Un penalty très discutable et discuté
La mi-temps approchait et le score demeurait vierge lorsqu'à la suite d'un corner de Boukhari un cafouillage se produisit devant la cage amiénoise. Un tir, deux tirs. Le gardien Merville avait relâché le ballon, Payet avait été gêné de façon illicite. Le défenseur David Vairelles repoussa la tentative de Luigi Pieroni, du bord de la poitrine. C'est ce qu'il affirma et les ralentis de la télé ne lui donnèrent pas franchement tort. Mais l'arbitre, Bruno Ruffray, estima que son épaule est toute proche de sa poitrine, morphologiquement c'est facilement vérifiable, pour sa part il crut même que le ballon avait débordé jusqu'au bras. Alors, il accorda un penalty. Histoire de faire bonne, ou mauvaise mesure, et peut-être parce que les Picards contestaient trop véhémentement à son goût, il ajouta un carton rouge. Luigi Pieroni, que l'on avait très peu vu jusque là, se transforma en justicier. Quelques secondes plus tard, Ruffray siffla la pause, laquelle survint donc en laissant les Nantais en position de force : un but d'avance et un joueur en plus.

Un esprit d'ensemble positif
Bien sûr à l'heure des commentaires les Picards considérèrent cet épisode comme le tournant de la rencontre et plusieurs d'entre eux, l'entraîneur Ludovic Batelli en tête, ne manquèrent pas d'accuser l'arbitre d'avoir faussé les débats. Il affirma même qu'à 11 contre 11 il était sûr que son équipe se serait qualifiée. On n'ira certes pas jusque là. On peut cependant estimer que Ruffray a contribué à ôter une épine des pieds canaris en leur permettant d'ouvrir le score. Car il faut bien reconnaître qu'avant ce penalty Nantes ne s'était procuré aucune occasion. Ce n'est pas qu'il jouait mal, il avait même réalisé une bonne entame, il avait souvent fait agréablement circuler le ballon, mais ses offensives manquaient de punch à l'approche de la surface de réparation locale. Les mouvements étaient bien pensés, Emerse Faé, Dimitri Payet et Fred Da Rocha y étaient fréquemment mêlés et l'esprit d'ensemble était positif.

Ruffray arbitre mal
L'efficacité, elle, n'était pas au rendez-vous. Pieroni, positionné en pointe avec Boukhari derrière lui, avait été très peu alimenté. Dans le 4-2-3-1 resservi par Georges Eo, Saïdou et Faé avaient commencé par contrôler l'entre jeu, y filtrant toutes les manœuvres et en alternant leur placement. Le Camerounais avait dû cependant commettre plusieurs interventions musclées qui lui avaient valu un carton jaune. Sur sa lancée, il aurait même pu récolté pire. Cela dit, en ce qui concerne l'engagement physique, les Amiénois n'étaient jamais en retard, ni d'un tacle ni d'une charge, et Ruffray semblait alors se montrer plutôt complaisant à leur égard. Cet arbitre, mais il ne s'agit pas d'une découverte, siffle volontiers à contre-temps, il joue aussi les aveugles sur nombre d'irrégularités, ce qui fatalement favorise le jeu dur. Et jamais, excepté sur le penalty, il ne nous a donné l'impression d'entretenir un à priori favorable à Nantes, au contraire.

Barthez : rôle positif
Pourtant, s'ils avaient été déboussolés d'entrée par la faculté des Nantais à bien faire tourner le ballon, comme en témoigne le fait que Fabien Barthez dut patienter six minutes avant de toucher le cuir, sur une passe en retrait de Saidou, les Picards desserrèrent progressivement la tenaille. C'est même De Freitas qui décocha le premier tir de la partie, à la 19è minute. Barthez stoppa sans problème. Une fois encore, Fabulous Fab a inspiré confiance, dans son jeu d'abord, mais aussi à ses partenaires et son rôle devient de plus en plus positif.

