Trois seaux d'eau glacée
Trois coups de pied arrêtés, deux coups francs, un corner. Trois coups de tête rageurs, décochés au milieu d'une défense statique et qui s'abattent comme autant de seaux d'eau glacée sur l'enthousiasme pas franchement délirant des Nantais.

L'histoire de ce Nantes – Lille peut sembler simple. Sauf tout de même que sur le deuxième but lillois, Rafaël Schmitz n'a pas simplement touché le ballon du crâne, il l'a également effleuré du bras. Sans que Damien Ledentu n'y ait trouvé à redire. Sauf aussi que sur le premier but des Dogues, la faute de Toulalan, source du coup franc, ne sembla pas des plus évidentes et que c'est son assistant qui incita l'arbitre à sanctionner. Ce même assistant qui ne trouva par contre rien à redire lorsque Dernis se déplaça à 5 bons mètres du lieu de la sanction pour trouver l'angle idéal. On ne va pas se lancer dans une critique outrancière de Ledentu, on peut toutefois se demander s'il aurait agi de la même façon à Bastia, à Lyon, à Auxerre ou à Marseille. Il sera aussi, sans doute, mis sur la sellette en ce qui concerne le but égalisateur, à 2-2, qu'il a refusé à Nicolas Savinaud. Mais là, il est clair qu'il avait levé le bras et que donc le coup franc qu'il avait ordonné (soit pour pied levé, soit pour obstruction) était indirect. Savinaud reconnut d'ailleurs, à l'heure des commentaires, qu'il avait eu tort de ne pas le regarder.

Cote d'alerte
En concédant sa première défaite à la Beaujoire depuis janvier, c'est à dire depuis que Serge Le Dizet tient la barre, le FC Nantes s'est mis en tout cas dans de sales draps. Son sort ne dépend plus iniquement de la réception de Metz dans quinze jours. Il est devenu aussi tributaire des résultats des autres clubs, à commencer par celui des Lorrains contre Paris. Pour être sûr de demeurer maîtres de leur destin, les Canaris sont obligés de miser sur des revers de leurs adversaires directs ou d'aller chercher un résultat à Sochaux.

Coup de tête
Ce sera une autre histoire. Et il faudra à la fois mieux jouer et être plus chanceux que face aux Lillois. Car ce match perdu, les Canaris ne l'ont pas mal entamé. Certes, il n'y avait que Bagayoko en pointe mais il ne s'agissait pas franchement d'une nouveauté par rapport aux rencontres précédentes. Les titularisations simultanées de Toulalan et de Faé et le replacement de Quint sur le flanc gauche, à la place de Diallo, étaient en fait plus notables. Pendant les premières minutes, Nantes fit donc plutôt bonne impression et il serait exagéré de prétendre que son entame de match fut effectué sur de mauvaises bases. Seulement, la première douche froide ne mit pas longtemps à arriver. Damien Ledentu la déclencha en sifflant coup franc contre Toulalan, à la 9è minute. Dernis expédia le ballon au second poteau nantais et Dumont put réaliser une reprise de la tête que Mickaël Landreau ne parvint pas à maîtriser. Il s'emmêla les bras et quand et il se retrouva avec le projectile entre les bras, à terre, il était trop tard. L'arbitre estima, probablement avec raison, que le ballon avait entre temps franchi la ligne. Ce n'était pas la soirée de Mickaël qui avait ressenti une douleur à la cuisse, la veille à l'entraînement, et qui était demeuré incertain quasiment jusqu'au coup d'envoi.

