Les larmes pour pleurer
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Sochaux / Nantes (1 - 0)
- 37ème journée (samedi 21 mai à 20h45) |
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Cette avant dernière journée a donc tourné à la catastrophe. Le risque était là. On le connaissait. Dans les pires cauchemars, on n’osait pourtant imaginer que le FC Nantes se trouverait pour la première fois de la saison parmi les relégables, à une dix-neuvième place qui ne laisse plus guère d’espoirs de maintien. Les Nantais ont pourtant fait le match qu’il fallait à un détail près. Pour gagner, il faut marquer des buts. Comme un signe avant coureur de ce qui allait se passer, le pauvre Alexis Thébaux, pour sa première titularisation en Ligue 1 a connu le malheur de marquer le but de la victoire Sochalienne après que sur une frappe sur le poteau, le ballon ait ricoché dans son dos. Il reste une rencontre à disputer face à Metz et une chance infime de croire au maintien pendant la semaine. Durant ce laps de temps, le Président Jean-Luc Gripond serait particulièrement avisé de remettre sa démission, car la lâcheté rime parfois avec intelligence. |
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[FCNantes.com] - Avant Match (Analyse)
Nantes aux portes de l'enfer
Soudain, au terme des 5 minutes d'arrêt de jeu, de sursis en fait, qu'il avait décrétées, Patrick Lhermite donna son dernier coup de sifflet de cette terrible soirée. Alors, aux larmes du ciel qui dégringolaient de plus en plus drues au fur et à mesure que le cercueil des illusions nantaises s‘avançait, se mêlèrent les pleurs de tous ceux qui ont tant aimé le FC Nantes. Nantes et son football. Nantes et sa philosophie. Nantes et son originalité. Nantes, si longtemps symbole de l'art plutôt que du business.
Des joueurs s'assirent sur la pelouse détrempée, perdus dans leurs sombres pensées. D'autres se couchèrent sur le dos, anéantis. D'autres enfin s'éclipsèrent vers le vestiaire, peut-être pour y mieux dissimuler leur détresse.
Saccage, désordre, foot-business
Nantes est en L2. Pour une semaine au moins. Pour beaucoup plus longtemps, on peut hélas le redouter. L'horrible évidence, répercutée par le tableau d'affichage du stade Bonal où s'étalaient les scores des autres rencontres, avait mis les joueurs K.O. Elle finit par réveiller la colère d'une petite partie des supporters qui, les yeux embués par le chagrin, crurent que les stadiers avaient tous le visage de Jean-Luc Gripond, le patron honni. Ils dessoudèrent leurs sièges et les leur expédièrent avant de s'ouvrir le chemin de la pelouse. Ils se montrèrent d'ailleurs, dans ces sombres exercices, dont on aurait souhaité qu'ils fissent l'économie, beaucoup plus percutants que leur équipe, incapable de marquer le moindre petit but.
Il faudra des explications
C'est donc aussi dans le saccage, le désordre et la force brutale des CRS, qui finirent par faire irruption au pas de charge et les matraques à la main, que Nantes a effectué ce qui ressemble à ses adieux à la L1. 42 ans après son accession. 42 ans d'un long bonheur que l'équipe de la Socpresse est venu souiller depuis qu'elle a été appelée à la rescousse. Il faudra bien qu'un jour le maire d'une ville, qui se dit socialiste et donc progressiste, s'explique sur les motivations profondes qui l'ont poussé à brader un club à un groupe industriel estampillé droite dure. Il serait trop facile pour lui, qui s'est fréquemment vanté de ne pas trop apprécier le football pro, de se croire exonéré de toute responsabilité.
