Delhommeau mal traité
Pas toutefois avec Pascal Delhommeau qui a été sifflé et a, commis quelques erreurs. Nous avions été le seul média à ne pas faire le procès, bête, facile et méchant, du défenseur de Château Thébaud après sa bévue à Saint-Etienne. Nous avions essayé de comprendre sa peine, ce qui, à l'époque, nous avait valu, quelques critiques, jusqu'à notre forum d'ailleurs, si on le relit bien. On nous reprochait de ne pas avoir achevé la bête blessée. De ne pas considérer comme un criminel un footballeur simplement coupable d'une mauvaise passe. On n'a certes jamais prétendu que Delhommeau est un grand joueur, lui même est sans doute assez lucide pour ne pas revendiquer pareille appellation. De là à enfoncer plus bas que terre un homme qui nous paraît irréprochable en pas mal de domaines et qui a le mérite de donner dans l'abnégation et la discrétion, il existe une marge. Nous n'entendons pas la franchir, même si nous comprenons, aussi, l'impatience plus ou moins légitime d'un Thicot ou d'un El Mourabet. Mais il se trouve que ces deux là ne dominent pas vraiment les matchs qu'ils disputent avec la réserve. En tout cas, Delhommeau aurait mérité un autre traitement quelques jours avant une demi-finale de Coupe de France que Loïc Guillon risque fort de ne pas être en mesure de disputer du fait d'une béquille. Les critiques systématiques n'ont jamais mis personne, surtout pas un sportif, en confiance.
Oliech avec des soutiens
Mais revenons au match face à Auxerre, il en vaut le plaisir on l'a dit. Comme il l'avait annoncé, Serge Le Dizet avait procédé à un roulement : Savinaud et Rossi étaient restés sur le banc, Quint avait pris place dans les tribunes et Toulalan, légèrement blessé, s'était transformé, lui aussi, en spectateur. Leray, Ca, Capoue et Glombard avaient été titularisés, le premier nommé ayant apparemment une belle carte à jouer dans la mesure où les prestations précédentes de Nicolas Savinaud avaient été laborieuses. On ne peut pas prétendre qu'il l'a franchement saisie, Akalé, qui n'est pas le premier venu, lui ayant procuré quelques soucis. Serge Le Dizet était revenu à une défense à 4 alors qu'en attaque Oliech se tenait en pointe avec Glombard, Da Rocha et Capoue en proches soutiens.
Départ tonitruant
Le départ de Nantes fut tonitruant et dès la 2è minute, sur un centre de Da Rocha, il ne manqua que quelques centimètres à Oliech pour inquiéter Cool. Le Kenyan, très en verve, mettait la lourde défense centrale bourguignonne sur des charbons ardents. A la 3è minute il s'enfonça en elle, tel un coin chauffé au rouge dans une motte de beurre. Il esquiva Cool sorti à sa rencontre et, alors qu'il était déporté sur la gauche, il adressa un centre en retrait à destination de Capoue. Il paraissait plus difficile de placer le ballon en dehors du but que dans les filets, Aurélien réussit la gageure de l'expédier sur un montant. Da Rocha reprit, Kaboul repoussa, des mains, mais l'arbitre estima qu'il était dans son droit. Stéphane Moulin aime bien adapter les règles à son humeur, il l'avait déjà montré en prenant des décisions contestables lors du match aller de championnat Paris – Nantes, le 1 er octobre au Parc des Princes.
But dès la 6è minute
Cette décision ne freina nullement l'ardeur des Canaris, au contraire. A la 6è minute, un long renvoi de Cetto dévié par Cheyrou parvint à Kaboul qui voulut remettre en retrait à Cool. Oliech fonça et mystifia d'un petit lob le gardien auxerrois. Il reprit le ballon et le glissa au fond du but malgré le retour de Kaboul.
