« Nous n'avions pas de jambes »
Nous n'en sommes heureusement pas là. Pour l'heure, la médiocre partie à laquelle nous avons assisté au stade Bonal suffit largement à notre malheur et nous voulons croire que le visage offert par les Nantais, durant le premier acte notamment, a été trop moche pour être vrai.
« Nous n ‘avions pas de jambes », constata après coup Serge Le Dizet, rendu apparemment perplexe par l'impuissance de ses joueurs. A cette panne physique suggérée par son entraîneur s'ajouta pour les Canaris un accablant manque d'idées. C'est bien simple : Teddy Richert n'eut, durant les 45 premières, pas une seule intervention à réaliser. Non, pas une seule. Les miettes offensives nantaises étaient le fruit de longs ballons, dégagés loin en avant, plus ou moins à destination de Glombard. Ce dernier, à la 31è minute, hérita du coup de la seule occasion des Jaunes, au terme d'un raid mené sur l'aile droite qu'il avait entamé depuis son propre camp. Mais, parvenu devant Richert il croisa trop son shoot, décoché dans un angle fermé. Sans doute aurait-il été mieux inspiré en levant la tête et en servant Dimitrijevic en retrait ou Da Rocha sur sa gauche.
Landreau touché
On était donc alors parvenu au tiers du match et le moins qu'on puisse avouer est qu'on avait vraiment vu peu de spectacle. Car si les Nantais n'étaient visiblement pas dans le match, les Sochaliens de leur côté éprouvaient beaucoup de mal à y entrer. Ils étaient toutefois parvenus à provoquer des embryons d'actions chaudes devant la cage de Landreau, aux alentours de la 20è minute. Isabey avait contraint Pierre à concéder un corner puis Dagano avait décoché une volée difficilement repoussée par Landreau (22è). A cet instant, tous les yeux étaient fixés sur Mickaël car il venait de se faire soigner pour une douleur aux adducteurs et s'il continuait la partie, il était de toute évidence diminué. Il avait demandé à ses coéquipiers, Mauro Cetto en tête, de ne plus lui passer le ballon en retrait et il évitait de dégager les 6 mètres.
La blessure de leur capitaine n'arrangeait évidemment pas les Nantais qui se montraient déjà fort empruntés dans les autres domaines du jeu.
Trop d'imprécisions
Da Rocha par exemple éprouvait du mal à tirer son épingle du jeu sur le flanc gauche (dès la 4è minute, en voulant se remettre sur son pied droit, il avait même laissé un bon ballon s'échapper). Jean-Jacques Pierre, pour sa part, n'affichait pas la même aisance technique qu'à Troyes ou contre Toulouse où son assurance avait déteint sur ses partenaires et on voyait Cetto commettre beaucoup de relances imprécises. On pourrait ajouter qu'en dépit des efforts de Bocundji Ca, Jérémy Toulalan manquait dans l'entre jeu où les coups de patte de Milos Dimitrijevic, par manque de promptitude souvent, ne tombaient pas aussi justes qu'à l'ordinaire. Le problème pour les Nantais paraissait d'autant plus compliqué que les rares fois où ils firent mine de s'installer dans le camp adverse, ils s'exposèrent aux contres des Sochaliens, lesquels demeurent redoutables dans cet exercice dont Guy Lacombe leur a inculqué tous les secrets.
Dagano marque
Malgré tout, les Canaris atteignirent vaille que vaille le repos sur un score vierge qui leur laissait encore de l'espoir. A condition de sortir de leur léthargie, évidemment. L'ennui est qu'ils revinrent sur la pelouse sans Landreau. Micka n'a décidément pas de chance avec Sochaux puisqu'on se souvient qu'en mai dernier il n'avait même pas effectué le voyage en Franche-Comté. Tony Heurtebis, qui l'avait suppléé sans pouvoir bien s'échauffer, les cages de Bonal étant requises durant la pause par le « palpitant » jeu wanadoo, ne mit pas longtemps pour s'apercevoir que ses coéquipiers n'étaient toujours pas réveillés. Et comme il ne fit pas tout de suite preuve d'une autorité rayonnante, le danger devint persistant dans ses 16 mètres. Un tir d'Isabey passa au-dessus, une tentative de Pitau frôla la transversale et, soudain, à la 52è minute, l'irréparable se produisit. Menez, très en verve depuis l'entame du second acte, s'échappa sur la gauche, il mystifia Leray et décocha un centre qui passa au-dessus de Heurtebis. Michel Platini le répète souvent : dans ces situations-là , les défenseurs doivent regarder davantage les adversaires que le ballon. Or, c'est bel et bien le ballon qu'observaient Pierre et surtout Signorino. Quand Dagano surgit il était trop tard : l'ancien Guingampais avait décoché un coup de tête gagnant.
Faé blessé, Nantes finit à 10
On a parlé d'irréparable et c'est sans doute un peu fort quand il reste une quarantaine de minutes à jouer. C'est vrai. Seulement, on discernait mal comment Nantes, en se montrant si timide, si emprunté, si peu mobile, pouvait envisager la résorption d'un handicap, fut-il le plus minime. Les minutes, au fur et à mesure qu'elles s'égrenèrent, plutôt doucement d'ailleurs, nous confortèrent hélas dans cette désagréable impression. Certes, les Canaris finirent par tenter leur va tout et par aller de l'avant durant le dernier quart d'heure, alors que M'Hadhbi était entré en jeu et Da Rocha passé sur le flanc droit. Mais leurs poussées demeurèrent confuses et, hormis des shoots de Dimitrijevic, Teddy Richert ne vit pas grand'chose venir. Pour ne rien arranger, les Nantais encaissèrent quelques mauvais coups, signés Kader. L'un d'eux diminua Pierre, un autre élimina Faé qui dut quitter le terrain. Le Dizet ayant déjà procédé à trois changements, les Canaris terminèrent à 10 cette très, très triste soirée.
B.V. le 22 septembre 2005.