Nantes méritait au moins un point
Car la descente qui s'annonce n'est pas seulement le résultat du match de samedi, elle est la conséquence d'un long processus de dégradation. A Sochaux, Nantes n'a pas démérité, ses efforts auraient même du lui valoir au moins le point qui lui aurait permis de conserver son destin entre ses pieds, avant de recevoir Metz. Mais comme trop souvent cette saison, le FCNA a été malheureux et il a manqué de percussion offensive. Il a outrageusement dominé son adversaire en deuxième période, il n'a pas cadré ses tirs et il a abusé des ballons dans le paquet qui constituèrent de beaux cadeaux pour Teddy Richert. Rarement en revanche pour Bagayoko. Souligner le fait que le FCNA ait évolué pendant 23 minutes en supériorité numérique sans avoir su en tirer profit traduit tout de même certaines lacunes. L'envie, le courage, la volonté, et on en vit beaucoup à Sochaux, ne suffisent pas toujours à compenser la maîtrise, la réflexion, la technique même, surtout pour une équipe qui, par tradition, n'est pas habituée aux rudes joutes pour la survie.
Quelle poisse sur le but
Et si ce n'est pas, on l'a dit, à Sochaux que Nantes s'est condamné, c'est bien là, malgré tout, qu'il n'a pas su se sauver. Il est vrai que la partie, qui s'annonçait déjà peu facile, se compliqua brutalement dès la 11è minute. Les Canaris, pas du tout craintifs, avaient plutôt bien débuté, à l'image de Dimitrijevic, promu pratiquement meneur de jeu, quand une faute peu évidente de Toulalan sur Oruma fut sanctionnée par un coup franc à une vingtaine de mètres de la cage nantaise. Ilan tenta sa chance d'une frappe enveloppée qui contourna le mur et alla percuter le poteau, côté opposé. Or, le mauvais sort voulut que le ballon rebondisse sur le haut du dos d'Alexis Thébaux, qui avait plongé, et prenne le chemin des filets.
Quelle poisse ! Quelle épreuve aussi pour le jeune gardien canari qui ne pouvait cauchemarder pires débuts de carrière. D'autant qu'il n'avait encore rien eu à faire et qu'il ne fut plus guère sollicité par la suite. C'était vraiment d'une extrême cruauté. Nantes, s'il encaissa le choc, permettant à Santos (13è), Ilan (14è) et surtout Oruma (30è) d'hériter de ballons de break, ne coula pourtant pas. Il émergea même de plus en plus alors que la pause approchait. Savinaud botta deux coups de francs au-dessus, une tentative de Yapi fut contrée et Bagayoko effectua un shoot acrobatique que Richert vit passer avec soulagement à côté de la cible (45è)
Ecrasante domination de Nantes
Les Nantais continuèrent à dominer les débats en seconde période, accentuant même progressivement leur pression. Pourtant, s'ils parvenaient à récupérer de nombreux ballons dans l'entre jeu grâce à Toulalan, Faé, Yapi et Dimitrijevic, ils passaient trop rarement sur les côtés. La défense franc-comtoise s'assimilait ainsi de plus en plus à un entonnoir où les assauts nantais venaient s'engluer vainement. Les Canaris ne réussissaient pas non plus à exploiter la collection des corners qu'ils se procuraient, Richert captant la plupart avec autorité.
Toulalan blessé, Sochaux à 10
Un choc entre Toulalan et Oruma (58è) modifia notablement les données mais pas la physionomie de la rencontre. D'abord parce qu'il priva les Canaris d'un élément-moteur. Ensuite en raison de la sanction, apparemment abusive, qui frappa le Sochalien : expulsion. A partir de là, les Doubistes annoncèrent clairement la couleur, elle consistait à préserver leur acquis et ils se replièrent en masse, se contentant de quelques contres de Santos pour faire diversion. La domination nantaise devint écrasante, « c'était presque du handball » estima Serge Le Dizet. Mais le temps filait et échappait aux Canaris, comme ces poignées de sable que l'on prend sur la plage. Plus on serre, plus le sable s'enfuit.
Seul un quasi-miracle
Savinaud centrait, Yapi tirait, Delhommeau et Cetto montaient. Rien ne passait. L'expulsion, très sévère et même injustifiée de Dimitrijevic, freina à peine les élans de ses partenaires. Mais un dernier shoot de Yapi passa à côté. Et Richert se coucha sur une ultime tentative de Bagayoko. On avait alors atteint les arrêts de jeu, la guillotine était prête. Son couperet est désormais sur la gorge des Canaris et seul un quasi-miracle pourrait l'arrêter.
B.V.
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