Avant la rencontre, la blessure de Pascal Delhommeau n’avait pas perturbé
outre mesure les plans de Serge Le Dizet. Le coach nantais s’est inventé
un nouveau système après avoir constaté les carences
de sa formation lors des matchs amicaux. Conforté dans ses choix face
à Lens, il a décidé de reconduire la même organisation.
Loïc Guillon profite de la blessure de Delhommeau, après avoir
bénéficié du forfait de Franck Signorino une semaine
plus tôt. Frédéric Da Rocha joue à l’attaquant
« relayeur » derrière Glombard. Emerse Faé joue
de plus en plus à droite d’une ligne de trois milieux avancés,
tandis que Gilles Yapi renie la filiation de Japhet N’Doram pour se
muer en nouveau Claude Makelele. Et si le système est mis à
mal par une blessure comme ce fut le cas lorsque Toulalan préféra
sortir sur un coup qui ne l’aurait peut-être pas autant perturbé
la saison dernière, la poyvalence est appelée à la rescousse
et les joueurs s’adaptent sans rechigner. Ainsi face à Rennes,
Gilles Yapi aura joué à trois postes différents, Emerse
Faé et Frédéric Da Rocha changèrent eux aussi
de place, sans que le collectif ne semble particulièrement en pâtir.
L’apport de Franck Signorino et de Imed M’Hadhbi est incontestable
sur le flanc gauche. Enfin le banc a fière allure et il se montre à
la hauteur quand Serge le Dizet fait judicieusement appel à lui. Le
FC Nantes joue haut, il n’y a plus d’espace entre les lignes,
les défenseurs ne reculent plus, les attaquants percutent et offrent
de la profondeur. L’équipe a confiance. Bref tout baigne dans
ce derby sous les yeux de la paire N’Doram – Roussillon.
Leader mais perfectible
Les Nantais sont donc leaders. Ils ont marqué 5 buts sans en encaisser
un seul, et le score aurait pu être encore plus lourd pour les Rennais.
Ainsi, M. Ledentu a oublié 2 ou 3 fautes flagrantes dans la surface
rennaise, et les Jaunes ont mal négocié certaines bonnes opportunités.
D’ailleurs Serge Le Dizet ne s’enflamme pas. Il sait que son équipe
est très perfectible et qu’il y avait matière à
mieux maîtriser certaines actions et à mieux gérer certaines
périodes un peu moins favorables. On pense notamment à des relances
souvent hasardeuses, alors que d’autres solutions s’imposaient
et à de nombreux ballons perdus trop tôt, quand il fallait profiter
de l’apathie adverse dans les duels pour poser le jeu et faire courir
les Rouges et Noirs.
Faé ouvre logiquement la marque
Comme face à Lens, Nantes a marqué très tôt et
a totalement dominé son sujet durant 20 bonnes minutes. Avant le premier
but superbe d’Emerse Faé, les Jaunes avaient déjà
planté quelques banderilles dans la défense rennaise. Ce fut
d’abord Isaksson contraint de sortir au devant de Cetto (4’) puis
M’Hadhbi qui se montra dangereux sur une frappe à la réception
d’un centre de Faé (7’). On pense surtout à Glombard
déséquilibré volontairement par Jeunechamp dans la surface
(8’) et qui placera par la suite (11’) une bonne frappe après
une action personnelle. Alors que Landreau touche enfin son premier ballon
(12’), les Nantais vont enchaîner tranquillement 12 passes avant
qu’Emerse Faé bien décalé par Nicolas Savinaud,
ne trompe logiquement Isaksson (14’).
Trois occasions pour les Rennais.
Bien que dominés, les Rennais vont pourtant être à deux
doigts d’égaliser dans la minute suivante. Monterrubio servi
dans le dos de Savinaud centre pour Frei qui loupe totalement sa reprise.
