« Pour tous ces moments là ! », la formule est accrocheuse. Toute référence au club et à son identité est pourtant occultée. Les abonnés s'y retrouveront-ils au moment de valider ou pas la reconduction tacite de leur abonnement, avant le 12 juin ?
Dennis Oliech et « ces moments là ».
La campagne d'abonnement de la saison dernière collait à l'image du club. Elle ventait la jeunesse et les bienfaits de la formation. La version 2006-2007 s'appuie sur un concept fort mais pas forcément en phase avec les préoccupations des supporters. Robert Budzynski déclarait que Dennis Oliech allait faire lever la foule. Le club l'a donc privilégié pour souligner la notion de spectacle et de communion, mis en avant par le message de cette nouvelle campagne. Avec lui, les « nouveaux patrons » Signorino et Cetto complètent le tableau tandis que, message oblige, les photos de supporters sont majoritaires. Aucun joueur issu de la formation en illustration. Les anciens Da Rocha et Savinaud n'y figurent pas, Emerse Faé non plus. Il reviendra discuter de son « avenir » après la coupe du monde. Une page se tourne. Espérons que les conséquences seront moins douloureuses qu'en 2004/2005.
Ecoutez le nouveau son, regardez nos beaux écrans…
En dehors des habituels avantages offerts aux abonnés, le club vante les futures nouvelles infrastructures : deux panneaux géants, longtemps promis, et une nouvelle sonorisation du stade. L'ancienne ayant donné des signes de fatigue cette saison avec pour point d'orgue le message d'adieu inaudible adressé par Mickaêl Landreau au nombreux public de La Beaujoire. Une défaillance technique ancienne, récurrente et assez dramatique, d'autant que ce fut la seule manifestation organisée « au pied levé » pour fêter le capitaine emblématique du Football Club de Nantes. C'était court et c'était raté.
La qualité du spectacle en baisse, les prix en hausse.
Depuis hier donc, les supporters et abonnés connaissent les dates de la reconduction tacite ainsi qu'une augmentation tarifaire à peine justifiable par un prix qui n'avait plus augmenté depuis deux ans. Tout le monde s'accorde à dire que cette saison le spectacle et le plaisir n'étaient pas au rendez-vous de La Beaujoire. La direction du club s'est donc attachée depuis près de deux mois à vendre un message ambitieux : « une grande équipe qui pourra jouer les 6 premières places ».
Le FC Nantes condamné à ne plus se tromper.
Pour inciter les abonnés à ne pas résilier leur abonnement, pour espérer accrocher la barre des 17.000 « clients » et espérer enrayer la chute constante de la fréquentation (passée en-dessous de 30.000 spectateurs de moyenne en 2005-2006), le club ne s'appuie pas seulement sur cette séduisante campagne d'abonnement. Ainsi son Président se montre volontiers optimiste quant à la valeur de la prochaine équipe professionnelle. Il tient notamment à ce que les recrues soient connues le plus tôt possible, afin que le prochain stage d'avant saison se déroule dans de bonnes conditions. Il s'agit évidemment d'un vœux pieux que font tous les dirigeants de club. La saison dernière, le discours était le même et l'objectif fut intenable, même si Tony Heurtebis et Franck Signorino, le « seul renfort effectif » selon Serge Le Dizet, furent recrutés rapidement. Le challenge est de taille : mieux recruter que les deux précédentes saisons.
Quand on n'a pas le sous, on « recrute malin »
Pour y parvenir, le club a entamé les premières négociations très tôt. L'idée force est de « recruter malin », notamment en signant des joueurs en fin de contrat. Les objectifs quantitatifs sont en passe d'être remplis. Cinq nouveaux joueurs et peut-être un sixième, plus tard. L'avenir dira si le ratio qualité/quantité sera enfin au rendez-vous. Restera enfin à dégraisser un effectif pléthorique. Ce qui risque d'être beaucoup plus coton... Rien n'indique encore que le profit de la vente de Jérémy Toulalan servira à l'acquisition d'une ou deux réelles « pointures », pourtant attendues par les supporters. Or pour atteindre les nouveaux objectifs fixés, il faudra non seulement corriger les manques de cette saison, ce qui semble dans la logique des premières annonces, mais aussi trouver un ou deux joueurs emblématiques de cette nouvelle ambition.
