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« Donne l'oseille et tais-toi… »

(Chronique, le 1er septembre 2006)

Serge Dassault propriétaire du FC Nantes.

La défaite subie à Lorient a orienté les projecteurs sur ce FC Nantes que d'aucuns ont vu trop beau trop tôt, à commencer par les principaux acteurs du club, Serge Le Dizet excepté. L'intervention gâteuse de Serge Dassault n'a rien arrangé à l'affaire. Pierre Repellini (président du syndicat des entraîneurs) s'est offusqué dans les colonnes de Ouest-France du traitement infligé au coach nantais. Pour rappel, l'impotent footbalistique avait déclaré : « on me dit qu'il n'est pas bon, je suis enclin à croire ceux qui le disent. S'il doit effectivement partir, qu'il parte le plus tôt possible. » ou encore «  s'il n'est pas bon, y a qu'à le changer, ça m'est égal ». On se demande bien quels conseillers zélés et avisés se permettent de dire à Dassault que Le Dizet « n'est pas bon »… On préfère écouter l'ex-Stéphanois Pierre Repellini « Si on en vient là, c'est dangereux pour le foot français ».


(http://www.fcnantais.com/articles/060609RaisonsDeLaColere.php)

Le lamentable silence de la profession…

Cette intervention de Pierre Repellini est évidemment salutaire, mais on ne peut pas dire qu'il y ait eu beaucoup d'échos de la part des entraîneurs de Ligue 1. Les mêmes furent plus prompts à s'offusquer lorsque Mickaël Landreau critiqua, au nom des joueurs, son entraîneur Loïc Amisse. Dassault s'exprima alors quasiment dans les même termes à propos du gardien nantais, tout en confirmant au téléphone sa confiance à Jean-Luc Gripond. On se souvient aussi d'un Vahid Halihodzic déclarant que Landreau ne retrouverait pas de club. Résultat l'ex-capitaine des Canaris est au Paris SG et le Bosniaque, ex-entraîneur du même club, aux oubliettes dans le Golf pour ne pas perdre la main…sur son portefeuille… tandis que ses réseaux se chargent de continuer à le faire exister ici. Il est de ces entraîneurs qui n'hésitent pas à dire qu'ils sont prêts à venir entraîner un club bien qu'il y ait déjà quelqu'un en place. Dans la forme, il est tout le contraire de Denoueix…

… et des ex-gloires.

On eut aimé entendre aussi quelques ex-gloires du FC Nantes monter au créneau, car Serge Dassault n'insulte pas seulement l'homme Le Dizet, il insulte le FC Nantes et son histoire. Si Rudi Roussillon nous confia que son patron ne connaissait rien au football et à la langue du football et que par conséquent tout ce qu'il pouvait dire (finalement on eut aimé que ce « tout » resta « rien ») était mal interprété. A croire que le courage de dire « merde à Dassault » n'effleure personne. A moins que ce ne soit de la compassion pour un vieux monsieur à gros portefeuille ? Le papy n'a pourtant pas toujours brillé par sa respectabilité en société.

« Il y a des journalistes j'vous jure… »

Rudi Roussillon, pour tenter d'excuser son patron, a déclaré hier que Serge Dassault avait été pris « au dépourvu » dans sa voiture. Comme si Dassault roulait sans chauffeur au volant d'une Twingo… Il est vrai qu'auparavant c'est Rudi Roussillon qui faisait « vivre » l'intérêt de son patron pour le club : « il m'envoie des SMS pour se tenir au courant du résultat », « il n'aime pas se faire charrier par ses amis politiques supporters du Paris SG ». Là, le président à mi-temps du FC Nantes a été un peu pris de court, malgré son attachement à bien maîtriser tout l'aspect communication autour du club.

Nous avons interrogé Jean-Yves Queignec, passé de Ouest-France à Presse Océan tout en restant correspondant pour Le Parisien. Son papier est d'ailleurs sorti dans le journal parisien et le quotidien nantais. Une version « soft » dans le premier et une version complète, avec tous les « ah ben » qui donnent un relief encore plus hallucinant à l'ensemble, dans le second. Un Presse Océan qui prouve en cette occasion qu'il a repris sa liberté éditoriale lors d'une renégociation de partenariat avec le club à l'intersaison. Assurément, un tel papier ne serait pas sortie sous l'ancien directeur des sports du journal... Jean-Yves Queignec a effectivement appelé le grand patron au téléphone, directement. Qu'il ait été dans sa voiture, au milieu d'une partie de chasse en 4x4, au bord d'une piscine ou sur un parcours de golf, ne change rien à l'affaire.

Serge Dassault n'est pas aussi sénile que ses déclarations sur la situation du club le laissent entendre. S'il veut refuser une interview d'un journaliste de province, il peut l'envoyer vertement bouler comme on efface un entraîneur de la carte. Au lieu de cela, il a répondu, cabot, avec tout le dédain qu'on lui prête pour les personnes. Valeurs Actuelles, un titre qu'il avait récupéré se signait «  il n'est de richesse que d'hommes ». Ces « personnes » qu'elles soient passionnées par leur métier, attachées à un club si important dans le paysage du football français et dont Dassault est le propriétaire par défaut, ne change rien à son insolence. Un revers de la main et un nouveau « débarrassez-moi de ça ». Une expression déjà employée, et relatée par le journaliste Rodolphe Landais, non pas pour Serge Le Dizet mais pour le FC Nantes lui-même…

Une prise de conscience…

Cette « sortie » aura au moins eu le don de faire prendre conscience à certains supporters du mépris avec lequel Serge Dassault traite le club de leur cœur. Car il y a des supporters qui se réveillent tardivement… C'est la mode actuellement… Sont-ce les mêmes qui ont découvert, mal réveillés en fin de saison dernière, que Jean-Luc Gripond était encore aux affaires ? … encore croient-ils qu'il ne s'occupe que des transferts… Là n'est plus le sujet, c'est trop tard. Aujourd'hui, on ne peut qu'encourager les supporters à soutenir leur équipe et à soutenir Serge Le Dizet, lequel ne mérite pas un tel traitement. Encore une fois c'est tout le staff technique qu'il faut seconder. Même si les dernières déclarations d'un actionnaire hautain ont l'odeur d'une vieille flatulence sans importance, même si le silence alentour est consternant, les supporters ne doivent pas se prêter à la provocation, mais au contraire répondre par leur ferveur et leur passion. Cela signifie soutenir Serge Le Dizet et encourager les joueurs, encore et toujours.


Frédéric Porcher, le 1er septembre 2006

 

 

 

 

 
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