Nous sommes tous des Miraculés…
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Nantes / Metz (1 - 0)
- 38ème journée (samedi 28 mai à 20h00) |
Mickaël Landreau : « Sauvés ! » |
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Le speaker de La Beaujoire n’a pas dit « Nantes est toujours en L1 ». Non, au bout du suspens, il a annoncé : « Mesdames et Messieurs, Nantes est en L1 ! ». On comprend que durant une semaine et durant les 40 premières minutes de la rencontre, Nantes avait bel et bien quitté l’élite. L’avertissement est historique. La peur a été grande. Aujourd’hui, les Nantais sont heureux. La Beaujoire a été extraordinaire. Cela tenait à peu de chose, comme un but de Diallo marqué au bon moment. Le Malien entre dans l’histoire du club à coté de Marama Vahirua. Nous tenons à dire un grand merci à Serge Le Dizet, Georges Eo, Xavier Bernain, Franck Mantaux et aux joueurs qui ont fait ce qu’il fallait, avec parfois l’énergie du désespoir, pour remporter la victoire. Merci aussi à Istres et à Strasbourg, les deux seuls clubs battus à 2 reprises, cette saison, par les Canaris. (F.P. & B.V.) |
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[FCNantes.com] - Avant Match (Analyse)
Ils l'ont fait
Nicolas Savinaud tourne en hurlant de joie devant les tribunes, les deux poings serrés, le visage radieux. Il tourne, il tourne, il tourne.
Mickaël Landreau saute sur la pelouse comme un cabri. Il escalade une barrière, offre son bonheur aux supporters, hurle de plaisir. Il saute, il saute, il saute.
Frédéric Da Rocha et Serge Le Dizet s'embrassent, propulsés l'un contre l'autre par la force de leurs émotions, soulagement et allégresse mêlés, ils esquissent un pas de danse. Ils s'embrassent, ils s'embrassent, ils s'embrassent.
Les spectateurs chantent, debout, banderoles brandies au dessus de la tête, le cœur en fête, la tête dans les étoiles. Ils chantent, ils chantent, ils chantent.
Des larmes de joie
« Il y a une semaine à Sochaux, j'ai craqué. J'ai même pleuré, » avoue Nicolas Savinaud. Ses yeux, de nouveau, brillent et laissent échapper des gouttelettes qui s'écoulent doucement sur ses joues. « J'étais au fond du trou, poursuit-il, mais je voulais y croire encore et me suis dit : « mais peut-être que dans une semaine, je verserai des larmes de joie ». Elles sont là, qui perlent au coin de ses paupières.
« Le match de Sochaux, je l'ai vu à la télé, raconte Mikaël Landreau. C'était terrible. Et ce fut encore plus terrible au fur et à mesure que tombaient les autres résultats. Pourtant, toute la semaine nous avons senti cet espoir, cette passion qui montaient autour de nous. Je voyais, j'entendais tous ces gens qui croient encore au FC Nantes, qui nous portaient et je me répétais que ce n'était pas possible, que ce club ne pouvait pas mourir… »
Comme une neuvième étoile
Le FC Nantes n'est pas mort. Il est revenu de l'enfer dans une nuit d'été, gravée à jamais dans les livres, les films, les mémoires. Dans la légende. Nantes n'est pas champion de France, mais c'est presque une neuvième étoile qu'il a accrochée à son maillot samedi soir. Le public ne s'y est pas trompé, il a envahi joyeusement et pacifiquement la pelouse, comme il y a quatre ans, renouvelant le soir de liesse vécu face à Saint-Etienne. Et sur l'estrade, au pied de la tribune officielle, garnie encore par des personnes qui, on ose l'espérer, ont définitivement fait leur mauvaises preuves et leur sale temps, les joueurs ont dansé, un maillot ou un tee-shirt tournant au bout des bras, le visage illuminé par le bonheur et la délivrance. Et le public, debout sur le gazon, a chanté, vibré, communié.
Oui, c'était aussi beau qu'un titre.
« Sauvez-nous »
Samedi, au petit matin, sur le forum de notre site, était apparu, aussi sommaire que ces fameuses dépêches de l'AFP que nous répercutent fidèlement El Marlino, aussi angoissant que le SOS des passagers d'un navire au milieu de la tempête, aussi chaud qu'un cri d'amour, un message signé Naoned Citizen : « A Micka ». Il était écrit : « Alexis, David, Nico, Mauro, Pascal, Denis, Loïc, Alexander, Emerse, Gilles, Fred, Bocundji, Goran, Luigi, Florin et les deux Mamadou …SAUVEZ-NOUS ».
