Huitième match sans victoire, série en cours
Et de huit ! Nantes vient de vivre son huitième match de championnat consécutif sans victoire, il est en passe de battre des records. Heureusement, dans le même temps, les quatre derniers font également du surplace et le matelas de sécurité des Canaris, 11 points par rapport au premier relégable, demeure apparemment suffisant pour les mettre à l'abri de toute mauvaise surprise. Mais atteindront-ils le cap des 43 points qui leur avait valu le salut le 28 mai dernier ? On n'en est pas sûr.
Des annonces mal venues
Comme quoi Rudi Roussillon aurait sans doute été mieux inspiré si cet hiver il avait parlé d'objectif de jeu au lieu de mettre une inutile pression en fixant un but, la 9è place, dont les matches qui passent se chargent de démontrer l'irréalisme. On peut penser aussi qu'en clamant, quelques jours avant ce match contre Marseille, son intention d'acheter six joueurs cet été, il n'a pas contribué à instaurer un climat de sérénité. Et pourquoi pas sept, ou huit ou neuf ? Et pourquoi pas toute une équipe comme le fait souvent l'accusé d'abus de biens sociaux Louis-Dreyfus ? Ce genre d'annonce alors qu'une saison n'est pas encore terminée est rarement le bien venu.
Le bâton pour se faire battre
Cela dit, si Nantes avait disputé ses sept précédentes rencontres en jouant de la même manière que face aux Phocéens, il n'en serait peut-être pas à déplorer une série qui l'a scotché dans les bas-fonds du classement. Les Marseillais ont assuré qu'ils avaient livré l'un de leurs meilleurs matches de la saison. On veut bien les croire. Mais on remarquera que c'est une réflexion qui est souvent formulée par les adversaires des Nantais (c'était par exemple le cas des Stéphanois qui n ‘ont pas confirmé depuis) et on reconnaîtra que les Canaris possèdent le chic pour mettre leurs rivaux en confiance, et même leur tendre le bâton pour les battre.
C'est ce qu'ils ont fait à la 26è minute en concédant le premier but de la soirée. Sur corner. Un déplorable classique. On vit donc le ballon partir des pieds de Ribéry. A l'arrivée, Mickaël Landreau cria d'indignation et leva les bras au ciel en prétextant une faute de Maoulida, lequel avait légèrement bousculé Signorino. Légèrement, on l'a dit. Très légèrement, même. Pas suffisamment en tout cas pour retenir l'attention de l'arbitre Philippe Malige. Le plus ennuyeux est que Mamadou Niang, lui, n'avait suscité la vigilance d'aucun Nantais, d'autant plus que Diallo, chargé de le marquer dans ce cas de figure, n'était plus là. Il était donc seul face au but. Et c'est lui qui reprit le ballon botté par Ribéry. Marseille menait 1-0 !
Occasions et blessure de Diallo
On ne pouvait que le regretter car Nantes, à cet instant de la partie, ne méritait assurément pas d'endurer pareil avatar. Il avait empoigné le match par le bon bout, avec à la fois dynamisme et envie d'aller de l'avant. Le football frileux et la défense à cinq sortis à Nancy avaient été rangés au placard au profit d'un plan de jeu plus ambitieux et d'intentions autrement plus louables. Dès la 5è minute, ces bonnes dispositions faillirent recevoir leur récompense puisque Mamadou Diallo se trouva en position d'ouvrir la marque en surgissant pour reprendre de la tête un centre de la gauche de Quint. Carasso repoussa. Et dans la foulée, il alla s'interposer face à Rossi qui avait tenté sa chance à son tour.
Nantes tenait le ballon, il en faisait bon usage, Olivier Quint y compris et on peut penser que l'arbitre aurait pu se montrer plus sévère à l'encontre de Cana, auteur d'une intervention musclée sur Faé. Il aurait également dû se montrer plus vigilant sur une poussée, discrète mais réelle, de Taiwo sur Diallo, faute apparemment passible d'un penalty. Le Malien se situait alors à la réception d'un centre de Da Rocha, l'action était encore dangereuse et le problème est qu'il retomba mal. On en était à la 18è minute et le match s'arrêta là pour lui.