Sa défense était rarement débordée, même si Norbert n'était pas rayonnant et si sur son côté gauche Signorino n'était pas franchement à la noce face à Kinkela. Payet et Da Rocha étaient du coup amenés à se replier très profondément. En défense centrale, en revanche, tout allait bien et en ce moment Cetto affiche de notables progrès. Il aurait pu toutefois faire l'économie d'un carton particulièrement bête, son premier depuis qu'il est capitaine, pour contestations. Sur corner, les Canaris faisaient la loi et Barthez mettait au besoin les poings au ballon (33è). Depuis qu'il est là, il est évident que les coups de pied arrêtés contre Nantes n'ont plus la même portée pour l'adversaire. Même si le premier but encaissé par l'Ariégeois depuis qu'il porte le maillot nantais, et donc depuis le 9 juillet et la finale de la Coupe du monde, a résulté d'un corner. On le vit aussi en seconde période, alors que ses coéquipiers semblaient s'endormir sur des lauriers pas encore tout à fait coupés, s'évertuer à rameuter leur énergie pour leur faire comprendre que tout danger n'était pas encore écarté.

Doublé pour Pieroni
Mais n'allons pas trop vite dans la chronologie de la rencontre, revenons à la première période où face aux coups de boutoir, à la volonté et à la vaillance des Amiénois, les Nantais opposaient un calme et une supériorité technique qui leur permirent de se rapprocher enfin de la cage amiénoise à l'approche du repos, notamment par Payet. Et d'obtenir le penalty que l'on sait.

Amiens entama donc le second acte à 10 et avec une défense remaniée mais cette infériorité numérique ne fut guère perceptible, du moins au début. Sa pression l'exposait cependant aux contres. Da Rocha ne parvint pas à négocier le premier. En revanche, celui de Pieroni fut gagnant. L'action avait été amorcée par Faé qui s'offrit une montée de grand style et alerta l'attaquant belge sur l'aile droite. Il continua sa course pour aller attendre la remise, concentrant ainsi sur lui l'attention des défenseurs picards, à commencer par celle de Merville. Or, Pieroni ne centra pas. Il tenta sa chance dans un angle fermé et fit mouche (58è).

On se prend à redouter le camouflet
2-0 à guère plus d'une demi-heure de la fin et toujours à 11 contre 10, les Canaris avaient vraiment tous les atouts entre les pieds. Pourtant, insensiblement ils commencèrent à se désunir, à relâcher leur attention et à tomber dans la facilité. Les Amiénois en profitèrent pour ne pas sombrer et après que Boukhari ait manqué une occasion de KO, en ne servant pas Pieroni et Dimitrijevic qui attendaient le ballon au centre (74è), ils réussirent bel et bien à se relancer. Ce fut sur un corner, concédé par Pierre. Les défenseurs, cette fois, restèrent spectateurs, permettant à Fayolle de reprendre victorieusement de la tête (76è). Et donc de rallumer le suspense. Car on se mit bel et bien à redouter le camouflet tandis que Georges Eo se levait de son banc pour inciter sa troupe à resserrer les rangs.

Des ratés
Les dernières minutes furent donc assez chaudes, avec notamment un corner sur lequel Barthez alla de nouveau boxer le ballon avec détermination malgré les charges adverses (86è). Les craintes étaient à peine atténuées par les nombreuses occasions que les Nantais se créaient face à une défense de plus en plus dégarnie car ils les rataient à qui mieux-mieux. De plus, Bruno Ruffray ne sanctionnait pas une main de Casartelli sur une tentative de Piéroni. Le penalty cette fois était évident, il faisait cependant signe de continuer à jouer. C'en était presque comique. Il reste que l'odeur du drame flottait toujours dans l'air de la Licorne et durant les arrêts de jeu on vit Boukhari et surtout Oliech, tous deux servis par Dimtrijevic, rater « l'immanquable ».

Encore un but durant les arrêts de jeu
Oliech était entré en jeu à la 81è minute, à la place de Da Rocha et il loupa beaucoup. Pourtant on peut penser que lorsqu'il se fit reprendre par un défenseur, alors que le but était ouvert devant lui, un partenaire aurait pu lui crier afin de l'avertir du danger et de l'inciter à presser le mouvement… Le Kenyan finit d'ailleurs par se rattraper et c'est lui qui eut le dernier mot. A quelques secondes de la fin, il récupéra le ballon à une quarantaine de mètres des buts et voyant que Merville avait déserté sa cage, il ajusta un long shoot qui trouva enfin le chemin des filets.

3-1. C'était la troisième fois en trois matches que Nantes marquait durant les arrêts de jeu et ce but donna une meilleure mine au succès des Canaris.

B.V. (21 janvier 2007)