A la pause, pensiez-vous qu'il était possible de renverser la situation ?
Oui, et je l'ai assuré aux joueurs. Je leur ai rappelé que Strasbourg n'avait encore gagné aucun match, que ce n'était donc pas un épouvantail imbattable, que sa défense était friable et qu'il fallait jouer tous nos coups à fond. Qu'on avait toujours de bonnes chances de marquer. Et que si, justement, nous marquions un but, surtout s'il survenait assez rapidement, tout redeviendrait possible. J'ai aussi, bien sûr, évoqué le fameux Liverpool – Milan de la dernière finale de la Ligue des Champions. Il reste que je ne croyais pas à un tel scénario, je veux dire que Strasbourg pourrait reprendre ses deux buts d'avance. Quand les Alsaciens ont de nouveau marqué et mené 3-1, j'ai pensé que cela allait se compliquer encore plus. J'ai eu peur que les gars accusent le coup.
Et ce ne fut pas le cas
Au contraire : ils ont super bien réagi. Sur ce plan, ils ont même été, une nouvelle fois, très forts. Un peu comme contre Lyon en Coupe de la Ligue. Ils s'étaient fait rejoindre juste en fin de match, ils n'avaient pas craqué pour autant. Cette fois encore, ils ont su surmonter le coup dur qui leur est tombé dessus. Les joueurs ont été étonnants, vraiment !
Comment expliquez-vous votre mauvaise première période ?
Elle n'a pas été si mauvaise que ça. Nous avons même livré 20 bonnes premières minutes. Ensuite, c'est vrai que nous sommes tombés dans l'à peu près avec plusieurs mauvaises passes. Nous avons effectué trop de mauvais choix, au moment de la dernière passe, et on a un peu douté. Strasbourg en a profité. Mais les deux buts qu'on prend, c'est tout de même la conséquence de deux coups de pied arrêtés, ce n'est pas dans le jeu.
Vous avez aussi décidé de faire entrer Bamogo
Cela avait été difficile de l'écarter ! Il avait réalisé un bon match à Marseille et j'avais conscience qu'il méritait d'être de nouveau titularisé. J'avais beaucoup hésité et si je lui avais préféré Claudio Keserü c'était pour des raisons tactiques, parce que je pensais que Keserü et Diallo se complèteraient mieux en pointe. Evidemment j'ai apprécié la seconde période de Habib. C'est bien. Mais Claudio n'est pas du tout condamné. Il aura de nouveau sa chance.
Vous pensez que moralement le scénario peut être profitable à l'équipe ?
Bien sûr ! Ce que les joueurs ont vécu là, ils ne l'oublieront jamais. Ils en reparleront pendant toute leur carrière. Moi, je n'avais encore jamais vécu un tel scénario. Ni comme joueur, ni comme entraîneur. Eux, ils sauront qu'une rencontre n'est jamais finie, que tous les handicaps se remontent. Ils se laisseront moins ébranler par un contre-temps. En fait, on a passé une soirée qui va rester dans les cœurs et dans les mémoires. Dans les nôtres mais aussi celles des spectateurs. Une deuxième période de ce genre, avec autant de buts et de spectacle, on en voit rarement. Qui disait qu'il n'y a pas beaucoup de spectacle à la Beaujoire ? Sept buts, huit si on compte celui qui a été injustement refusé à Diallo, un penalty raté, on ne peut pas demander mieux. Surtout quand en plus on gagne. D'ailleurs je crois que notre victoire, au final, est on ne peut plus logique. Notre seconde période a été extraordinaire et nous nous sommes créés de nombreuses occasions de buts. Davantage que Strasbourg. Cela précisé, à l'heure des commentaires, j'ai aussi une pensée pour Jacky Duguépéroux : perdre de cette manière, sur le fil, ça doit être dur pour lui !
Recueilli par B.V. (le 27 novembre 2005)