-être qu’on
va loin. Pourtant on se borne à constater des faits,
on n’émet même pas de jugement : ses
actes, rapportés à ses paroles, nous disent
simplement que Roussillon a menti. Point, barre.
Et ce n’est pas en mentant à la presse, donc
à l’opinion, aux joueurs, aux supporters, aux
partenaires qu’on se montre digne de diriger le FC
Nantes.
Les incompétents restent, avons nous dit, et on
ne voudrait pas, pour l’instant du moins, que Japhet
N’Doram et Michel Derzakarian s’incluent dans
le lot. On reparlera d’eux et nous hésitons
encore à dire du mal de l’ancien « sorcier
» tant nous l’avons admiré en ses belles
années de joueur. Il faudra bien pourtant, un jour,
qu’on sache quelle a été son exacte
responsabilité dans le recrutement catastrophique
du dernier été.
B.V.. le 13 février 2007 |