Des occasions, pas de buts
« Moi, je préfère avoir gagné à Ajaccio et concédé le nul ici contre Nice plutôt que d'avoir réalisé l'inverse, » s'exclama Mickaël Landreau à l'heure des commentaires. Le capitaine nantais n'a pas tort. Même si bien sûr il eut été préférable d'engranger deux succès, objectif qui n'avait rien de déraisonnable, il est clair que l'essentiel pour l'heure consiste à conserver une marge de sécurité maximale par rapport aux trois rélégables. Après ce nouveau nul à domicile, elle se chiffre toujours à 12 points et il s'agit d'un matelas tout de même confortable.
Reconstruction en cours
Encore quelques efforts, une ou deux victoires, la première à Metz dès samedi prochain ce ne serait pas mal, et Nantes pourra éventuellement penser à d'autres desseins que le maintien. A son jeu notamment puisque tout le monde veut bien s'accorder à penser, du moins on l'espère, que c'est en retrouvant ses valeurs, donc son football, que les Canaris se donneront les meilleures chances de s'extraire du cauchemar dans lequel la gestion-Gripond les a plongés. Gestion des hommes, des techniciens, de la formation, du recrutement, de l'argent aussi. Tout est à rebâtir, on ne le sait que trop.
Alors, autant commencer par ce qui se passe sur le gazon puisqu'il s'agira toujours de l'essentiel, n'en déplaise aux dirigeants imbus de leur petite personne, on ne vise pas là seulement ceux de Nantes.
Nantes a fait l'essentiel du spectacle
Ce qu'on a vu contre Nice, disons le tout net, n'a rien de rédhibitoire. Non, c'est vrai Nantes n'a pas gagné; oui, c'est exact l'équipe a montré une nouvelle fois des limites certaines, notamment dans la finition, et parfois même dans l'élaboration du jeu. Il n'en reste pas moins que ce 0-0 est du genre encourageant. L'équipe de Serge Le Dizet a fait l'essentiel du spectacle, face à une formation solide, hargneuse, rôdée à la résistance sur terrain adverse puisqu'elle est rentrée bredouille à trois reprises seulement des 11 voyages qu'elle a effectués depuis le début de la saison. Nice est un hérisson, les Canaris ont su ne pas s'y piquer et c'est déjà ça.
Et s'ils ne sont pas parvenus non plus à le mettre cul par dessus tête, ce n'est pas faute d'avoir essayé. Ils ont montré de l'envie, de la détermination, de la volonté. Qu'est-ce qui leur a manqué ? « De la justesse dans les dernières passes et puis aussi des « jambes » en fin de rencontre, » estima Serge Le Dizet..
Manque de collectif dans la finition
On ajoutera cette petite étincelle qui paraît n'être presque rien et qui est pourtant beaucoup, souvent même l'essentiel : elle s'appelle l'imagination. Milos Dimitrijevic n'en était pas porteur samedi soir et si Da Rocha perçoit volontiers comment il faudrait agir, les forces et le « peps » lui manquent pour l'accomplir. Ils lui ont surtout fait défaut au moment de la finition, puisqu'il hérita de deux balles de but sans parvenir à en tirer profit. Il faut souligner également que collectivement les attaquants ne se sont pas mis particulièrement en exergue, les relations entre Bamogo et Diallo ayant été quasi-inexistantes. Capoue s'est éteint après un départ plutôt encouragent et Claudio Keserü, qui lui a succédé à l'heure de jeu, a couru encore, un peu en vain, après ses repères, le creuset collectif et ses certitudes. Reste Julio Rossi. Il n'a passé que 18 minutes sur le terrain, ce fut insuffisant pour peser sur le jeu, ça l'est aussi pour qu'on se permette d'avoir une opinion précise à son sujet.
Il est où le buteur ?
Pour le reste, Jérémy Toulalan a confirmé, mais c'est tout sauf une surprise, combien son intelligente et inlassable activité est précieuse et Signorino a effectué un retour rassurant, même si son côté chien fou prit parfois le pas sur la lucidité. L'ensemble a donc débouché sur un match intéressant, sans aucun rapport avec la pauvreté de celui livré contre Valenciennes et supérieur dans son contenu à la copie rendue à Ajaccio, dans des circonstances très différentes. En Corse, Nantes était dos au mur et le résultat prédominait sur toute autre considération. Le danger, car il serait à terme porteur de terribles désillusions, serait que les Canaris croient qu'ils peuvent gagner quand ils jouent mal et persistent à rester muets lorsqu'ils produisent du jeu, comme cela avait déjà été le cas contre Rennes. La solution est connue, elle est aussi simple que compliquée : il faut transformer en un minimum de buts les occasions que l'on se créée. Nantes recherche toujours un buteur en état de marquer.
