Comment avez-vous vécu les réactions du public face à Sochaux, notamment lorsque La Beaujoire a pris le parti de supporter l'adversaire (ou chambrr les Canaris) ?
Reynald Pedros : Je n'étais pas à la Beaujoire pour Nantes Sochaux, mais on m'a raconté.
Eddy Capron : Je n'étais pas au stade, mais j'ai eu des retours sur ce qui s'est passé. C'est décevant. Je me mets à la place des joueurs, c'est dur. Nantes se bat avec les moyens du bord. Il peut arriver d'être mécontents, mais se faire humilier comme ça chez soi...
En tant qu'ex-joueur, comment, sur le terrain, vit-on cela ?
Reynald Pedros : Ça ne m'est jamais arrivé à Nantes que le public prenne comme ça le parti de l'adversaire et nous chambre, Bien sûr, je me souviens d'avoir été sifflé quand on ne fournissait pas le jeu escompté, ça arrive toujours. Mais à l'époque, on était toujours plutôt bien classés, on ne comprenait pas toujours les sifflets à la mi-temps quand il y avait 0-0 ou à la fin du match quand on ne gagnait pas. Aujourd'hui, c'est différent, l'équipe est dernière et a vraiment besoin de son public, c'est une certitude.
Eddy Capron : Ça ne m'est jamais arrivé quand j'étais Nantais, mais par contre, à Sedan, le public m'a pris en grippe à mon arrivée. Ils m'en voulaient parce que Nantes avait gagné la Coupe de France contre leur équipe sur un penalty douteux... Moi je n'avais même pas vu le match, j'étais en vacances ! Heureusement, le coach de l'époque m'a aidé. |
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Le FC Nantes est en grande difficulté, on entend surtout les joueurs et le staff parler de problème au niveau du mental. Ces réactions du public sont-elles susceptibles d'entamer encore davantage le mental des joueurs et de les faire jouer avec la peur de mal faire ?
Reynald Pedros : Quand le public siffle et chambre, ça n'aide pas les joueurs. C'est difficile à accepter. Même si on sait que ce n'est pas toujours facile pour le public, on aimerait qu'il soit positif jusqu'au bout. La réaction du public face à Sochaux est forcément un coup pour le moral des joueurs.
Eddy Capron : Ce genre de choses, ça vous touche. Celui qui dit que ça ne le touche pas, il vient d'une autre planète. Pour en revenir à Nantes, je ne pense pas qu'ils fassent exprès d'être derniers. Individuellement et collectivement, ils sont perdants. Ils sont marqués. Et le comportement du public face à Sochaux ne va pas les aider.
Pensez-vous qu'il soit intéressant de tenter de sensibiliser le public à faire « l'union sacrée » derrière son équipe ?
Reynald Pedros : Nantes doit s'en sortir, et ce n'est pas en mettant l'équipe plus bas que terre que le public l'y aidera. Il faut les aider à relever la tête. On ne demande pas aux gens d'applaudir en fin de match si l'équipe a perdu, mais au moins d'éviter de siffler. Si on arrive à faire une union sacrée du public derrière les joueurs, ça aidera l'équipe. Eddy Capron : Je pense vraiment que l'union sacrée derrière l'équipe peut faire avancer les choses. L'union fait la force. Souvent, dans ce métier, on sent que tout se dérobe quand on est en difficulté. Et c'est là qu'on a besoin de l'aide du public.
Quel serait votre message personnel à l'intention des spectateurs de La Beaujoire ?
Reynald Pedros : Si j'ai un message à faire passer au public nantais, c'est de demander aux gens d'être derrière leur équipe jusqu'au bout, même si je sais que ça n'est pas toujours facile. A Nantes, nous avons un public de connaisseurs, il vient depuis longtemps, il est fidèle. Contre Sochaux, il y avait plus de 25.000 spectateurs. Mais ils doivent comprendre que les joueurs ne trichent pas. Et qu'ils ont vraiment besoin d'eux.
Eddy Capron : Si j'avais un message à faire passer au public nantais, ce serait qu'il faut toujours y croire. C'est ensemble qu'on avance, pas en se tirant dans les pattes. Je me souviens d'un match avec Sedan, où on gagne 3-0 à Bollaert. Les supporters lensois ont encouragé leur équipe pendant tout le match. Qu'à la fin, ça gronde un peu, c'est normal. Mais pendant le match, on est tous ensemble.
Propos recueillis par Naoned Citizen, le 26 octobre 2006
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