Est-ce que l'Olympique Lyonnais est une équipe à battre ? c'est-à-dire au même titre que le Paris SG, l'Olympique de Marseille ou même l'AS Saint-Etienne. La réponse est non, encore non, toujours non. C'est une bizarrerie que le nombre de titres fraîchement acquis ne semble pas vouloir changer. Les équipes que rencontre l'OL, n'en sont pas encore à disputer le match de leur saison. L'OL à force de se renforcer chaque saison, parfois en laissant quelques internationaux sur le carreau d'ailleurs, est devenu quasiment inaccessible. Il ne s'agit presque plus de gagner mais plutôt de s'étalonner, ou de s'excuser... Comme si perdre n'était pas trop grave car l'important est d'avoir tenu un peu ou de ne pas avoir été ridicule. C'est une sorte de respect qui facilite un peu la tâche des protégés de Jean-Michel Aulas. Comparativement, si l'OM ou le PSG bénéficiaient de tels égards béats, ils n'en seraient plus à devoir batailler ferme sur tous les terrains de France, comme s'ils étaient encore des dévoreurs de titres, plutôt que des amuseurs de gazettes.
Pas dans la même cour
Ce soir donc, le FC Nantes serait censé s'étalonner. En fait, non, pas vraiment. Car il ne fait plus parti du gotha de ceux qui peuvent y prétendre. Peut-être qu'avec 3 ou 4 points de plus, glanés au hasard à Troyes et Sochaux, il aurait pu entretenir cette illusion. Non le FC Nantes peut au mieux se rassurer sur son jeu, son envie, son engagement. Il peut aussi nous surprendre agréablement. Il l'a déjà fait. Il lui suffirait de retrouver l'allant du tout début de saison. Mais jamais en cas de succès ou de nul méritoire, on osera dire Nantes vaut Lyon ou Nantes peut prétendre finir dans les 3 premiers. On dira plutôt, Lyon s'est économisé, Lyon n'a pas joué à son niveau.
Déjà la saison dernière, Paul Le Guen avait fait largement tourner son effectif, pour gérer. Le FC Nantes avait alors surpris son monde en marquant par deux fois. La performance n'était pas anodine puisque l'OL n'encaisse pas souvent deux buts dans le pays qu'il domine depuis 4 saisons. Il fallut alors que Paul Le Guen libère son bancs des internationaux mis au repos. Finalement Nantes obtint un bon nul mais fut à deux doigts de perdre. Et jamais, on n'a dit que Nantes avait fait jeu égal avec l'OL, car celui-ci avait gardé son vrai visage pour des joutes plus dignes de son rang.
Juninho absent
Ce soir, Juninho est au repos. Il n'est certes pas indispensable à l'échelon national, mais son absence ne sera pas sans incidence sur le comportement des Lyonnais. Diarra est toujours blessé. Pedretti et Frau sont à nouveau dans le groupe après un petit détour en CFA. Frau se souvient qu'il avait marqué un sacré but, alors que déjà il jouait bien peu. Durant l'intersaison, Jean-Michel Aulas lui a dit je veux te garder. L'ex-Sochalien trop orgueilleux ou un peu présomptueux, mais compétiteur aussi, s'est dit : « ça tombe bien je veux rester, je veux prouver que j'ai ma place ». Ou encore : « si le Président me veut, c'est que j'aurai ma chance ». Et puis, il n'a pas vu partir Govou, mais il a vu arriver Carew et Fred. Aura-t-il encore l'envie et le loisir de planter un but aux Nantais pour montrer qu'il est encore là quand bien même il est déjà définitivement derrière Govou, Carrew et Fred ? On se souvient du discours que Jean-Michel Aulas tenait à Jérémy Toulalan quand il faisait croire à la France entière qu'il le voulait. Non content de lui dire que le départ de Mickaël Essien était prévu, ce qui était vrai, alors qu'on assista beaucoup plus tard à une vaste comédie du joueur qui boude et du Président qui est tout triste pour son joueur que « la France entière souhaite garder », il assura le jeune international espoir qu'il aurait du temps de jeu… Evidemment, Frau, Nilmar, comme bientôt Pedretti et Monsoreau, ne furent pas les émissaires d'une telle supercherie… Monsieur Aulas berne ses joueurs et ses supporters, mais c'est sans doute le prix de la réussite de l'OL.
Gilles Yapi aussi.
En face si Yapi est absent ça n'est pas, à l'inverse de Juninho, pour le laisser reposer. Le jeune international ivoirien avouait, il y a deux semaines, qu'il sentait qu'il perdait sa place, il ne pensait sans doute pas que cela serait si rapide et si radical. Sans lui, l'équipe ne va pas mieux et dans ce genre de match on doute que la jeune garde fasse le poids. On peut se tromper et ce sera tant mieux. L'absence de Mickaël Landreau est, elle, assurément un plus lourd handicap. Dans une défense où Pierre amène une sérénité bienvenue, Heurtebis devra lui aussi faire preuve d'une grande assurance pour que ses défenseurs ne balancent pas, comme c'est désormais trop souvent le cas, ou se couvrent mutuellement pour mieux se découvrir ailleurs, au second poteau par exemple…
Une mise au point d'une heure.
Vendredi, les supporters qui ont fait le déplacement à La Jonelière, pour voir dans quel état d'esprit étaient leurs favoris, ont du patienter une heure, avant de voir les Canaris sortir du vestiaire. Jamais ou presque, on ne les prévient du contenu d'un entraînement, jamais ils ne savent s'ils peuvent rentrer chez eux ou ne pas se déplacer, car l'entraînement est différé, écourté ou se passe dans les sous-bois. Durant une heure, Serge Le Dizet a fait avec ses joueurs une mise au point qu'on imagine sans concession. La petite histoire ne dit pas si Rudi Roussillon est lui aussi monté au créneau. Si l'entraîneur nantais a décidé de reconduire quasiment le même groupe que face à Sochaux, c'est sans doute qu'il attend une réaction des mêmes, plutôt que de choisir la sanction d'un turn-over déguisé. On espère qu'il aura tout de même expliqué à Gilles Yapi, pourquoi il ne compte momentanément plus sur lui.
Nantes doit une revanche à ses supporters
On attend de voir le résultat de cette mise au point, assortie d'une mise au vert après l'entraînement d'hier. Car les Nantais ont été indignes à Sochaux. Dans leur situation c'est impardonnable. On les attend donc beaucoup plus fringants, bagarreurs et ambitieux. Le résultat sera accessoire, pas la manière. Paul Le Guen savait pertinemment comment jouer les Nantais. Leur abandonner leur maîtrise stérile et attendre l'ouverture en jouant la carte d' individualités autrement plus décisives. Nous verrons ce soir si Gérard Houiller applique la même méthode. Les supporters et spectateurs de La Beaujoire souhaitent un bon match et pourquoi pas voir l'outsider s'étalonner jusqu'à la victoire.
Frédéric Porcher, le 25 septembre 2005