FC Nantes berceau de nos désillusions.
On veut bien croire au match sans. On veut bien croire à une panne physique. On veut bien croire à tout ce qu'on voudra. On veut bien oublier aussi, pourvu que le sursaut arrive et vite. On ajoutera au passage qu'il serait préférable que le FC Nantes choisisse mieux les matchs qu'il laisse filer. A l'évidence, autant que ce soit face à des gros, à des meilleurs, à des équipes en pleine santé. On le sait, les joueurs ne choisissent pas. Non ça ne se passe pas comme ça. On a joué au foot aussi. On a entraîné. On sait un peu, pas beaucoup. On sait que parfois ça arrive. Mais on ne sait pas pourquoi. On est toujours étonné. Moins quand ça va toujours dans le même sens, celui des déceptions et de la fin des illusions. Parfois c'est pourtant l'inverse. Tout roule, tous au diapason. On en rêve. Bientôt il ne restera plus que ça : le rêve qui remplace le football de rêve. C'était il y a 10 ans. Des siècles quoi. Le foot est une science inexacte, c'est un de ses charmes. Il y a tout de même des clubs qui n'ont pas besoin de tomber dans l'explication irrationnelle. Ceux-là préviennent les coups de mou par une assurance à toute épreuve. Alors ? Pas de virus à l'horizon, pas de nourriture avariée d'avant match, pas d'arbitrage faisandé non plus. Non. Pour ça on attendra de voir si Derrien fait des émules dimanche face à Lyon. Si Monsieur Malige est bien choisi aussi. Mais au faux rythme, éloge de la lenteur et des approximations, où nous mène le FC Nantes, on peut parier que l'arbitrage, même maison, en séance de rattrapage, n'aura que peu de conséquence sur une issue qu'on n'envisage que fatale.
Il va falloir hausser le ton.
L'explication au désastre de la première période ne saurait être métaphysique. Elle n'est pas physique non plus comme le constate Serge Le Dizet, puisque menés en début de seconde période, les Nantais ont commencé à sortir par la suite, trop tard, en ordre dispersé, à l'énergie et sans idée de jeu. Ça n'était pas grand chose, ça n'était pas spécialement efficace et ça profitait encore de la fébrilité adverse. Les Sochaliens s'étonnaient presque de mener. C'était fragile. Fragiles contre fragiles, ce sont tout de même les Doubistes qui se sont consolidés. Avant de recoller les morceaux de son FC Nantes, Serge Le Dizet serait bien inspiré, son Président aussi, de distribuer quelques remarques bien senties, en forme de paire de baffes ou de coup de pieds au cul. Il y eut déjà du grabuge dans le vestiaire suite aux déclarations de Toulalan au journal But ! Serge Le Dizet leur avait parlé à tous. Toulalan le prit pour lui. Apparemment les autres ne se sont pas sentis aussi concernés.
Dire que Nantes voulait attaquer et gagner…
Donc, le FC Nantes a réagi après le but de Dagano, issue annoncée par deux précédentes grosses occasions dans les pieds d'Isabey et Piteau. A réagir plutôt qu'agir, Nantes a pris son match à l'envers. Car il eut été si facile de prendre cette rencontre à bras le corps. Sochaux n'avait pas gagné et n'avait pas encore marqué à domicile. Ilan et Zaïri étaient absents. Il y a des cartes de visites plus impressionnantes. Au hasard l'OL. On verra dimanche si ça tombe bien. Serge Le Dizet connaissait les soucis de ces lions là. Il l'avait dit. Il y a trois points à prendre. C'est une évidence, mais ça paraissait nouveau. Aussi avait-il, pour la première fois de la saison à l'extérieur, opter pour une attaque à deux têtes. Il ne savait pas que l'une d'elle était encore endormie par un premier doublé obtenu 4 jours plus tôt à la maison. Qu'importe, alors que Sochaux balbutiait ses dernières passes, Nantes obtenait par trois fois des occasions de contre intéressantes. Mais Nantes n'était pas encore réglé dans l'avant dernière passe, c'est dire si le chemin était encore long et si Sochaux menait d'une tête et s'apprêtait derechef à prendre un avantage mince mais définitif.
