Dassault, comme avant lui la Socpresse, ont eu, et ont encore, un comportement de petit boutiquier
Lorsque le patron lui-même affiche autant de mépris et de méconnaissance du football, l'observateur que je suis est consterné et je peux comprendre, sans être grand clerc, qu'il est très difficile, à la suite de telles élucubrations, pour les hommes de terrain de galvaniser les énergies et, à fortiori, de tenir le cap.
Disons-le clairement, le haut niveau interdit aujourd'hui de jouer « petit bras ». Et, sur ce point, il faut laisser au vestiaire la langue de bois : Dassault, comme avant lui la Socpresse, ont eu, et ont encore, un comportement de petit boutiquier.
Notre club a besoin d'un repreneur qui saura s'investir, comme il investira même si, il faut le dire là encore sans détour, un engagement financier dans un club de football, et en France peut-être plus qu'ailleurs, à haut risque. Le retour sur investissement étant le plus souvent un leurre. C'est la magnifique singularité du sport professionnel que d'ordonnancer ainsi le mariage contre nature de l'argent et de la passion.
Comment s'étonner, dans ces conditions, qu'un chaînon manquant, le club navigue à vue, déclinant année après année, accroché comme un naufragé à la bouée du passé ?
...L'entraîneur contraint de s'accommoder d'un Président T.G.V à mi-temps
Il n'y a pas d'avenir sans envie et je crains que, malgré les professions de foi des uns ou des autres, il n'y ait plus d'autre issue qu'un appel solennel à la mobilisation générale de toutes les parties impliquées dans cette affaire - mairie, partenaires économiques régionaux et nationaux- en faisant attention, dans le même temps, à ne pas céder à la stratégie mesquine du bouc émissaire.
Serge Le Dizet n'a pas davantage démérité que Loïc Amisse ou que Reynald Denoueix en d'autres temps, et il est curieux que, partisans d'une perception « business » du foot pro, les dirigeants restent tandis que les entraîneurs passent, malgré quelques exceptions qui confirment la règle.
La mentalité française n'est décidément pas de frapper au sommet de la pyramide lorsque les résultats font défaut, contrairement aux Etats-Unis dont nos patrons se gargarisent tant.
Il y a, pour le cas qui nous occupe ici, de quoi s'interroger sur un recrutement hasardeux, à l'homogénéité douteuse... orchestré, de surcroît, cet été, sans véritable ligne directrice, et en oubliant, au passage, de solliciter l'avis de l'entraîneur, contraint de s'accommoder d'un Président T.G.V à mi-temps et d'un Directeur Délégué dont on ne voit pas très bien la mission.
Un audit s'impose
« Que sont les présidents devenus » pourrait-on dire pour parodier une célèbre chanson... Je ne suis pas hostile aux parachutages et il ne sert à rien de réclamer des gens du crû pour diriger : il n'y a pas de panacée dans ce domaine, mais, tout de même, une présence au quotidien et un attachement viscéral au club permettent aux compétences de s'exprimer dans la reconnaissance mutuelle. Dans le droit fil de ce qui précède, Demain, c'est déjà aujourd'hui.
Il n'est plus urgent d'attendre et il faut agir sans chasse aux sorcières, dans la transparence. Pour cela, un audit s'impose avec la collaboration de ceux, qui, aux commandes aujourd'hui, doivent avoir l'humilité de reconnaître leur échec.
Il faut sortir du discours politiquement correct et regarder la réalité en face : ce n'est pas encore une équipe en perdition ni un club à l'agonie, mais notre malade doit être mis en observation : c'est la responsabilité des dirigeants actuels, oserais-je dire, leur devoir, de se remettre en question, de ne pas s'arc-bouter sur les ornements d'un pouvoir qui n'a plus d'autre légitimité que la « propriété financière » et, dans la foulée, d'une contrition acceptée d'inviter à la table des discussions ceux qui, à Nantes ou ailleurs, sont prêts à s'engager pour que (re) vive enfin un club digne de son passé, confiant en son avenir et ayant retrouvé « l'envie d'avoir envie ».
Gérard Doré
Avocat au barreau de Nantes
(article paru dans le numéro d'octobre du mensuel Breizh Football Pro)
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