Il parvient toutefois à frapper au but, mais c’est finalement
l’ex-Nantais revenu d’une position de hors jeu qui cadre un tir
à bout portant sauvé sur sa ligne par « Collo »
Cetto. Le dernier quart d’heure est plus équilibré. Jérémy
Toulalan blessé lors d’un choc avec Gourcuff, est contraint de
laisser sa place à Bamogo (39’) Faé prend la place du
sortant devant la défense, tandis que Da Rocha passe à droite.
Peu après, Frei et Monterrubio s’offrent une nouvelle belle occasion
mais Landreau effectue sa première véritable parade dans un
angle fermé (40’). Il récidive 4 minutes plus tard sur
une reprise de Gourcuff déviée par Utaka. La dernière
opportunité de cette première période est pour Bamogo
bien servi par Yapi. Les Nantais ont montré par moment quelques signes
de fébrilité à l’image d’un dégagement
de Cetto totalement dévissé sur une reprise de la tête
de Perrier Doumbé, mais il rejoigne les vestiaires avec une avance
méritée.
Frei vendange
A la pause, Boloni décide d’incorporer Didot à la place
de Bourillon. Il est vrai que le centre de formation rennais a beau être
passé devant celui du FC Nantes, la paire Bourillon-Gourcuff est bien
loin de tenir la comparaison avec les Faé, Toulalan ou Yapi. Les débats
sont d’abord équilibrés, puis Rennes prend peu à
peu l’ascendant sur des Canaris qui manquent de maîtrise et de
discernement sur certaines actions. Ainsi Kallstrom se procure une première
occasion de but (57’) puis surtout, Utaka, après s’être
débarrassé de Cetto, adresse un centre au second poteau invraisemblablement
gâché par Frei.
Pas de penaltys mais deux buts supplémentaires.
Les Jaunes sortent peu à peu la tête de l’eau, notamment
lorsque Jeunechamp dégage sur sa ligne une frappe contrée de
Glombard. C’est ensuite l’entrée de Dimitrijevic à
la place d’un M’Hadhbi (62’) encore tendre qui va redonner
aux Nantais la maîtrise perdue depuis la première demi-heure
de la partie. Ainsi Yapi aurait pu bénéficier d’un penalty
pour un faute conjuguée de Jeunechamp et Adailton, mais il a préféré
continuer son action et buter sur Isaksson (69’). Sur le corner qui
suit c’est Mauro Cetto qui est outrageusement retenu par Ouaddou. Mais
M. Ledentu se dit sans doute que ce Nantes là n’a pas besoin
d’un penalty pour obtenir ce qu’il est venu chercher. De son coté
Serge Le Dizet procède à son troisième changement offensif,
avec l’entrée de Diallo à la place de Glombard, lequel
était revenu sur le terrain à la pause avec un bandage sur sa
cuisse douloureuse. Quatorze, c’est le nombre de passes préliminaires
à la conclusion du deuxième but de Diallo (78’). Huit
Nantais ont donc touché le ballon avant que Dimitrijevic n’effectue
la passe décisive pour le Malien venu couper la trajectoire au premier
poteau devant un Isaksson médusé. Les Rennais sont alors totalement
éteints. Dimitrijevic est à deux doigts de marquer (83’),
mais c’est finalement Bamogo qui signe son premier but en Jaune après
avoir profité d’une bonne relance de Cetto mal jugée par
Adailton (86’).
La suprématie est encore et toujours nantaise.
3 – 0 : la messe jaune est dite ! Les 1300 supporters canaris savourent
et chambrent. L'ex-miraculé et néo leader a donné une
leçon en forme de fessée au voisin européen aujourd'hui
lanterne rouge, rouge et noir. On laisse le mot de la fin à Frédéric
Da Rocha : "qu'on ne me parle plus de comparaison entre Nantes et Rennes".
Oui, un centre de formation nouvellement bien classé ne fait pas encore
une bonne équipe première qui se cherche toujours une identité,
quand le "jeu à la nantaise" ne demande qu'à renaître,
surtout quand le voisin et rival le titille prématurément et
sans arguments conséquents...
Frédéric Porcher, le 8 août 2005