Six occasions en première période
Sur le chapitre des situations favorables, il a en tout cas archi-dominé Nice en première période. A six reprises, il mit ainsi Grégorini en danger. Par deux fois, ce fut sur corner, exercice dans lequel on note une nette amélioration. A quand le but ? Cetto, embusqué au centre et Guillon, posté au deuxième poteau, faillirent le marquer à la 40è minute. Cinq minutes plus tard, Savinaud effectua une tête arrière sur le shoot de Dimitrijevic, chargé désormais de botter ces coups de pied de coin et il s'en suivit une grande confusion dans la défense azuréenne. Mais nulle fissure ne s'y produisit.
C'est tout de même dans le jeu, et c'est d'ailleurs plus intéressant, que Nantes s'était montré le plus dangereux. Ainsi à la 24è minute, Bamogo avait démarré sur la droite, feinté Abardonado et tenté sa chance angle fermé. Grégorini avait repoussé et Da Rocha ne manqua pas de signaler à son coéquipier qu'il aurait été mieux inspiré en le servant en retrait. A la 32è minute, Diallo, servi en profondeur par Bamogo, échoua à son tour sur le portier niçois. Juste après, Toulalan, servi par Da Rocha, effectua lui-aussi un mauvais choix, une fois n'est pas coutume, en préférant (mal) centrer pour Diallo plutôt que de redonner à Da Rocha. Enfin, à la 42è minute, Capoue décocha de la gauche un centre sur lequel Diallo se révéla un poil trop court pour inquiéter réellement Gréogorini. Faites le compte : on a nos six occasions. En face, Nice ne s'en était procuré qu'une seule, œuvre de la tête de Bagayoko sur un coup franc de Balmont (18è). L'emprise nantaise était donc nette, le 4-2-3-1 mis en place par Le Dizet fonctionnait bien, même si on peut se poser des interrogations sur les rôles de Dimitrijevic et de Da Rocha. Et s'ils les avaient inversés ? La baguette du meneur de jeu pour Milos, la besogne défensive pour Frédéric ? On pouvait également regretter le trop grand nombre de ballons aériens expédiés dans l'axe de la défense centrale azuréenne, sans doute ne s'agit-il pas de meilleure recette pour prendre en défaut Traoré et Abardonado.
L'arbitre ne voit pas la main de Capoue
Au début de la seconde période survint une péripétie qui aurait pu changer l'histoire du match. Et on reconnaîtra sans peine qu'elle lésa les Azuréens. Sur un corner, Aurélien Capoue enleva, de la main, c'était net, un ballon que Varrault s'apprêtait à reprendre du crâne (50è). On se demande quelle curieuse idée lui est alors passée par la tête. Mais on s'interroge surtout sur le manque de réflexe de l'arbitre qui n'eut aucune réaction alors que le penalty était flagrant. Peut-être fut-il aussi surpris que Capoue ? Les Nantais s'en sortaient bien.
Dans le cas contraire, peut-être n'auraient-ils pas repris avec autant d'assurance le fil de leur domination. Da Rocha eut, à son tour, deux possibilités d'infléchir le scénario. En pivotant, il tira d'abord sur Grégorini (52è). Puis, alors qu'il venait d'être bien servi par Savinaud, il décocha une reprise de la tête à côté de la cible (54è).
Intervention suspecte sur Bamogo
Le jeu était progressivement en train de se débloquer et si Nantes jouait toujours bien jusqu'à 20-25 mètres du but de Grégorini, les Niçois n'étaient plus en reste. Les entrées en jeu de Bellion et surtout de Vahirua leur avaient procuré un véritable coup de fouet et la défense de Mickaël Landreau avait désormais intérêt à veiller au grain. Et si Bamogo (coupable tout de même d'avoir oublié Signorino sur sa gauche, 64è), Diallo (65è,66è), Keserü (71è) se montrèrent pressants, Cetto dut aussi intervenir face à Bagayoko (77è).
Les minutes filaient, on ne voyait toujours pas le moindre but et les boulons se resserrèrent. Nice était content du résultat, Nantes avait encore en tête sa déconvenue face à Rennes. Un boulet de Rool repoussé par Landreau (87è), une bombarde de Keserü déviée par la tête d'Abardonado (90è), puis une intervention suspecte de Fanni sur Bamogo (90è+2) maintinrent toutefois le suspense jusqu'au bout.
B.V. le 15 janvier 2006.