Le modèle lillois….
Avant match les commentaires ne manquaient pas de souligner, que sur le papier, individuellement, les joueurs lillois n'étaient pas forcément plus forts que les Nantais. Constat d'autant plus criant que l'équipe alignée dimanche soir par Claude Puel, coupe UEFA oblige, était singulièrement rajeunie. On parlait alors d'un centre de formation prolixe, un projet de développement patient et performant, une identité de jeu qui ressemble à son entraîneur. De leur coté, les Jaunes se devaient de faire preuve de fierté, comme l'avait réclamé leur Président. Serge Le Dizet avait même annoncé une « opération commando » une semaine après avoir souhaité retrouver les bases du jeu, à Saint-Etienne. Il est vrai que les deux ne sont évidemment pas incompatibles. Mais le FC Nantes a rarement eu les deux en même temps cette saison. Plutôt l'un ou l'autre et par séquences seulement. Nantes a besoin de l'un : l'orgueil, le tempérament, la concentration et l'autre : la créativité, le mouvement, la technicité.
Une organisation plus serrée…
Après avoir tenté de revenir à un milieu en losange avec le positionnement, inadapté dans les faits, de Jérémy Toulalan à gauche contre Saint-Etienne, Serge Le Dizet a cherché une nouvelle formule, certainement plus intéressante. Bocundji Ca reste devant la défense, Toulalan joue devant lui. Frédéric Da Rocha joue en attaquant libre et les couloirs, problème insoluble des Nantais cette saison, sont confiés, à gauche, à Rossi et, à droite, à Faé. En défense, Mauro Cetto fait son retour à la place de l'infortuné Delhommeau, blessé et préservé. David Leray fait son retour au poste de latéral droit.
Toulalan presse haut
Comme ils le firent souvent en début de saison, et ce fut aussi le cas à Saint-Etienne, les Nantais choisissent d'investir le camp lillois dès les premiers instants. L'arbitre siffle le coup d'envoi et Diallo, tel un rugbyman, décide d'envoyer le ballon en touche, à gauche, près du poteau de corner. Surprenant mais payant, puisque les Nantais ne quitteront pas le camp lillois durant de longues minutes encourageantes. Le chef de file de ce pressing est Jérémy Toulalan. Il récupère ainsi un mauvais renvois lillois et tente un premier lob sur Sylva, avancé et battu. Malheureusement ça passe à coté. C'est encore lui, une minute plus tard, qui déborde coté gauche, là où le jeu nantais penche en ce début de partie, et centre en retrait. Personne à la réception. Da Rocha attendait le ballon au premier poteau. Quasiment deux occasions en trois minutes, c'est plus que lors des deux derniers matchs. Grâce à l'appel à la fierté et à l'esprit commando ou du fait de l'entrée en matière fébrile et timide des jeunes nordistes ? Un peu des deux. Mais n'oublions pas qu'à Saint-Etienne, Nantes avait aussi procédé de la sorte. C'est la suite qui fit déchanter et oublier leur bonne entame. Il faudrait un but pour ne pas refaire le coup de Geoffroy Guichard.
Le bijou de Rossi
Cetto, enfin appliqué à la relance, trouve Diallo devant lui. Le Malien parvient à se retourner au milieu de 3 Lillois. Il sollicite sur sa gauche un une-deux avec Da Rocha dont la remise est contré par Rossi parti dans une fausse piste. L'Argentin profite de cette transmission imprévue et tente un lob croisé. Sylva est avancé. Manifestement il aurait pu boxer le ballon. Il essaye de le récupérer des deux mains. Il est trop court. Le but est superbe. Da Rocha dira : « oui c'était ce que Rossi voulait faire ». C'est vrai, il avait d'ailleurs déclaré il y a 10 jours : « Nantes / Lille ce sera mon match. ».
Nantes ne recule pas. La tactique adoptée par Serge Le Dizet semble payer. L'expérience Toulalan à gauche est oubliée. Les Canaris sont en nombre dans le camp adverse, ils gagnent les duels, ils ont des solutions vers l'avant . Da Rocha, Rossi, Diallo bougent et sont disponibles. Les Lillois ont bien du mal à enchaîner les passes et hormis une passe latérale aveugle de Bocundji Ca en position défensive, qui faillit être interceptée, Nantes n'est pas mis en danger.
Si les Lillois ne progressent pas dans le jeu, ils commencent tout de même à obtenir des coups de pieds arrêtés, certains bêtement concédés par les Nantais, tandis que Monsieur Coué, lui, distribue ses cartons et hache le jeu. On se demande qui, de l'arbitre ou des joueurs, fait dégénérer la partie. Cela semble en tout cas profiter aux Nordistes.
Les Lillois se réveillent sur coup de pieds arrêtés.
Les Nantais ont travaillé les situations de jeu arrêtées vendredi. Il est vrai que les derniers buts encaissés contre Lille, l'ont tous été ainsi. La mauvaise idée, par contre, semble d'avoir désigné Signorino pour marquer Makoun. Par trois fois le capitaine lillois faussera compagnie à l'ex-Messin. Par trois fois, il reprendra de la tête (12', 19', 35'). A chaque fois il y aura situation de but et Faé sauvera même une première fois sur la ligne (35'). Fauvergue aura lui aussi l'occasion d'égaliser au second poteau, mais il manquera sa reprise de la tête (23').
A Nantes les dernières occasions de la première période
Avant la mi-temps, les Nantais réagissent pourtant. A la suite d'un corner, la reprise de Da Rocha est captée par Sylva (39'). Sur une remise en touche, Diallo se défait du marquage et passe en retrait à Faé, dont la reprise passe malheureusement à coté (43').
