On peut quand même espérer mieux dans l'esprit
En fait, on eut d'emblée l'impression qu'avec sa défense à cinq, Delhommeau, Cetto et Guillon dans l'axe, Da Rocha et Signorino sur les côtés, plus Faé en râtisseur, et l'Ivoirien a fait son boulot, Nantes était venu chercher le nul. Un petit 0-0. L'objectif a été atteint mais avouez qu'on peut espérer mieux, sur le plan des ambitions, de la philosophie, de l'esprit. Un jour, vous allez voir, José Arribas va se retourner dans sa tombe, lui qui disait qu'il préférait perdre en jouant bien plutôt que de gagner en s'appuyant sur une tactique à la Rapetout. L'idéal étant bien sûr de gagner en jouant bien. On n'ignore pas que les temps ont changé, que les joueurs ne sont pas comparables, mais tout de même. A ce qu'on sache le ballon est toujours rond et il y a toujours un avenir pour ceux qui osent, qui jouent, qui prennent et qui donnent du plaisir.
Un arbitrage défavorable
Les Nantais, à partir d'un plan de jeu hermétique, visant d'abord à préserver la cage de Mickaël Landreau, se sont sans doute dit qu'après tout, on ne sait jamais, ils parviendraient à surprendre la défense lorraine et à réussir le banco. C'était une idée plus conformiste que géniale, vous l'avouerez, il reste qu'elle aurait pu réussir. Ce qui nous aurait donné deux points de plus mais n'aurait pas constitué une avancée considérable sur le plan du football, sauf à considérer que la confiance que procurerait une victoire est l'ingrédient qui manque le plus pour donner un visage plus avenant à des Canaris décidément trop chiches en grandes envolées et en actions construites. Mais si le plan avait marché, n'aurait-ce pas été un danger dans la mesure où un résultat encore plus positif aurait pu provoquer l'envie de le reconduire de façon durable ?
En fait, il n'a pas manqué grand chose. Un peu plus d'adresse ou d'esprit collectif de la part d'Oliech qui eut cependant le mérite de se procurer des situations favorables. Ou alors davantage de vigilance de la part des arbitres. Saïd Ennjimi ferma ainsi les yeux sur une intervention fort litigieuse de Diakhaté sur Bamogo à la 23è minute. Il aurait parfaitement pu (dû ?) siffler penalty. Mais son juge assistant fit pire, il se montra carrément bigleux lorsqu'il leva son drapeau pour signaler un hors-jeu de Bamogo qui, lancé par Oliech se trouvait en position tout à fait licite et en situation idéale de contre.
Les occasions d'Oliech
On en était alors à la 70è minute et on se demande si ce ne fut pas là la meilleure occasion nantaise avec une percée d'Oliech qui peu auparavant (64è) avait laissé Diakhaté sur place et s'était présenté seul devant Bracigliano. Il l'avait esquivé mais il n'avait pu rattraper le ballon à temps, le gardien nancéien lui ayant d'ailleurs légèrement accroché le pied. Beaucoup d'attaquants se seraient alors écroulés dans la surface et cette fois l'arbitre aurait sans doute été enclin à réagir. Cela dit, on ne va tout de même pas reprocher à Oliech d'avoir voulu jouer le jeu à fond, sans tomber dans le vice.
Le Kenyan, vous l'avez compris, a livré un match intéressant, il a en tout cas été davantage présent que Quint, lequel a beaucoup couru sans vraiment gêner les adversaires ni parvenir à réellement se positionner. Dimitrijevic n'a pas, lui non plus, vraiment pesé sur le jeu, il possède pourtant à la fois technique et vision du jeu (il délivra notamment un amour de passe à Oliech). Que lui manque-t-il ? Des défenseurs qui le serviraient dans de meilleures conditions peut-être…
Oliech, revenons à lui, s'était mis en évidence dès la 10è minute, à la suite d'un long dégagement de Guillon. Il avait contraint Bracigliano à une sortie périlleuse, qui ne parut pas constituer un total voyage à vide.
On n'a pas vu grand chose
A part cette action et l'intervention déjà évoquée de Diakhaté sur Bamogo, on ne vit pas grand chose durant la première période. La défense nantaise jugulait assez aisément les tentatives lorraines mais Pascal Delhommeau exagérait en multipliant les dégagements à l'emporte pièces, y compris quand ce n'était pas nécessaire. C'est lui qui souffrait le plus, notamment face à Sarkisian. Ce dernier le prenait souvent de vitesse et il put adresser un centre que Kim eut la bonne idée, pour Nantes, de ne pas reprendre (19è). Bamogo, lui, avait donc eu affaire à la vigilance agressive de Diakhaté (sur le coup, il aurait pu aussi servir Da Rocha), il tenta également une frappe enroulée qui s'égara à côté du cadre (31è).
Le début de la seconde période s'avéra quelque peu laborieux pour les Canaris. Sur un centre en retrait de Kim, Chrétien hérita ainsi d'une belle opportunité. Il la gaspilla en loupant sa frappe (52è). Landreau se distingua ensuite sur un tir de Kim (65è). Mauro Cetto, lui, était bien réveillé et donc vigilant tandis que Loïc Guillon signait de nouveau un bon match. Il faillit d'ailleurs bel et bien donner la victoire aux Canaris durant les arrêts de jeu, à croire que l'air de la Lorraine lui réussit puisqu'on se rappelle qu'il avait déjà marqué à Metz.
Dernier shoot de Guillon
On avait donc atteint la 91è minute et Nantes ne connaissait plus de réelle alerte depuis un bon bout de temps. Il n'en demeurait exagérément timide et Mamadou Diallo qui avait succédé à Oliech n'avait guère vu le ballon. Au fond, le 0-0 aurait même paru relever du cousu-main si on n'avait pas eu encore en mémoire quelques ultimes minutes catastrophiques, à Troyes et Saint-Etienne notamment. Nantes, cette saison, n'a guère été servi pas la réussite, il ne s'est pas non plus montré particulièrement lucide durant des fins de match qui ont plusieurs fois tourné à sa confusion.
On tremblait donc toujours plus ou moins et on se trouva fort aise de voir les Canaris obtenir un corner. Plus le ballon se situait loin de Landreau, mieux cela valait. Quint botta le coup de pied de coin et Bracigliano dégagea des poings. Guillon ne fit ni une ni deux : il reprit instantanément du gauche. Le gardien nancéien parvint toutefois à s'interposer pour concéder un nouveau corner. Lequel ne donna rien. Quatre minutes plus tard, le score nul et vierge était entériné par l'ultime coup de sifflet de Saïd Ennjimi et le résultat, répétons-le, était assurément plus satisfaisant que la manière.
B.V. le 26 mars 2006.