Stéphane Moreau tance ses joueurs.
A la fin d'une rencontre qui tournait à l'eau de boudin, Stéphane Moreau a fermé la porte des vestiaires et a passé un savon à ses joueurs avant que ceux-ci ne rejoignent la douche. Laquelle fut différée, puisqu'une une fois n'est pas coutume, les Canaris eurent droit à un décrassage sur le terrain, tandis que les joueurs de Balma avaient déjà retrouvé leur costume de ville aux portes du vieux Saupin. Décrassage prévu pour éviter aux joueurs de revenir à La Jonelière le lendemain et profiter ainsi d'un jour de congé, ou décrassage sanction ? La première hypothèse, plus plausible, rappela aux joueurs que le foot n'est pas que jeu. Faire les beaux sur le terrain n'est pas admissible, de surcroît quand la cause n'est pas entendue. Evidemment, on aime voir de beaux mouvements et de beaux gestes techniques, et il y en eut, surtout en première période, avec un Frédéric Sammaritano éclatant et dont l'entente avec Videira est réjouissante. Chemin et Payet ne furent pas en reste. On aime le jeu, on se plaint parfois que la réserve manque de vie sur le terrain. Mais, on admet moins les sourires d'un Bocundji Ca lors de gestes aussi faciles que ratés. Le jeune pro était à son match par intermittence et son talent aussi. Cette cuvée est assurément plus joueuse que la précédente, mais il faut lui rappeler que le haut niveau réclame davantage de sérieux et d'humilité.
Trois buts et à chaque fois un défenseur lobé.
Les Nantais rencontraient tout de même le dernier ! Ce match nul est d'autant plus décevant et impardonnable dans la manière que les jeunes Canaris manquent une belle occasion de retrouver la deuxième place au classement devant les autres réserves pro. Lorsque Stéphane Moreau indique que ses joueurs ont cessé de jouer dès le premier but de Videira, consécutif à une bourde défensive adverse après une passe en profondeur du capitaine Guillon, il est un peu sévère. Les Nantais ont été joueurs, mais dès ce but, on a senti que les Jaunes allaient basculer dans une coupable facilité. Le déroulement de la rencontre ne pouvait que les conforter avec une seconde réalisation : débordement et centre au second poteau de Chemin pour Payet qui profite d'une grossière erreur d'appréciation de son défenseur direct (27'). Balma subissait, mais ne fermait jamais le jeu. Sans se procurer de réelles occasions, jusque là, ils allaient pourtant réduire le score, suite à une belle ouverture qui lobait Gour. Magdalena profitait de l'aubaine pour crucifier l'infortuné N'Dy, réduit à un quasi chômage technique jusque là.
Des occasions de creuser l'écart.
Nantes s'était pourtant procuré d'autres occasions avant cette incongrue réduction du score : frappe sur le poteau de Videira signalé hors jeu (15'), reprise de la tête de Gour sur le gardien consécutif à un corner frappé par Chemin (19'), Sammaritano régale le public d'une passe amortie en « aile de pigeon » dans la course de Chemin dont la frappe est trop écrasée (20'), coup franc rapidement joué par Sammaritano pour Capoue dont la belle frappe croisée du droit est superbement détournée in extremis en corner par Gadéa. Sur le corner, Sammaritano pivote à la Gerd Muller, mais sa frappe est aimantée par le gardien (23'). Il y eut beaucoup de beaux mouvements, mais les Jaunes semblaient parfois se regarder régaler le public et oublier qu'il fallait marquer le plus de buts possible.
Trois expulsions
La facilité dégagée par les Nantais eut le don d'énerver certains joueurs adverses. Ainsi le latéral gauche (Renaud) déjà averti pour un tacle assassin sur Chemin, récidiva dans la surface nantaise sur Sammaritano. Cette expulsion là fut entièrement justifiée. Elle aurait du en appeler une autre. Celle de Baldé entré en seconde période du coté de Balma. Un vrai fou furieux ce grand scarabée là. Dès la reprise, il place un geste digne de David Carradine à hauteur de la carotide de Mathieu Chemin. Il sera surtout à l'origine de l'échauffourée finale après un tacle monstrueux sur Payet. Le jeune réunionnais qui veut dire sa façon de pensée au tacleur fou, est alors bousculé par le capitaine adverse (93'). L'arbitre, hors du coup, expulse les deux belligérants et ne donne qu'un jaune à Baldé qui récidivera une minute plus tard sans être réprimandé. C'était la fin de la rencontre et Balma qui avait eu auparavant le courage de croire en l'exploit, avait déjà égaliser 3 minutes plus tôt, sur un penalty provoqué et transformé par Dupuy (90'), à la suite d'un contre rondement mené plein axe.
Supériorité numérique = infériorité tactique.
Jamais on ne vit les Nantais capables de profiter tactiquement de leur supériorité numérique et on envisagea même ce qui allait arrivé sous la forme de cette égalisation sanction. Auparavant, tandis que la deuxième mi-temps sombrait dans l'à peu près, exceptées quelques tentatives lointaines de Chemin ou Sammaritano, les Nantais eurent une énorme occasion d'asseoir leur supériorité. Coté gauche, Payet mystifiait une nouvelle fois son vis-à-vis avant de centrer en retrait pour Kitumba. Malgré le but ouvert, le jeune attaquant entré à la place de Videira (73'), tira sur le gardien. Ce but qui aurait scellé une victoire logique, eu le mérite de faire sortir Balma de sa torpeur, pour le résultat que l'on sait.
Frédéric Porcher, le 10 octobre 2005