Un piège corsé à la sauce Courbis
Rolland Courbis avait bien préparé son match. Il avait vu, notamment
à Rennes, combien il était dangereux de regarder Nantes jouer.
Là où les Rennais laissaient faire, les Corses avaient décidé
de presser le porteur du ballon et de tisser une toile aux mailles serrées
qui pousseraient les Nantais à l’impatience et à la faute.
Au final, cette victoire ajaccienne ne souffre aucune contestation, et ça
n’est pas Porato, au chômage technique durant 90 minutes, qui
dira le contraire.
Les Nantais nus
Serge Le Dizet se doutait bien de la tactique adoptée par Rolland Courbis
: quand on n’est pas de taille à lutter dans le jeu, il n’y
a d’ailleurs pas 36 manières de faire déjouer les Nantais.
Cela se sait depuis bien longtemps. C’est même devenu plus facile
au fil des années. D’autant que les Canaris n’ont pas l’individualité
capable de marquer à tout moment et de vous retourner une rencontre
mal engagée. D’autant que Nantes ne sait toujours pas profiter
de ses coups de pied arrêtés, seules bouées d’oxygène
quand il n’y a pas moyen d’aérer le jeu devant une équipe
parfaitement organisée pour défendre.
Mais sait-on vraiment ce qu’un Courbis peut réserver.
L’entraîneur à la gouaille dont se gargarise les médias,
n’est pas qu’un amuseur ou un rassembleur de « couillus
», il connaît le football pour y officier depuis bien longtemps.
Ajaccio lui va même comme un gant. Il y est mieux qu’à
Marseille ou à Lens. Ajaccio et Courbis c’est un beau couple
d’empêcheurs de tourner en rond, c’est une association qui
opère, alors que ni l’un ni l’autre ne devraient être
acceptés à jouer en L1.
Le Dizet : la confiance plutôt que la patience.
Alors Le Dizet, savait-il ? C’est en tout cas ce qu’il laisse
à penser. Il fut contraint de changer légèrement son
organisation du fait des blessés. Il n’a surtout pas eu l’aplomb
de jouer au plus fin avec son homologue corse et de s’adapter à
l’opposition du soir. L’équilibre nantais est fragile,
la liberté de choix aussi. Alors il comptait sur cette confiance retrouvée,
sur ce moral au beau fixe et sur cette réussite des deux premiers matchs,
pour sortir vainqueur par le jeu. Après match, il regrettait avec son
capitaine que le FC Nantes n’ait pas su se contenter d’un nul.
Constat d’échec qui vaut quand la parité se profile encore
à l’approche du dernier quart d’heure. Mais Ajaccio menait
déjà 2 à 0 à ce moment là de la partie.
La victoire corse se conjugua par deux contres, deux une-deux parfaits, deux
accélérations surtout, ce dont les Nantais furent incapables.
Un « jour sans » acceptable si les prochains
sont « avec »...
Inévitablement, on se demande où était la solution. Les
Nantais ont tant manqué de réponse, qu’on en arrive à
se dire qu’il n’y avait rien à faire. Voilà un constat
bien piteux voire même dangereux. Nantes a certainement beaucoup à
apprendre de son vainqueur du soir, car il faut aussi savoir jouer comme ça,
même si on n’aime pas ça. Mais de tout temps, on tirera
ce genre de conclusion, comme on dira encore que l’attaquant miracle
fait toujours défaut aux Canaris, ou que ponctuellement l’absence
de Mauro Cetto fut trop préjudiciable. Mais quand on croit pouvoir
jouer en leader, il faut aussi assumer de perdre car on n’en a ni la
carrure ni l’expérience. Serge Le Dizet avait clairement gagné
les deux premières rencontres, il a perdu celle-ci. Il n’a pas
été le guide. Excès de confiance ? Bizarrement, les Jaunes
n’ont pas eu de huis clos tactique au programme de leur semaine de préparation.
On ne peut pourtant pas se contenter de dire qu’Ajaccio a été
plus fort ou plus malin. Quant à donner du crédit à l’explication
du « Jour Sans », elle vaudra si les prochains sont « Avec
». Car cette première défaite, concédée
à domicile, sonne déjà comme une première rupture
avec l’après 28 mai.
15 jours pour garder Toulalan et trouver un véritable
buteur
Cette défaite rappelle en tout cas que Nantes ne peut s’attaquer
à cette nouvelle saison sans un bon attaquant, au risque de jouer à
nouveau le maintien. Le club dispose encore de 4 millions d’euros pour
trouver l’oiseau rare. Il ne reste que 15 jours pour concrétiser
le rêve d’un nouveau Moldovan. Entre les mauvaises idées
et les fausses pistes, les Nantais ont perdu un temps incroyable… Evidemment
le marché va connaître un nouveau sursaut à l’approche
du 31 août, mais le transfert de Mickaël Essien à Chelsea
(ce dont nous n’avons jamais douté) et les relances autour du
dossier Jérémy Toulalan, ne vont pas participer à préparer
sereinement les échéances sur et en dehors du terrain. Alors
Nantes va-t-il vendre Toulalan de 12 à 15 millions d’euros et
« sur acheter » un avant-centre inadapté ? Les paris restent
ouverts…
Frédéric Porcher, le 15 aout 2005.