Faé sauve encore sur la ligne
Après la pause, ce sont les Lillois qui investissent le camp nantais, à leur manière : deux corners d'affilée. A l'origine du premier, une nouvelle imprudence de Bocundji Ca, dont la remise en retrait doit être sauvée par Guillon. Le corner évitable qui s'en suit est frappé cette fois au premier poteau. Eh oui, Lille varie ces coups. Le ballon lifté trompe tout le monde, sauf Faé qui sauve encore Landreau sur la ligne (46').
Lille domine, Keita puis Moussilou entrent en jeu.
En ce début de deuxième mi-temps, on retrouve le Nantes peu inspiré de ces derniers matchs. Acculé, il ne trouve pas de solution pour s'en sortir. Ça ne construit plus, ça cède à la fébrilité, ça dégage à l'emporte pièce. Toulalan est contraint de jouer plus bas, du coup c'est toute l'équipe qui recule. Pourtant, Lille ne se procure pas d'occasion, si ce n'est une bonne sortie de Landreau au devant de Moussilou (60'), fraîchement entré en jeu dans le sillage de Keita (51'). Les Canaris font toutefois en sorte de ne plus concéder de coups francs. Cela leur permet entre autre de reprendre petit à petit le jeu à leur compte.
Serge Le Dizet lance Oliech
Le sursaut nantais correspond aussi à l'entrée en jeu de Dennis Oliech. Bon choix de Serge Le Dizet. Nantes mène mais a tendance à jouer trop bas. Il fait d'une pierre deux coups. Oliech rentre dans des conditions idéales et ses partenaires vont chercher à monter d'un cran pour l'alimenter. Le Kenyan se met vite en action. Bocundji Ca, pote d'entraînement, le lance sur la droite. La Beaujoire admire la pointe de vitesse. Cette fois on ne leur a pas menti. Le Kenyan est rapide comme l'éclair. Il est adroit aussi. Son centre au premier poteau est superbe. Dommage Diallo est un poil trop court (69'), comme en première période sur un centre de Rossi, l'autre recrue du mercato. Quatre minutes plus tard Oliech part une nouvelle fois telle une flèche, après avoir mystifié son adversaire d'un joli petit pont. Dommage il se prend les pieds dans la pelouse. Dans la foulée, Moussilou, se signale lui aussi par sa vitesse, mais Landreau ne lui donne pas l'occasion de tirer profit de la situation.
Deux grosses occasions avant la bévue fatale
Oliech, encore lui, place une frappe puissante mais trop enlevée. Il y avait peut-être mieux à faire, mais on ne reprochera pas à un Nantais de frapper au but (79'). Les Jaunes se procurent une réelle nouvelle occasion, lorsque Toulalan décale Oliech sur la droite. Le centre est contré mais profite à Faé, qui se sent lui aussi des envies de perforation. Il entre dans la surface et place une frappe malheureusement au-dessus. Dommage. Nouvelle occasion de creuser l'écart : une nouvelle fois par un lob et encore avec Oliech dans le coup. Du milieu de terrain, le Kenyan, fait un grand pont sur son adversaire sans toucher le ballon, en profitant d'une passe d'un partenaire. C'est beau, d'autant que sa pointe de vitesse lui permet de piquer un ballon pour Diallo aux 40 mètres, avant une intervention adverse. Sylva est une nouvelle fois avancé. Le Malien tente sa chance. La Beaujoire croit à ce superbe but. Mais le ballon brossé finit du mauvais coté du poteau.
Keita crucifie La Beaujoire
On l'a dit Monsieur Coué a fait souvent n'importe quoi en première mi-temps, à tel point que lorsqu'il appela les deux capitaines (28'), on se dit que c'est lui qui devait plutôt se calmer. Après la pause, il s'est heureusement fait plus discret. Mais sa crainte indéfectible de voir les débats dégénérer l'a encore emporté quand il siffle un coup franc pour les Nantais alors que ceux-ci bénéficient de l'avantage. L'erreur est malheureusement prolongée par les Canaris. Ils sont en position de relance. Leray transmet à Cetto qui se débarrasse du ballon de manière imprudente pour Toulalan au milieu de trois adversaires venus immédiatement le presser. L'international espoir surpris, pense pouvoir s'en sortir seul. A-t-il d'autres solutions ? Son choix n'est pas le bon. Moussilou intercepte et lance Keita dans le dos de la défense. Les Nantais sont hors de position. Landreau choisit de sortir sans doute pour contrecarrer une tentative de centre en retrait qui avait déjà été fatale à Saint-Etienne. Keita l'ajuste. Le ballon tape le montant. Signorino revenu sur sa ligne ne peut rien. On espère voir le ballon frapper l'autre poteau puis sortir. Entre les poteaux et les dégagements sur la ligne, les Jaunes ont été plutôt vernis ces derniers temps. Mais non, le ballon franchit bel et bien la ligne. Les Jaunes « vraiment trop bêtes » selon Signorino et Faé, n'ont plus que leurs yeux pour pleurer.
Ils réagissent pourtant immédiatement. Une frappe de Diallo est contrée, puis une nouvelle après un corner. Rien n'y fait. Lille sait défendre un avantage. Faé se démène à droite mais ses centres sont mal assurés. Alors Guillon frappe un ultime coup franc. En première mi-temps c'était passé de peu à coté alors que Sylva était battu. Cette fois le gardien lillois se détend superbement et annihile le dernier espoir nantais. Cinq matchs sans victoire. Troisième nul d'affilée à domicile. Il y a eu du mieux, mais Nantes n'est toujours pas assuré de son maintien et l'objectif présidentiel s'envole. Il faudra aller chercher des points au Mans et à Nancy. En attendant La Beaujoire siffle. C'est nul.
F.P. le 14 mars 2006.