Sans Jérémy et Micka…
Les abonnés devraient donc pouvoir se prononcer en connaissance de cause pour prolonger ou non leur carte de fidélité. Ils savent que le club perd ses deux meilleurs éléments : Mickaël Landreau et Jérémy Toulalan. Ils sont conscients que le spectacle n'a pas souvent été au rendez-vous cette saison, que le classement final est sans doute un peu en deçà de la valeur de l'effectif, mais Nantes n'était-il pas promis au ventre mou, et que les objectifs fixés n'ont pas été remplis.
Que compte faire Dassault ?
En coulisse et en « haut lieu », il subsiste par contre de nombreux doutes. Ainsi, après les révélations d'un proche de Serge Dassault, le spectre de la vente du club pointe à nouveau son nez. Ne serait-ce d'ailleurs pas la meilleure nouvelle à attendre de cette intersaison ? A condition évidemment que Serge Dassault ne nous réserve pas une mauvaise surprise au sujet de son désengagement, en pensant d'abord aux propres intérêts de son groupe plutôt qu'à la pérennité sportive et économique du FC Nantes. A condition aussi qu'il ne fasse pas prévaloir ses principes financiers et économiques sur l'amour indéfectible des abonnés et des supporters du FC Nantes de par le monde, sur cette place si importante que représente le club dans le cœur de tous ses supporters.
Rudi Roussillon ne ferme plus la porte à une vente prochaine
A la suite de cette révélation de la réactivation prochaine d'un désengagement de l'avionneur, le président du FCN en a d'ailleurs profité pour troquer son « ce n'est ni l'heure ni le moment de vendre le club » par un « j'ai toujours dit qu'il y aurait un terme à l'engagement de l'actionnaire et il n'est jamais aisé de se désengager en cours de saison ». Un « j'ai toujours dit » qui est pourtant un « je ne vous l'avais jamais dit mais vous aviez raison de le penser ».
Si Dassault reste, on ne décollera pas…
Pour nous qui avons toujours voulu savoir ce que comptait faire Serge Dassault du FC Nantes, et pour quelle échéance, c'est un signe d'espoir porteur pour l'avenir. Car nous continuons de penser qu'on ne peut gérer un club de manière ambitieuse, au moins au plan sportif, s'il n'y a pas de vision à moyen et long terme. On ne peut pas non plus, à fortiori à Nantes, faire valoir le renouveau du jeu, du plaisir et du spectacle, quand on se sépare de ses meilleurs joueurs et lorsqu'on met sur la tête d'un entraîneur, quel qu'il soit, une pression de résultat du fait d'un éventuel manque à gagner financier, pourtant bien moins important que la conséquence de certaines erreurs de gestion, autrement plus dommageables. Or si Dassault ne vend pas avant le début de la nouvelle saison, rien n'indique vraiment que l'on décollera enfin après une saison qualifiée de « redémarrage ».
Gripond toujours là, les supporters ne décolèrent pas.
Dans leur grande majorité, les spectateurs de La Beaujoire n'ont que faire de toutes ces considérations politiques et financières. Landreau et Toulalan ne seront plus là et leur préoccupation du moment concerne avant tout l'allure de la prochaine équipe. Pour se rassurer, et parce que parvenir à rendre le club attractif est le meilleur moyen de bien le vendre, on reconnaîtra avec eux que cette intersaison s'annonce mieux ficelée que les précédentes. A un détail près : la présence de Jean-Luc Gripond.
Endormis par une sorte d'omerta médiatique à intérêts divers et variés, savamment orchestrée par les caciques de La Jonelière, les supporters se sont sentis bernés quand ils ont enfin compris que le triste sire était toujours dans la place et qu'il occupait un poste mixte : directeur général-manager général. Une dénomination qu'il avait trouvé lui-même pour justifier le départ de Robert Budzynski. L'ex-directeur sportif déclarera à ce propos « il y en a, on les voit arriver à des kilomètres ». FCNantais.com n'a cessé de rappeler toute la saison son rôle de l'ombre.
Oui à « ces moments là », mais sans Gripond.
La carte d'abonné de cette saison portait la mention « par le jeu ». Parallèlement, celui qui déclara « le jeu c'est du pipeau » est donc encore là. Rudi Roussillon avait avoué cet hiver devoir lui trouver un remplaçant après avoir usé de subterfuges pour expliquer la raison de son maintien au club. Il n'en est plus question aujourd'hui et fidèle à lui-même Gripond continue de taper l'incruste. Notre message est que nous voudrions bien partager « ces moments là », mais sans lui !
Frédéric Porcher, le 12 mai 2006
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