Les supporters qui pensaient faire d'une pierre deux coups en rejoignant le stade Léon Bollée ce samedi pour assister aux matchs Le Mans / Nantes et Roumanie / Côte d'Ivoire, ont du vite déchanter. En effet, comme annoncé la veille, en raison de craintes pour l'état de la pelouse, la rencontre comptant pour la 12 ème journée du championnat de CFA avait été déplacée au stade du Villaret.
Une compétition pour les remplaçants de l'équipe A
La réserve Mancelle, dont le dernier match avait été reporté à cause d'un éclairage déficiant, se présentait sans autant de professionnels que les Nantais, puisque l'équipe première disputait une rencontre amicale face au FC Tours de l'ex-pensionnaire de la réserve nantaise Mickaël Tavares (victoire du Mans 2-0). De leur coté, les Canaris, comme c'est le cas depuis le début de saison, choisirent de ne pas combler cette nouvelle mini-trêve internationale en disputant une rencontre sans enjeu. Il est vrai que cet exercice n'avait pas vraiment été concluant lors de l'avant-saison et qu'il ne faut pas prendre trop de risque avec un effectif souvent amoindri par les blessures. A fortiori quand on relève que Jérémy Toulalan risque deux semaines d'arrêt suite à une entorse à la cheville contractée vendredi avec les Espoirs face à l'Angleterre. On doute malgré tout que Rudi Roussillon s'indigne et menace la fédération de poursuites judiciaires, même si c'est de saison, comme s'est empressé de le faire son homologue lyonnais suite à la blessure d'Eric Abidal contre le Costa Rica.
On dénombrait donc pas moins de 7 professionnels au sein du groupe de Stéphane Moreau. Le même nombre qu'une semaine plus tôt face à Andrézieux, après lequel on pouvait conclure que ce trop plein de joueurs plus expérimentés était nuisible. La preuve encore, qu'en football, il faut toujours se garder de tirer des conclusions hâtives
Si Gilles Yapi, avait fait ses débuts une semaine plus tôt, pour une performance contrastée, tandis que Imed M'Hadhbi avait décliné l'invitation, c'est cette fois Habib Bamogo qui faisait ses grands débuts à l'étage au-dessous. En une seule rencontre, il en a profité pour se hisser en tête des meilleurs scoreurs de la réserve (ex-aequo avec Fouad Bouguerra, Claudiu Keserü et Dimitri Payet).
Bamogo : comment transformer un piège en chance …
Pour un pro confirmé, jouer en CFA, quand il ne s'agit pas d'un retour de blessure, est toujours délicat. « On est attendu au tournant » comme nous l'a confié Gilles Yapi cette semaine. Les choses n'avaient d'ailleurs pas vraiment bien commencé pour l'ex-Marseillais. Quelques occasions manquées auraient en effet pu le faire douter. Il n'en fut rien. Il a persisté et, après la pause, dans des situations de contre qu'il apprécie particulièrement, il a définitivement assommé des Manceaux pourtant enfin dominateurs en début de seconde mi-temps. Coup sur coup, par trois fois et en 12 minutes (69', 77', 81'), le hat-trick de Bamogo a donné la victoire aux Jaunes, tandis que Luigi Glombard, qui retrouvait la CFA pour la première fois de la saison, avait ouvert la marque à la suite d'une bonne récupération de Bocundj Ca (24'). Malgré leurs 4 buts de retard, les Manceaux eurent à cœur de sauver l'honneur en toute fin de rencontre par l'intermédiaire de Bahl (90').
Bamogo a-t-il gagné son ticket pour le Vélodrome ? Un exemple pour Imed M'Hadhbi.
Hasard du calendrier ou pas, Habib Bamogo marque inévitablement des points en vue du prochain match au Stade Vélodrome, face à ce qu'il reste de ses anciens coéquipiers. Car si la CFA est piègeuse pour les pros, il faut bien récompenser ceux qui relèvent le challenge, avec humilité, de s'y distinguer. Imed M'Hadhbi saura peut-être prendre exemple et en tirer profit pour revenir sur son refus initial, même si on peut comprendre que dans sa situation, le moral en berne depuis sa mise à l'écart, il est difficile d'envisager descendre plus bas encore. Mais à 29 ans, l'international tunisien doit aussi montrer l'exemple et prouver sa volonté de revenir, à l'image de Bamogo, Glombard ou Yapi.
Par cette victoire, les jeunes nantais, à l'inverse des pros, prouvent qu'ils sont décidément plus à l'aise à l'extérieur (4 victoires, un nul, une défaite) qu'à Marcel Saupin (2 victoire, 4 nuls). Pour les derniers mois de ce stade mythique, dans son ancienne configuration, il serait pourtant bon que les Canaris l'honorent encore de belles victoires. D'ailleurs les Jaunes ne rencontreront-ils pas les Verts de Saint-Etienne le 17 décembre…
Frédéric Porcher, le 13 novembre 2005