Une première période difficile
Pour dire la vérité, on a souvent eu l'impression durant les 45 premières minutes que Lyon et Nantes ne jouent pas tout à fait dans la même catégorie. Les Rhodaniens avaient besoin de redorer un blason relativement terni par quelques nuls et des productions approximatives depuis deux mois. Ils avaient sans doute encore au travers de la gorge les arêtes que les Canaris y avaient glissées cet automne, en championnat d'abord où ils les avaient malmenés, en Coupe de la Ligue ensuite où ils les avaient éliminés.
Ils mordirent donc dans la rencontre avec un féroce appétit, à l'image de Fred, qui entend montrer qu'il est supérieur à Carew, et de Karim Benzema dopé par l'envie de se faire une place dans un effectif dont la pléthore est pour l'instant fatale à son copain Ben Arfa. Juninho, critiqué ces derniers temps parce qu'il était devenu moins influent et moins diabolique sur coups de pied arrêtés, souhaitait lui aussi se rassurer et reprendre sa baguette de chef d'orchestre quelques jours avant de retrouver la scène européenne. Ses dribbles obligèrent d'entrée Faé à commettre plusieurs interventions litigieuses, lesquelles lui valurent un rapide rappel à l'ordre de la part de l'arbitre.
Faute sur Toulalan, l'arbitre laisse jouer
Damien Ledentu se montra en revanche moins regardant lorsque Toulalan fut victime d'une série de fautes qui l'amenèrent à perdre le ballon. Que fallait-il qu'il fasse pour que Ledentu siffle coup franc ? Qu'il se couche comme s'y emploie Juninho dès qu'on l'effleure ? Qu'il hurle au viol comme le fit un peu plus tard Malouda, lequel se releva sain et sauf dès qu'il eut obtenu ce qu'il quémandait ?
Jérémy préféra rester debout et Ledentu ne broncha pas lorsque dans la foulée Benzema s'empara du ballon. Loïc Guillon, peut-être énervé par la passivité de l'arbitre, c'est la thèse que présenta Serge Le Dizet, commit alors à son tour une faute sur l'attaquant lyonnais. Ledentu, cette fois, n'hésita pas : il se souvint qu'il disposait d'un sifflet et il le fit retentir. Pour Juninho, il s'agissait bien sûr d'une aubaine, même si, on l'a dit, les Lyonnais reçoivent chaque semaine ce genre de cadeau.
Et but sur coup franc de Juninho
S'il en allait différemment Tiago aurait été dans l'impossibilité de jouer contre Nantes puisque son agression sur Assou-Ekotto, six jours plus tôt à Lens, méritait un carton rouge direct. Lequel ne lui avait bien sûr pas été infligé. A ce sujet, on aimerait d'ailleurs que la commission de discipline qui a blanchi Le Crom, sans doute avec raison, ne se contente pas de réhabiliter les innocents lorsqu'ils sont déclarés coupables, à tort. C'est bien. Mais ce serait encore mieux si elle savait aussi œuvrer en sens inverse, c'est à dire sévir contre les coupables dont les arbitres n'ont pas vu ou mal apprécié les exactions. Mais c'est sans doute trop lui en demander, à plus forte raison quand un Lyonnais est dans le coup. Ou plutôt les coups.
Juninho ne se sent assurément pas concerné par ce genre de débats et il a bien raison puisqu'ils tournent systématiquement à l'avantage de son club. Il posa donc le ballon là où Ledentu l'avait dit, à 25 mètres de la cage de Tony Heurtebis,et il décocha un tir qui contourna le mur et alla se ficher dans le but nantais (9è).
