Loin du foot à la nantaise
Mais puisqu'on en est à parler d'entraîneur, précisons tout de suite que si nous ne voulons absolument pas du dictateur Vahid Halilhodzic, symbole d'un football défensif et réaliste proche du néant, nous aimerions bien aussi ne plus voir trop souvent des spectacles comme celui proposé par les Jaunes à la Meinau. Le fait qu'il convenait de ne pas perdre afin de ne pas voir s'assombrir l'avenir l'immédiat et de ne pas dilapider totalement un capital-confiance déjà ébréché constitue une excuse. On veut bien la retenir. Il n'empêche qu'on ne pourra pas cautionner longtemps un jeu aussi éloigné des caractéristiques nantaises. Si le sombre coach Vahid avait été sur le banc de la Meinau, Nantes n'aurait sans doute guère pratiqué autrement. Il faut maintenant que Serge Le Dizet nous montre qu'il est un technicien d'une autre veine que l'ancien pantin du PSG, on veut bien lui faire confiance car son discours est souvent allé dans le sens du respect des valeurs de la maison jaune, il n'empêche que le moment est venu, à présent que les matches recèlent moins d'enjeu, de passer des idées aux actes.
Une équipe très prudente
Ce long préambule vous laisse largement deviner quels sont nos sentiments : Nantes a remporté une précieuse victoire à Strasbourg mais il a été loin, très loin, de réaliser un grand match. Il a même énormément souffert en seconde période lorsque les Alsaciens haussèrent le ton, intensifièrent leur pression et leur engagement et collectionnèrent les corners. Heureusement qu'ils se montrèrent maladroits et que les coéquipiers de Mickaël Landreau, à défaut d'afficher la sérénité, la sûreté et la technique qui leur auraient permis d'éviter les réelles frayeurs qu'il leur fallut alors endurer, surent boucher les brèches, contrer les tireurs, faire bloc.
La première période, elle, avait été plutôt tranquille. Serge Le Dizet avait adopté un dispositif prudent, avec une attaque réduite à la portion congrue, seul Dennis Oliech évoluant en pointe. Bamogo et Capoue occupaient les côtés alors que Quint avait hérité d'une position axiale où il effectua un début de partie encourageant mais baissa ensuite de pied au fur et à mesure que le match avançait.
Toulalan touché à une cheville
Emerse Faé abattit pour sa part un gros boulot, faisant le piston entre la récupération où il aidait Toulalan et cette ligne de milieux de terrain dans laquelle il s'insérait constamment. Plusieurs fautes d'anti-jeu furent d'ailleurs commises sur lui, les Strasbourgeois cherchant à stopper ses percées avant qu'elles ne deviennent dangereuses. Johansen, plus ou moins spécialiste de ce genre d'interventions, récolta un carton jaune dès la 19è minute. Toulalan l'avait imité auparavant, en intervenant de façon irrégulière sur Diane. Jérémy ne connut pas, il est vrai, un début de rencontre de tout repos puisqu'il se fit une légère entorse à une cheville. Il n'en a pas moins poursuivi la rencontre mais le staff médical devra s'activer pour le remettre d'aplomb pour le rendez-vous de mercredi soir contre Calais.
Deroff décevant
Yves Deroff qui, dans l'édition du jour des « Dernières Nouvelles d'Alsace », avait souligné la dégradation du foot à la nantaise, croyant y percevoir une source d'espoir pour les siens, se fit de son côté « remarquer » pour son duel avec Capoue et quelques interventions plus que limite, dont un fauchage de Signorino qui lui valut également de voir jaune. Capoue, sur le flanc gauche, livrait donc des combats peu amènes avec l'ancien Canari, il avait aussi maille à partir avec Hosni et il y aurait pas mal à écrire sur lui. On éprouve parfois la désagréable impression qu'il recherche surtout à obtenir des coups francs. Parfois, il atteint son but, mais ce n'est pas toujours le cas et alors il reste étalé sur la pelouse pendant que la contre attaque se développe. En le regardant, il nous est arrivé de penser à Eto'o, que nous avons vu l'autre soir avec Barcelone. Ne souriez pas, c'est parce que justement nous n'avons trouvé aucune ressemblance entre les deux hommes que nous effectuons ce rapprochement qui, en fait, les éloigne.