La transversale pour Oliech
Coïncidence : il commença aussi à échapper au contrôle des Nantais dont les échanges devinrent moins rapides et surtout moins spontanés. Les Marseillais en profitèrent pour refaire surface et après l'ouverture du score par Niang, dans les conditions que l'on sait, la rencontre s'équilibra. Les Canaris parurent assommés, même si Oliech, mis sur orbite par Rossi, s'en alla planter une catapulte sur le petit filet (29è). Rossi paraissait déjà à la recherche d'un nouveau souffle.
Olivier Quint, lui, se montrait à son avantage et son entame de seconde période fut remarquable : il décocha un centre parfait pour Dennis Oliech au deuxième poteau. Tête du Nigérian, barre transversale. Ce n'était pas de chance. Nantes essayait alors de retrouver son allant de début de rencontre mais son équipe s'étirait dangereusement, Oliech et Da Rocha manquaient de soutien et des brèches s'ouvraient du côté de Ribéry. L'ancien Brestois ne manqua pas de les exploiter. Alerté par Niang, il profita d'un manque de synchronisme criard entre Leray, qui remontait doucement, et Cetto qui couvrait. L'Argentin se précipita sans parvenir toutefois à empêcher Ribéry de centrer en retrait. Les défenseurs nantais étaient totalement hors de position et Maoulida, tranquille comme Baptiste, n'eut guère qu'à pousser le ballon dans les filets.
Puis un joli but
On reconnaîtra aisément aux Canaris le mérite de n'avoir pas baissé les bras. Au contraire, poussés par le souffle de la révolte, ils lancèrent une nouvelle offensive sur la gauche, encore par Olivier Quint. Lequel adressa un centre, de nouveau au second poteau pour le crâne d'Oliech. Ce dernier ne rata pas l'aubaine : il signa un joli but qui était synonyme de relance.
On en était à la 57è minute et pendant un peu plus d'un quart d'heure, Nantes pensa qu'il pourrait rétablir l'équilibre. Marseille avait perdu Ribéry, durement taclé par Leray. Lequel récolta sur le coup un carton jaune que l'arbitre, qui croyait l'avoir déjà sanctionné en première période, transforma hâtivement et à tort en rouge. Il se ravisa heureusement vite fait, s'apercevant qu'il confondait le défenseur nantais avec Rossi. Philippe Malige aurait pu réagir un peu plus à l'encontre du Marseillais Maoulida qui après avoir reçu un carton jaune pour une faute sur Signorino effectua une nouvelle intervention litigieuse qui lui valut seulement une admonestation verbale. L'arbitre lui montra le chemin des vestiaires, il ne l'y envoya pas. Dommage pour les Nantais !
Contre attaque, coup de poignard
Quelques instants plus tard en effet, alors que les Canaris venaient de botter un corner, le ballon revint sur Toulalan. Jérémy s'était montré à peu près irréprochable jusque là, installé devant les quatre défenseurs, il avait ratissé son nombre habituel de munitions. Il se trouvait cette fois en position offensive, il cafouilla et il se fit subtiliser le ballon par… Maoulida. Le Marseillais cingla à toutes voiles droit dans le camp nantais et il parvint à glisser une passe, à l'Instant I, dans le dos de Leray, à destination de Niang. Le défenseur nantais était trop avancé pour pouvoir intercepter, trop reculé pour qu'il y ait hors-jeu et le Sénégalais asséna le coup de poignard parfait en plaçant le ballon hors de portée de Landreau (76è).
Nasri sur la barre
Les individualités marseillaises venaient de faire la différence, il n'y avait plus qu'à déplorer les dégâts. Ces derniers faillirent être encore plus conséquents puisqu'à l'avant-dernière minute Samir Nasri démontra que sa frappe de balle n'a pas forcément grand chose à envier à celle de Ribéry qu'il avait remplacé. Il expédia un coup franc sur la barre. Un écart de trois buts eut tout de même été trop sévère pour des Nantais qui une nouvelle fois ont paru trop friables mentalement pour concrétiser les bonnes intentions affichées au départ. Il faut continuer à bien jouer, même quand on encaisse un but, fut-il bête. Pour la petite histoire, on notera que l'OM fit entrer, à trois minutes de la fin, Demitrius Ferreira qui par le passé a été annoncé plusieurs fois à Nantes. Comme « renfort ». Même si Leray est passé à côté de son match, on peut supposer que lorsqu'on veut recruter utilement il faut aller chercher ailleurs que dans les tiroirs de l'OM. Acheter pour le plaisir de faire du commerce, y'en a marre, seule la qualité paie.
B.V. le 3 avil 2006.