Apport de Keseru positif
De là à prétendre que nous avons vécu un après-midi mémorable, il existe un pas qu'on se gardera bien de franchir. Nous savons trop que dans la longue et légendaire série des classiques entre les Jaunes et les Verts, il a souvent existé beaucoup, beaucoup mieux. Notamment du côté de Nantes qui, en ce temps-là, celui des grands affrontements, n'avait pas l'habitude de verser dans la demi-mesure, surtout pas face à l'ASSE. Or, le FCNA, pour marquer à la fois les esprits et les buts, comme le faisaient ses devanciers des années 1970, a joué samedi sur un rythme trop monocorde, trop retenu. Il a manqué aussi, outre des talents individuels qui ne sont guère comparables, de précision et d'imagination dans la construction, laquelle fut trop sage pour devenir déstabilisante. On ajoutera évidemment, mais ça c'est tout sauf un scoop, le manque de punch dans la finition. Même si en ce dernier domaine, l'apport de Keserü fut très positif.
Deux buts nantais
Il s'avéra même décisif en début de partie puisque le match était à peine lancé que Diallo, bénéficiant d'une bonne relance de Landreau, glissa un ballon en or, sur sa droite, au jeune Roumain. L'action se caractérisa par la vitesse et la justesse qui allaient faire ensuite cruellement défaut aux Canaris. Keserü y ajouta la finesse puisque c'est d'une frappe piquée, du gauche, qu'il s'en alla mystifier Janot.
Nantes, fort de ce but acquis après 2'30'' de jeu, avait alors toutes les cartes en mains. Le sempiternel « ah, si nous avions eu la chance d'ouvrir rapidement le score » devenait caduque. Peut-être les Canaris auraient-il raflé la mise de manière définitive si un centre de Diallo, très en verve, avait trouvé preneur. Ce ne fut pas le cas et leur bel allant initial se trouva brisé par le coup de massue qui leur tomba sur la tête, on plutôt sur le crâne de Nicolas Savinaud. Au départ, Loïc Guillon concéda un corner, sans doute évitable. Hellebuyck le botta et à la réception, les défenseurs nantais, Landreau y compris, firent preuve d'une coupable passivité. Savinaud, statique, fut bousculé par Mazure. Le ballon lui atterrit alors sur le sommet de la tête et il rebondit dans les filets, au ras du poteau.
Imprécisions, manque de changements de rythme
Le coup était malheureux et les Nantais en accusèrent suffisamment les méfaits pour que leurs bonnes intentions se transforment en hésitations. Ils eurent pourtant au moins deux occasions de reprendre les commandes. D'abord grâce à Guillon qui, suite à un corner, reprit le ballon de la tête. Mais Janot s'interposa (17è). Ensuite par l'intermédiaire de M'Hadhbi, crocheté par Diawarra alors qu'il était en pleine surface de réparation. Mais l'arbitre resta coi (23è).
Alors, le jeu nantais sembla prendre du plomb dans l'aile, notamment du côté droit où Faé péchait par indolence et Savinaud par maladresse. L'escargot stéphanois sortit progressivement de sa coquille, à l'image de Piquionne, sans cesse à l'affût des longs dégagements de ses partenaires.
Diallo et Keserü ne se montraient certes pas les plus mauvais, au contraire, mais ils étaient comme coupés du reste de l'équipe. Il faut dire que Dimitrijevic ne se sentait pas franchement d'attaque. Il manquait à la fois de promptitude et de technicité, deuxième point surprenant en ce qui le concerne. On se gardera toutefois de trop l'accabler : il avait été indisposé durant la semaine et Milos, dont le potentiel est indéniable, a davantage besoin de soutien que de critique. Surtout qu'il s'inclut parmi les joueurs, capables de discerner d'eux-mêmes s'ils ont réussi ou raté leur match. L'ancien Briviste n'avait encore aucun match de L1 à son compteur il y a moins d'un an, ne l'oublions pas.
Glombard et Da Rocha rentrent
Toujours est-il que les Stéphanois n'avaient pas à s'embarrasser de ces considérations et on trembla lorsque Mazure expédia un ballon à quelques centimètres de la cage de Landreau (31è). On prendra soin toutefois de noter, comme ça, en passant, que l'ancien Caennais n'a pas franchement fourni la preuve que sa venue à Nantes aurait été des plus bénéfiques. Simple constatation émise à l'intention de ceux qui s'offusquèrent quand, durant la période des transferts, le FCNA ne se positionna pas clairement à son sujet et se fit, ou se laissa, devancer par Saint-Etienne. Il est vraiment permis de supposer que Keserü possède un meilleur avenir et le Roumain s'efforça de le démontrer juste avant la pause. Sa tête décroisée fut cependant trop molle pour abuser la vigilance de Janot, lequel était précédemment aller chercher, en deux temps, un ballon chaud dans les pieds de M'Hadhbi (35è, sur une mauvaise passe en retrait de Camara).
Keserü n'a toutefois pas encore une heure et demie à ce niveau dans les jambes, il a (trop) peu joué depuis le début de saison, il était rentré quelques jours plus tôt légèrement blessé d'un match avec les Espoirs roumains et Serge Le Dizet le remplaça logiquement à la 61è minute par Glombard tandis que Da Rocha prit presque immédiatement après le relais de M'Hadhbi (côté gauche donc).
Occasions stéphanoises
Il convient de reconnaître que Nantes vivait alors de difficiles moments, ceux évoqués tout à l'heure. Le match menaçait même de lui échapper, ce qui serait arrivé si l'empoisonnant Piquionne avait fait preuve d'un peu plus de perspicacité, si Guillon n'avait contré un shoot de Sablé (66è), si Landreau n'avait repoussé une tentative de Hellebuyck (67è) et si le même Landreau n'était sorti à toutes pompes dans les pieds du même Hellebuyck. Si aussi, disons le tout net, l'arbitre avait sanctionné d'un penalty un involontaire contrôle de la main de Signorino dans la surface. Il aurait pu…
Toutes ces péripéties s'étaient tramées en moins de cinq minutes, c'est dire si on apprécia le regain de vitalité des Nantais que Diallo réveilla par une percée sur sa droite, terminée par un tir qui fut contré. Le centre en retrait aurait probablement été plus judicieux (70è).
Même Faé (deux tirs, le second raté), sortit alors de sa torpeur, tandis que Glombard poursuivait ses raids isolés au bout du bout, sans trop lever la tête ni sans, surtout, parvenir à les rendre productifs.
En fin de match, les débats se rééquilibrèrent totalement, Nantes parut d'ailleurs davantage décidé, à l'image de Diallo et de Toulalan, à forcer le destin. Le score ne changea pas pour autant.
Il reste qu'on peut estimer que les sifflets qui, lors du retour aux vestiaires, répondirent à l'invitation (pas forcément adroite) formulée par le speaker « d'applaudir votre équipe » étaient sévères.
B.V. le 16 octobre 2005.