Eh bien, ils l'ont fait Naoned Citizen , ils l'ont fait ! Et les autres, les Bastiais et les Caennais, eux, ne l'ont pas fait. Il le fallait aussi, puisqu'à la joie répond forcément de la détresse, c'est la loi du foot.
Ils l'ont fait. D'un coup de tête, celle de Mamadou Diallo, surgissant au premier poteau pour propulser au fond des filets un centre de Nicolas Savinaud, lui-même servi par Fred Da Rocha. Diallo, transformé en Marama Vahirua, sans pagaie, mais dont le regard interrogateur, à la fin du match, tandis qu'il cherchait à se persuader définitivement que le miracle avait bien eu lieu, et qu'il en était l'artisan, restera aussi, comme l'un des moments forts d'une inoubliable soirée.
Plus électrique qu'esthétique
Quand Diallo fit mouche, gommant ainsi sa maladresse sur le troisième but qu'il n'avait pas marqué face à Marseille, Nantes sortit du bain glacé de la Ligue 2 où l'avait plongé sa défaite à Sochaux. La partie avait débuté depuis 40 minutes et cette prise d'avantage était méritée. On ne prétendra certes pas que les Canaris, avec un Savinaud revenu dans l'entre jeu, avec aussi Leray et Guillon titularisés sur les flancs de la défense, développaient du grand football mais nous savions tous que, pour une fois, il fallait voir au-delà de la manière et que le seul objectif consistait à sauver sa peau.
Alors, le jeu, c'est vrai, était plus électrique qu'esthétique. Pourtant, si on sait bien lire les articles d'autrefois, ceux qui nous font le récit de la folle soirée de la montée, en 1963, quand Nantes, nous racontent-ils, fut transformée en Rio de Janeiro, on a la quasi-impression qu'il n'en était guère allé différemment. Et que la crispation, déjà, avait nui au jeu. Ce stress qui nous taraudait tous faillit même, samedi, se transformer en franche angoisse quand sur, un contre, à la 18è minute, les Messins se présentèrent à trois contre deux défenseurs nantais. Le tir de Renouard passa à côté et il n'est pas alors un poumon nantais qui n'ait poussé un ouf de soulagement.
Sauvetages de Landreau et Leray
A la pause, les Canaris, compte-tenu des autres résultats, se trouvaient dans une position qu'on se gardera de qualifier de force, tant elle demeurait inconfortable. Ils avaient accompli la moitié du chemin, c'était déjà énorme mais ils ne disposaient toujours d'aucun droit à la moindre erreur et il serait faux de prétendre que nous n'avons pas encore tremblé. Comme au Havre, il y a cinq ans, Landreau accomplit un arrêt décisif, du pied cette fois, face à Tum. La seconde période venait à peine de commencer, elle s'annonçait longue.
Elle le fut. D'autant qu'au fil des minutes, Nantes vit se retirer, pour cause de pépins physiques, ses hommes d'expérience, Savinaud puis Da Rocha qui tous deux s'étaient battus comme des lions. Le premier en milieu de terrain on l'a dit, le second dans un rôle de soutien des deux attaquants en première période, de milieu plus défensif ensuite. D'autant aussi que les Canaris ne parvenaient pas à marquer le second but libérateur. Diallo le rata à deux reprises, pour trois fois rien, quelques centimètres, et bien sûr les ombres des fantômes d'un passé récent, de ces points perdus sur le fil, semblaient toutes proches de revenir hanter la pelouse de la Beaujoire. La Beaujoire qui retenait son souffle mais aussi, surtout, qui espérait, encourageait, poussait.
Poignant, palpitant, enthousiasmant
Heureusement, Emerse Faé continuait à se montrer énorme, Cetto et Delhommeau à repousser les assauts des athlétiques Messins et, à la 76è minute, Leray, sur sa ligne, dégageait de la tête, en corner, un lob de Socrier que Landreau n'avait pu totalement maîtriser.
Les informations en provenance de Strasbourg et d'Istres arrivaient comme autant de fortifiants qui emballaient l'ambiance et consolidaient les ardeurs. Les Canaris continuaient à lutter, à s'accrocher et à réfléchir aussi, c'est à dire à ne pas perdre inconsidérément le ballon durant les poignantes, palpitantes et, pour finir, enthousiasmantes dernières minutes.
Les vagues de joie pouvaient alors enfin se déverser sur les joueurs, la foule, le stade. Et la fête s'avancer.
(B.V.)
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