Pourtant, Glombard, qui devait la jouer solo par manque de partenaires concernés, eut la possibilité de marquer sans angle. Ça passa à coté. Il n'avait pas d'autre alternative. Dimitrijevic n'était pas vraiment démarqué en retrait et Diallo… où ça Diallo ? Il n'empêche que Nantes a loupé le coche et que Sochaux a pu comprendre au vestiaire, avec un rafraîchissement, que ce Nantes là, malgré son classement, était dans une situation encore plus triste. Des deux clubs formateurs régulièrement pillés, le FC Nantes est assurément le plus en danger.
Sochaux se guérit grâce à la bienveillance nantaise.
Nantes fut donc le sparring-partner idéal d'une équipe malade qui se reconstruit et se règle au fil des minutes avec l'assentiment d'un adversaire spectateur. A l'image de Jérémy Menez, d'abord sifflé, puis remplacé sous les applaudissements. Le jeune espoir sochalien eut tout le loisir de jauger son adversaire tout en retrouvant un peu de confiance. David Leray a démontré ce qu'on pensait déjà de lui. Il s'en sort face à des adversaires de son calibre. Il est beaucoup trop juste quand le niveau s'élève. Les jeunes portés par une vague de sympathie ont montré leur limite. Dimitrijevic n'est pas le plus mauvais, non. Mais son influence sur le jeu est toujours aussi courte. Ils sont jeunes. On est patient, on est indulgent. D'autant plus que rien ne prouve que ceux relégués sur le banc auraient fait mieux. Même si on le croit, même si on regrette encore le prêt de Stephen Drouin.
Nantes malade et perdu dans le ventre mou
Certes être 9 ème avec 11 points en 8 rencontres n'est pas alarmant. A la loupe, il y a les équipes déjà rencontrées et il y a le programme à venir. En regardant encore de plus près, hormis quelques bonnes périodes, le FC Nantes ne sait plus jouer, ne sait plus collectivement décider d'une conduite à suivre. Il lui arrive d'avoir la possession du ballon, mais il ne sait pas maîtriser les circonstances d'une rencontre. Alors, on compte les points perdus qui ne reviendront plus, on compte aussi les blessés et il faut changer de posologie, car les valides semblent tout aussi malades, à l'image du ventre mou où ils croupissent.
Où sont passés les mots qui servent le jeu ?
Pour les guérir, Serge Le Dizet ne doit pas manquer de sujet de réflexion. On a déjà assez dit combien la manière de défendre au second poteau est un talon d'Achille récurrent. Les défenseurs se couvrent mais oublient le marquage. Les attaquants sont spectateurs des initiatives du partenaire. Accompagner et anticiper semblent être des mots rayés du dictionnaire offensif Jaune et Vert. Da Rocha, à cours de compétition, est servi comme s'il s'appelait Glombard. Résultat : deux touches au bout de deux courses inutiles. Savoir jouer en fonction des caractéristiques du partenaire était pourtant une marque de fabrique locale.
Signorino emploie d'autres mots qu'il serait bon d'entendre.
Alors s'il faut tracer un trait ponctuel sur le jeu autant écouter Franck Signorino. Le jeu à la nantaise il ne le connaît que sous l'angle de ses travers. Mais lui sait ce que c'est que jouer le maintien. Il sait que ça commence dès la première journée. Il sait qu'une équipe appelée à se battre pour sauver sa place, ne doit jamais regretter de ne pas avoir tout donner. Il sait que les rencontres face à des équipes moribondes ou qui ont le même objectif, ça se joue à fond.
Entre « on s'en sortira par le jeu » et « on veut des morts de faim sur le terrain », il va enfin falloir trouver un juste milieu, ou alors choisir son camp. Et cela ne doit surtout pas conduire à l'incroyable apathie dont ont fait preuve les Canaris à Bonal. On veut bien être indulgents et patients, mais il y a des limites à ne pas dépasser.
Frédéric Porcher, le 22 septembre 2005