Capoue n'égale pas Eto'o
Quand Eto'o perd un ballon, qu'il effectue une mauvaise passe ou commet une erreur, il revient immédiatement, à toutes pompes, pour tenter de la réparer. Ronaldinho lui-même n'agit pas de manière différente et nous nous disions que lorsque de si grands joueurs savent accomplir un tel effort, penser à l'intérêt de l'équipe avant de satisfaire leur goût pour un spectacle égocentrique, un Capoue devrait tout de même songer à se relever plus vite. Ce n'est surtout pas parce qu'on possède moins de talents qu'il faut se reposer sur eux ! Car alors on se place dans une position inconfortable, on y met aussi ses partenaires par la même occasion.
On vient donc de tailler un costume sur mesures à l'ami Aurélien. Eh bien, maintenant l'instant est venu de lui adresser des compliments.
Mais il se prend pour Zorro
Le match avait atteint la 29è minute et il était toujours fermé, sauf du côté de Savinaud où les boulevards avaient fâcheusement tendance à s'ouvrir, lorsque l'ancien Romorantinais enfila son costume de Zorro.
Il profita en l'occurrence de l'intelligence de Dennis Oliech, lequel venait d'hériter d'un long dégagement. Bien qu'entouré par trois joueurs, le Kenyan, à la limite de la surface de réparation, parvint à servir Capoue en retrait. Aurélien n'hésita pas : des 25 mètres, du gauche, il plaça un shoot à ras de terre et au ras du poteau. Cassard, qui venait de se faire soigner dos au jeu, se détendit avec un temps de retard, il ne put que constater les dégâts. Capoue, lui, dansait sur un nuage.
Sur sa lancée, Nantes se créa quelques situations qui auraient pu lui permettre de plier le match. Mais Faé fut de nouveau stoppé (par Hosni) de manière illicite et Quint expédia le coup franc au-dessus (39è). Ensuite, juste avant la pause, sur un nouveau coup franc, encore botté par Quint, la reprise de la tête de Cetto s'égara dans les tribunes.
Fièvre devant la cage de Landreau
Les Canaris ne s'étaient donc pas mis à l'abri et ils ne mirent pas longtemps à le regretter. A la reprise, les Strasbourgeois, qui avaient laissé Deroff au vestiaire au profit de Keita, changèrent en effet de rythme et dès la 48è minute Alexander Farnerud, qui venait d'être bousculé dans la surface, mit Landreau à contribution. La défense nantaise était désormais sur des charbons ardents, une mésentente Guillon-Landreau-Cetto faillit profiter à Farnerud (58è) et lorsqu'à la 66è minute les Alsaciens obtinrent trois corners d'affilée, on se surprit à redouter l'égalisation. D'autant qu'une nouvelle série de corners survint quelques minutes plus tard, faisant de nouveau monter la fièvre devant la cage de Mickaël Landreau qui hésitait à sortir.
Micka intervint encore face à Alexander Farnerud qui avait mystifié Savinaud et c'était la preuve que Nantes subissait toujours.
Opération-résistance
Sur un contre pourtant, un échange Bamogo-Quint-Oliech permit à ce dernier de se retrouver en bonne position. Il shoota à côté. Quint se prit la tête entre les mains, réaction qui ne constitue pas forcément le signe d'une grande confraternité, même s'il venait de réaliser une passe judicieuse. Il devrait savoir que tout le monde peut louper un tir !
Il restait alors un quart d'heure et Serge Le Dizet opta délibérément pour l'opération résistance, remplaçant Oliech par Delhommeau et transformant son équipe en 5-4-1. L'objectif, garder la victoire, a été atteint. C'est bien. Mais ce fut très difficile et ce n'est pas, répétons-le, en procédant souvent de la sorte que Nantes se procurera de réelles
garanties de progression. Le coach nantais soulignait, après Marseille que son équipe avait retrouvé le fil du jeu, il faut le renouer au plus vite, maintenant que toute pression excessive est écartée.
B.V. le 9 avril 2006.