La réponse de Savinaud
Les bonnes intentions nantaises avaient pris du plomb dans l'aile. Un coup franc permit pourtant aux Canaris de revenir dans la partie. D'un maître tir, de 20 mètres, Savinaud dénicha la lucarne et égalisa à la 19è minute. Quelques instants plus tard, Yapi mit Sylva à contribution, l'action était jolie, peut-être se serait-elle encore mieux terminée si l'Ivoirien avait préféré servir Da Rocha, démarqué sur sa droite. A cet instant, Nantes tenait donc toujours la route, même s'il abusait du jeu long, à destination de Bagayoko. Même si aussi il dédaignait trop le passage sur les côtés. On évitera d'effectuer l'apologie d'Olivier Quint, ses prestations ont trop souvent été décevantes, il est clair pourtant que sa sortie sur blessure, à la 34è minute, n'arrangea pas les affaires de ses coéquipiers. Dimitrijevic le remplaça, du mieux qu'il put, mais il se retrouva dans un registre qui n'est pas vraiment le sien. Il s'efforça de bien utiliser le ballon, notamment pas des passes précises, il ne put en revanche se lancer dans les manœuvres de débordement indispensables face à une défense particulièrement solide sur ses bases.

Trop de jeu long et aérien
Malgré tout, les Canaris terminèrent plutôt bien le premier acte, avec une tête de Bagayoko au-dessus de la barre. Ils entamèrent le second dans les mêmes dispositions, avec l'intention de maîtriser le jeu en milieu de terrain. Mais aussi avec les même défauts : trop de jeu long et aérien face à des arrières athlétiques, pas assez de percussion sur les côtés. Et bientôt, 6 minutes seulement après la reprise, il leur fallut faire face à un nouvel avatar. Suite à un coup-franc, encore peu évident, sifflé contre Da Rocha auquel Chalmé, alors qu'il était à terre, bottait impunément le derrière, Nantes concéda un corner. Sur celui-ci, tiré par Dernis, Schmitz se montra plus prompt que tous les défenseurs locaux et il expédia la ballon dans les filets de Landreau, lequel n'avait absolument pas bougé. Le Brésilien du LOSC s'était aidé du bras, on l'a dit, l'arbitre accorda cependant le but, on l'a dit aussi.

Sonne le glas
Le match qui n'était déjà pas des plus ouverts, surtout si on se réfère aux occasions de but sur des actions construites, se referma un peu plus. Une faute de Chalmé sur Dimitrijevic, à la 67è minute, donna pourtant aux Canaris l'occasion de se remettre une deuxième fois en selle. Coup franc indirect avait décrété Ledentu. Dimtrijevic s'était d'ailleurs posté à côté du ballon, prêt à le glisser à Savinaud. Ce dernier préféra frapper directement. Il trouva certes la cible, une seconde fois, et c'était magnifique, mais l'arbitre ne put que lui rappeler le règlement.

C'était sans doute dur, car contre l'esprit du jeu. Mais c'était logique. C'était également, surtout, annonciateur d'une grosse déconvenue. Diallo avait remplacé Bagayoko mais Nantes, y compris Landreau, persistait à expédier des obus au milieu de la défense lilloise. Les projectiles étaient inexploitables, ils constituaient en revanche de jolis cadeaux pour des défenseurs solides, athlétiques et bons de la tête. Un coup de pied arrêté, encore un, sonna la glas des espérances nantaises. Brunel plaça le ballon sur la tête de Debuchy, « oublié » par Cetto, et ce fut le troisième but, au ras du poteau de Landreau, une nouvelle fois sans réaction.

… Keseru rentre et tire
Il restait 17 minutes mais Nantes n'avait plus d'essence dans les jambes ni de clarté dans ses idées. Son jeu se délita lentement et devint un peu n'importe quoi. Keseru avait remplacé Da Rocha et parfois on voyait Faé en position d'ailier droit. Le jeune Roumain, par deux tirs, coup sur coup, aux 84è et 85è minutes, rappela toutefois qu'il possède certaines qualités. Viveros, lui, avait été bien content de n'écoper d'aucune sanction, même pas un coup franc quand il avait stoppé Moussilou de façon plutôt suspecte, alors qu'il se trouvait en position de dernier défenseur.

B.V.