Nantes était vraiment sur de bons rails, il jouait bien et Auxerre se trouvait d'autant plus dans les cordes que Fabien Cool, touché par Capoue dans l'action de la 3è minute, se plaignait des cervicales. Il céda ses gants à Sébastien Hamel alors qu'on approchait du quart d'heure de jeu. Oliech, lui, continuait à faire des siennes, donnant à la ligne d'attaque nantaise un punch qu'on ne lui connaissait plus. Il shoota dans le petit filet à la 17è minute, il subtilisa de nouveau le ballon à Kaboul à la 20è, il fut stoppé de façon litigieuse par Sagna à la 30è.
La vitesse d'Oliech est une arme, pas un système de jeu
Attention tout de même : il faut savoir utiliser la vitesse du Kenyan, il convient de ne pas en abuser, en expédiant par exemple de longs ballons dont la plupart sont voués à être perdus. Elle doit rester une arme et ne surtout pas devenir un système de jeu. Et en fin de première période, alors que côté auxerrois Berson avait suppléé Violeau, victime d'un renvoi en pleine figure de Ca, les Nantais eurent tendance à commettre cette erreur. Les Bourguignons avaient d'ailleurs repris du poil de la bête, à l'image de Luyindula qui profita d'une bévue de Guillon pour servir Kahlenberg. Le Danois prolongea pour Akalé qui ne sut pas saisir l'opportunité. Tant mieux pour Nantes qui menait en toute logique 1-0 à la pause.
Auxerre égalise
L'entame de la seconde période fut de nouveau prometteuse avec une reprise acrobatique de Glombard sur un centre de Capoue. Mais le ballon passa à côté (47è) et peu à peu les Nantais laissèrent échapper le fil du match. Ils couraient moins et ne bougeaient plus suffisamment pour offrir des solutions au porteur du ballon. Auxerre en profita pour devenir de plus en plus dangereux. Landreau sauva d'abord du pied face à Kahlenberg (51è) puis, suite à un corner, Ca dégagea un ballon brûlant sur sa ligne (52è). Il n'y avait pas encore le feu mais cela chauffait. La blessure de Guillon contribua à perturber encore plus la défense nantaise d'autant que l'entrée en jeu de Delhommeau, on y arrive messieurs les censeurs, fut pénible. Pascal commença par commettre une faute, pas forcément indispensable, sur Kahlenberg. La sanction tomba dans la foulée. Lachuer botta le coup franc et Akalé, inercalé entre Signorino et Capoue, le joueur chargé de le marquer, plaça une reprise de la tête gagnante (60è).
Cetto fête son anniversaire
C'était au tour de Nantes de chanceler et lorsque sur un long dégagement de Hamel, Poyet, tout juste entré en jeu, prit l'avantage sur Delhommeau et offrit le ballon du deuxième but à Kahlenberg (68è), on commença à redouter le pire. « Il y a un mois et demi, nous ne serions pas revenus , estime Mickaël Landreau. Ce coup du sort nous aurait abattus. Notre réaction prouve que nous doutons moins, on joue plus libéré et donc on est plus fort. »
En fait, Nantes eut le bonheur de se remettre tout de suite dans la partie. Sur un coup franc de Da Rocha, Mauro Cetto, démarqué devant le but auxerrois, obtint ce qu'il cherchait depuis longtemps. Un but ! Sa reprise de la tête eut raison de Hamel, elle lui permit aussi de célébrer joliment son 24è anniversaire.
Faé signe la victoire
A partir de là, les Jaunes, requinqués, reprirent le contrôle des événements. Emerse Faé s'était enhardi au fil des minutes, il allait de l'avant, il assumait des initiatives et c'est lui qui signa le but de la victoire à 5 minutes de la fin. Grichting lui renvoya dans les pieds un centre de Capoue et le Franco-Ivoirien, du gauche, expédia Hamel cueillir les pâquerettes du printemps nantais.
Une ola, mais oui, secouait alors les tribunes et le mieux est que Faé faillit récidiver à la 89è minute. Servi par Oliech, il n'ajusta pas suffisamment sa reprise. Mais s'il a gardé ce but en réserve pour jeudi prochain, personne ne lui en voudra. Une victoire 3-2 sur Auxerre, c'était assez pour provoquer le bonheur des Nantais dans une Beaujoire emplie par plus de 32.500 spectateurs. Belle affluence !
B.V. le 16 avril 2006.