Offensives lyonnaises
Les Canaris accusèrent durement le coup. Tous les plans qu'ils avaient échafaudés étaient par terre. Ils perdirent beaucoup de ballons et semblèrent dépassés par le rythme imposé par leurs rivaux. Coté droit, Leray avait été préféré à Savinaud alors que Rossi évoluait dans le couloir. Capoue, lui, avait été maintenu côté gauche où il faisait preuve de davantage de combativité que de lucidité. Toulalan et Faé étaient à la récupération, le premier parcourait sa potion habituelle de kilomètres, souvent en les essaimant d'une bonne dose de talents, alors que le second semblait rester en dedans de ses actions depuis que Ledentu l'avait menacé de carton jaune. Da Rocha était au four et au moulin mais Nantes ne parvenait pas vraiment à se sortir de l'emprise lyonnaise, à élaborer du jeu et à chaque fois qu'il échafaudait de vagues offensives il se faisait méchamment contrer, sans doute parce qu'il s'y essayait en ordre trop dispersé. Et si on eut l'occasion d'apprécier une attaque Diallo – Rossi rondement menée, force est d'avouer qu'on en vit beaucoup plus du côté des Gones. On pense notamment à une offensive Benzema – Fred - Wiltord qui mit littéralement le feu à la défense nantaise (32è) et une géniale talonnade de Fred à destination de Juninho qui permit à ce dernier de se présenter seul face à Heurtebis. Le suppléant de Landreau gagna ce difficile face à face.
Deuxième but
Mais à cet instant, la 44è minute, il avait déjà ramassé un deuxième ballon dans ses filets. Sur un nouveau coup franc, voyez-vous ça, conséquence cette fois d'une faute de Rossi, d'ailleurs pas des plus évidentes, Juninho avait expédié le ballon dans le paquet, Guillon avait repoussé de la tête mais à la retombée, au milieu d'une belle mêlée, Wiltord s'était élevé plus haut que tout le monde et avait dévié pour Mahamadou Diarra, oublié sur la droite et couvert par Guillon. Le Malien avait glissé le ballon hors de portée de Heurtebis…
2-0, c'était le score à la pause et on pouvait admettre que ce n'était pas forcément sévère, même si on a vu que l'influence de Ledentu avait pesé sur le scénario. Les dernières minutes de ce premier acte furent en effet terribles pour les Nantais que l'on sentait à la limite de la rupture. On vit ainsi Toulalan, suite à un corner, dégager un ballon directement en touche mais ce n'était pas forcément par maladresse : il n'avait pas d'autre choix, aucun partenaire n'étant disponible.
Fred marque le troisième but
Le scénario ne changea pas radicalement au début du second acte, malgré l'entrée en jeu de Bocundji Ca à la place de Julio Rossi. Lyon effectuait toujours la course en tête et Capoue dut, en catastrophe, mettre le ballon en corner à la 56è minute. Le troisième but s'abattit sur la tête des Nantais une minute plus tard. Au départ, encore une fois un coup de pied arrêté. Un corner. Diarra récupéra le ballon, lança Müller sur la gauche et le Suisse adressa un centre dont Cris manqua la reprise. Mais ce loupé profita à Fred qui se montra le plus prompt pour reprendre le ballon. Toulalan, mystifié par tant de réussite, en resta sur le dos, les bras en croix, assommé.
Et Diallo son dixième
Bamogo remplaça Capoue peu après mais l'issue de la partie ne faisait évidemment plus aucun doute. Les Lyonnais levèrent peu à peu le pied et les Nantais eurent le bon goût d'en profiter pour refaire surface. Diallo obligea Cris à commettre une faute, Da Rocha contraignit Coupet à un sauvetage délicat (65è), Faé obtint un corner (66è). Et puis enfin, à la 74è minute, sur un centre de Da Rocha, Mamadou Diallo effectua une tête arrière qui surprit tout le monde, y compris Coupet. Le Malien venait de signer son dixième but de la saison en championnat, ce n'était ni le plus beau ni surtout le plus précieux, il permettait néanmoins de ramener la défaite à une ampleur moins conséquente et c'était au moins ça.
B.V. le 19 février 2006.